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Par Alessia De Salis, Artiste-médiatrice @ Island Lake
Une équipe d'Exeko et du Club des petits déjeuners du Canada sont au Nord du Manitoba pour tenir des projets avec des jeunes de trois communautés Oji-Cree @ Island Lake du 2 au 21 mars 2015.
Il y a chez nous un monde qu’on ignore, qu’on met de côté pour mieux continuer, chaque jour de se réveiller, de travailler, de consommer. Une terre ou des vies s’effritent et se frappent chaque jour à une histoire dont nous faisons tous partie. Un peuple qui porte une culture si grande et si belle que nous, jeunes québécois, on oublie ou on ignore. Une relation avec la terre, la nature et la spiritualité à l’image de notre Amérique et de ses différents peuples. Il y a, caché dans la mémoire de nos Aîné.e.s, des histoires qui nous aident à comprendre le monde et la vie. Y mettre le pied, ouvre les yeux, serre le cœur et questionne tout ce qu’on connaît.
Nous débarquons avec notre énergie de bien nourris et notre entrain de vie saine et équilibrée pour partager passion et magie avec les enfants de la communauté. Sans hésitations, ils nous offrent des sourirent troués qu’ils cachent avec leurs petites mains gênées. Ils participent avec émerveillement aux jeux qu’on leur propose. Allez la gang, on brise le ridicule, on court de tout bord tous côtés, on fait des pyramides, des personnages de princesses et on pratique nos skills sur ces drôles de jouets.
- «Where can I buy this?»
- «Probably in Winnipeg?»
Nous sommes fières de voir que la passion se transmet. Que la joie de jouer est contagieuse et qu’ils en redemandent.
(c) Exeko
Le soir venu, c’est dans le bureau de Gladice à l'école que nous avons installé nos matelas. Pas de douche, pas de cuisine à proximité, et dès 8h les professeurs viennent chercher leur café. Difficile de trouver son espace et un moment pour se reposer, pour se recentrer.
Bill, un professeur du Newfoundland nous ouvrent sa porte pour utiliser sa douche. À la queue leuleu nous y allons chacun notre tour. Pendant que Bruno est dans la douche, Bill me partage sa perception de cette réalité dans laquelle il vit depuis maintenant 4 ans. La moitié de la population n’a pas d’eau à la maison. Ils vivent deux familles dans une maison grande comme celle-ci, et lorsqu’ils disent qu’il n'y a rien à manger dans la maison, c’est que le frigidaire est réellement vide. À l’école, les jeunes reçoivent un déjeuner et certains un dîner. Pour eux, ce sera les seuls repas de la journée. Alors comment ils achèteront de nouveau jouets, je me le demande.
(c) Exeko
Je regarde mes caprices, je me questionne sur mon rôle dans toute cette réalité. Bill me raconte l’histoire de Jessica, 14 ans, mère de famille, qui élève son bébé dans une maison où ce n’est pas toujours sécuritaire. Il insiste sur le fait que nous n’avons aucune idée de la réalité de ces jeunes. Mais il dit aussi que cette expérience est sûrement la plus belle chose que Jessica et plusieurs autres vivent depuis longtemps.
(c) Exeko
Aujourd’hui, je retourne avec les jeunes. Je recevrai sourires et câlins, énergie et cris de joie, regard d’admiration et moments privilégiés. Ils sont capable de tout ces enfants, tout survire, tout donner. À travers et contre tout, ces jeunes monterons sur scène avec leurs forces et leurs talents, ils enlèverons leurs petites mains qui cachent leur sourires troués pour mieux se faire applaudir, et moi, je les admire.