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Qu’est-ce qui caractérise Exeko, si ce n’est l’innovation? Toujours prête aux nouveaux défis, l’équipe s’est lancée dans un projet pilote où IdAction et Trickster marchent non seulement côte-à-côte, mais tentent de métisser leurs approches respectives et de relier leurs démarches. Pour ce faire, aucun repère: la création est présente à chaque instant et une nouvelle page de l’histoire d’Exeko s’écrit en ce moment même sur le terrain.
Marie-Paule d’IdAction donne des ateliers auprès du groupe Amiskw du Centre d'Amitié Autochtone de La Tuque, regroupant des jeunes adultes atikamkw en voie d’intégration au marché du travail ou à un retour aux études. Cyril et Kena de Trickster travaillent avec une vingtaine d’enfants autochtones (sauf un) de 10 à 14 ans au La Tuque High School. Comment faire pour que les deux projets se rapprochent au maximum? Est-ce possible? Tout est à découvrir.
Mais La Tuque et son Centre d’amitié autochtone nous offrent un accueil idéal et fertile pour cette nouvelle aventure. Trickster y était en septembre dernier pour une première collaboration et l’expérience a laissé d’excellents souvenirs à tous. Les intervenantes et animatrices du Centre d’amitié sont passionnées, enthousiastes et très investies dans le projet. Les jeunes sont merveilleux. Les petits du groupe Trickster sont excités à l’idée de faire partie d’un spectacle, soit parce que c’est une deuxième expérience pour eux, ou parce qu’ils ont assisté au premier. Les plus vieux d’Amiskw sont intéressés et intéressants, et ont beaucoup à offrir et plein de potentiel à déployer. L’un d’entre eux a d’ailleurs décidé de faire un stage en accompagnant complètement l’aventure Trickster. Après trois jours, son implication est déjà remarquable. S’il y a une part d’inconnu pour la médiatrice et les artistes-intervenants, tous les ingrédients sont réunis pour vivre le projet en beauté.
Premiers exercices d'initiation pour Trickster (c) Exeko
Mardi le 25 février, l’équipe de trois arrive en fin d’après-midi, trop tard pour rencontrer le groupe d’Amiskw, mais en étant bien attendue au La Tuque High School par les enfants impatients et très heureux de retrouver Cyril qui y était en septembre. À peine débarqués, on se lance dans des exercices dans le pur esprit de Trickster, connus par la majorité des enfants. L’atelier est plus court, l’idée est tout simplement de plonger. Laurianne, Mélanie et Karine du Centre d’amitié sont présentes et partagent leurs attentes face au projet. Dana, l’intervenante d’Amiskw, prend de son propre temps pour rencontrer Marie-Paule et s’assurer que tout est arrimé pour débuter les ateliers IdAction dès le lendemain en début d’après-midi. Ensuite, l’équipe prend ses quartiers au centre-ville de La Tuque, à un pas du Centre d’Amitié et appréhende le mercredi, première vraie journée du projet.
Pratique du Cup Song à Trickster (c) Exeko
Dans l’esprit de collaboration qui anime celui-ci, Cyril et Kena assistent donc à la première partie de l’atelier d’IdAction. Porteur de l’énergie Trickster, leur présence dynamise l’atelier avec le groupe Amiskw. Ces jeunes se connaissent très bien, mais on prend le temps de placer l’espace IdAction (inclusion, égalité des intelligences, respect, écoute, la recherche et non la performance) et de se présenter les uns aux autres, en partageant une de ses caractéristiques, quelque chose qu’on aime et quelque chose qui nous révolte. La discrimination, le racisme et l’injustice sont au centre des préoccupations de tous. Le groupe sait qu’il évoluera en parallèle de la création du spectacle Trickster, proposant des thèmes et un conte, analysant le projet et prêtant main forte à la production éventuellement. Pour ce premier atelier, on aborde donc l’idée des préjugés, du multiculturalisme et des perceptions. Celles qu’on a des autres, de soi et celles qu’on croit que les autres ont de soi. On se penche sur l’Egypte, très éloignée pour le groupe, et qui nous permet par la bande d’aborder le Printemps arabe et érable… On parle de la différence entre identité individuelle et culturelle, de l’auto-discrimination, du moyen de modifier ses perceptions, de l’importance d’apprendre à connaître avant de juger et que parfois, pointer le racisme est un acte de racisme en soi. Le groupe ne manque pas d’idées à proposer aux enfants pour le spectacle!
Préparation d'un atelier IdAction avec Amiskw au Centre d'amitié autochtone (c) Exeko
Pour le premier vrai atelier de Trickster, l’enjeu est principalement de créer des liens, de rassembler, se découvrir, apprendre à jouer ensemble, à s’exprimer et à s’écouter. À travers différents jeux et des initiations au théâtre et au cirque, les enfants développent une multitude de compétences. Ils apprennent à jongler ou s’y perfectionnent, et font le jeu du miroir, approche élémentaire pour le jeu scénique qui développe la concentration et l’écoute. La pratique du «Cup Song» s’avère aussi inévitable, bien connue de tous. Avec la présence de Kena, comédienne, Trickster prend une tendance un peu plus théâtre, au bonheur des enfants habités par un grand enthousiasme et une fébrilité à l’idée du spectacle. Marie-Paule rejoint le groupe à la mi-temps, s’amuse avec eux et aide à le rassembler, tout en cherchant à susciter le questionnement chez les enfants dès que l’occasion se présente à travers les rires et l’excitation. Le groupe est fort de la présence de trois stagiaires, deux anciens participants de Trickster et le participant d’Amiskw, qui comprennent parfaitement les visées de Trickster, qui aident à régulariser le groupe et qui alimentent la création. Leur présence est précieuse et leur apport inestimable.
Jeu du miroir à Trickster. Qui mène? (c) Exeko
Le jeudi, du côté d’IdAction-Amiskw, on parle d’art et changement social, en se demandant à quoi sert l’art et en faisant des distinctions entre l’art pour l’art, l’art thérapie, l’art activiste et l’art communautaire en passant par de nombreux exemples qui feront à nouveau voyager le groupe. Théâtre de l’opprimé, street art, art de crise en Espagne, photos à Gaza, sensibilisation-choc à la protection des animaux, les Impatients, un slam de Natasha Kanapé Fontaine, le documentaire l’Erreur boréale et l’ATSA (permettant d’aborder les mêmes questions qu’à l’automne dans d’autres ateliers IdAction et le phénomène de l’itinérance) sont au menu, mais on écoute aussi la vidéo de soutien à Idle No More réalisée par le Centre d’amitié à La Tuque l’an passé. Le groupe trouve que l’art est partout, qu’il a un impact sur le monde et comprend bien le projet Trickster. De leur côté, les enfants continuent l’apprentissage de soi et des autres dans l’espace de création, l’autonomie et l’autogestion du groupe, et au-delà du plaisir, Kena et Cyril miroitent le pourquoi de chaque exercice, et en discutent avec les enfants. Les stagiaires s’affirment de plus en plus comme leaders, et proposent de parler du pow-wow dans le spectacle, désireux de transmettre des traditions. En théâtre, Kena propose l’exercice «Vie et mort de la chèvre» qui permet d’expérimenter physiquement la narration d’une histoire, de voir comment chacun la décline, touchant sans y paraître aux grands thèmes de la condition humaine. Toutefois, l’heure n’est pas encore à la réflexion mais surtout à installer une base qui permettra aux enfants et à la création de s’épanouir.
Question type d'IdAction: À quoi ça sert l'art? (c) Exeko
Trois petits jours, déjà tout ça, et tant de possibles en vue, tant de chemins à trouver et à inventer. À suivre!!!
"Vie et mort de la chèvre" à Trickster (c) Exeko
Pour en savoir plus : exeko.org/trickster + exeko.org/idaction