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Photo : Kate Ter Haar Texte de : Sofia Ramos
Ce printemps, Exeko a le plaisir d’accompagner quatre artistes montréalaises dans le cadre du programme “Métissages Urbains”. Ayant pour mission de faire de Montréal une ville plus inclusive via la mixité sociale, ce programme permet la rencontre de la médiation intellectuelle et la création artistique. Ainsi, la pensée critique et/ou philosophique se joint à l’acte créatif, ce dernier étant partagé par des personnes en situation ou à risque d’exclusion sociale, ainsi que par les citoyen.ne.s, passant.e.s ou engagé.e.s. Nous remercions l’Arrondissement Ville-Marie pour son appui aux résidences de Patsy Van Roost et Alexandra Pastena.
Quand le non-dit devient visible...
© Marie-Pierre Gadoua @Exeko
Topoésie est un projet artistique de Marie-Claude de Souza, poète nomade à la recherche des “lieux-dits”, des lieux surnommés par leurs usagers contemporains qui par leur nom, témoignent de la créativité, la culture et les habitudes des citoyens s’appropriant l’espace public qu’ils habitent. En cartographiant ces lieux-dits, Marie-Claude rend visible l’environnement symbolique qui nous entoure et qui est en constante métamorphose. À bord de la caravane idAction mobile, Marie-Claude et Marie-Pierre Gadoua, médiateure d’Exeko, cherchent des histoires de rue qui utilisent un vocabulaire géoréférencé à même de révéler un autre regard ainsi qu’une autre expérience de la ville de Montréal.
« On s'est fait raconter les Blocs des Foufs (il y a définitivement 2 lieux distincts qui furent nommés ainsi), le Parc des Foufs, la Dalle (1-2-3), le Squelette, le Château, le Squat de l'Église, le Project, le Tunnel… Autant de lieux que de toponymes et cultures underground, de mémoires, d'histoires, et de mélancolie heureuse à l'évocation d'une jeunesse folle et un peu sauvage. On m'a entre autres raconté "la fois où Me Mom and Morgentaler avait fait un show gratis au Parc Berri"... J'imagine le tableau ! »
- Marie-Pierre Gadoua
Depuis la fin avril et jusqu’à la mi-juin, Marie-Claude et Marie-Pierre vont cartographier les lieux-dits, reconstruisant ainsi un autre imaginaire de la ville.
Une ville inclusive où les trottoirs rendent hommage
© Patsy Van Roost @Exeko
Dans une même perspective d’appropriation de l’espace public, Patsy Van Roost aussi connue comme la Fée du Mile-End, propose de cultiver l’amitié et la tendresse qui habitent déjà les rues de Montréal. À l’aide de phrases imprimés au pochoir dans l’espace public, les participant.e.s peuvent se rendre hommage via des messages qui marquent (temporairement) un territoire avec les histoires et les liens qui les unissent. Pendant le mois de mai, les trottoirs, les bancs, les murs de l’espace public deviennent ainsi un médium d’expression pour chaque individu qui souhaite offrir une pensée à un être aimé.
« Daniel, la première chose qu'il m'a dit c'est qu'il est autochtone, et puis il m'a demandé une craie et il s'est penché pour écrire. Il aime la vie, il s'y accroche... malgré tout. Ses yeux étaient tout plein d'eau quand, après l'avoir remercié pour l'ouverture de son coeur, il m'a dit « J'avais une fenêtre sur mon coeur. Je l'ai enlevée et j'ai mis une porte patio à la place ! ». Merci pour ces rencontres privilégiées Exeko ! »
- Patsy Van Roost
Un champ de 1000 roses éclore cet été
© Maïlis Burgaud @Exeko
Après un long chemin rempli de belles et diverses rencontres, Alexandra Pastena, accompagnée par des médiateur.e.s et des bénévoles d’Exeko depuis février, s’apprête à finir une cueillette de 1000 roses faites à la main par les participant.e.s ! Le projet Roses s’agit donc d’une oeuvre collective où chaque participant.e crée sa propre rose, qui devient par la suite un objet de réflexion sur sa signification en tant que symbole à travers les cultures, ou sur sa relation à la condition de la femme au travers ces différentes cultures. C’est pourquoi ce champ de roses porte aussi une pensée particulière pour les femmes autochtones disparues au Canada. Le champ va fleurir cet été dans l’espace public, restez attentifs !
Murale sonore
© Sofia Ramos @Exeko
Finalement, Isabelle Anguita dirige la co-création d’une murale de 8 pieds x 8 pieds, un assemblage de 81 petits panneaux en bois dont l’ensemble représente une “courtepointe de la paix”. Ornée d’une étoile à 8 branches, cette oeuvre est un hybride de la culture des premières nations, la culture québécoise et celle des nouveaux arrivants. La murale se veut donc un échange en symbole de paix, un échange qui souligne l’importance de l’héritage de la culture autochtone et affirme sa place dans la culture contemporaine du Québec. Chaque participant.e est donc créateur d’un des 81 panneaux, où le processus créatif du choix des couleurs, des images et des mots encouragent la discussion sur ce que la paix pourrait signifier pour chacun.e d’entre elles et eux. La murale sera accompagnée d’un volet sonore avec le mot choisi en signe de paix par chaque participant.e. L’échange entre le savoir autochtone et allochtone est encouragé, comme la prise de conscience de la proximité et de l’hybridité de nos cultures diverses, capable d’engendrer une reconnaissance culturelle et intellectuelle de chaque individu de notre société. Comme un.e participant.e l’a exprimé :
“You make us do something, it’s elevating, it’s what I needed at this point in my life”
La murale, dont la production a débuté avec le mois de mai, sera dévoilée le 21 juin dans un lieu qui sera annoncé prochainement...on a hâte !
Citoyen.ne.s de Montréal, soyez donc attentifs dans les rues ! Vous pourriez être à même de devenir des co-créateur.e.s d’un de ces quatre projets qui oeuvrent pour une ville plus inclusive, créative et réflexive !
Merci à la Ville de Montréal qui soutient les projets Métissages Urbains 2016.