Wemotaci : de l'identité individuelle à l'identité d'une communauté

Wemotaci : de l'identité individuelle à l'identité d'une communauté

Par Dorothée de Collasson, chargée de projet et médiatrice

 

Déjà quelques semaines se sont écoulées depuis le retour de notre trio, parti vivre une aventure pleine de rencontres, de sourires, d’éclosions, mais aussi de défis et d’apprentissages mutuels. Aujourd’hui, j’ai envie de partager quelques bribes de cette semaine idAction, de cette épopée humaine dans la communauté Atikamekw de Wemotaci.

 

Vivre avant tout l’instant présent

Samedi 14 mars, après des heures de route pour nous rendre à la communauté, nous quittons la grand route pour emprunter la 125, route de forêt qui relie La Tuque à Wemotaci. La nuit est tombée et des flocons parsèment le ciel. Frédéric Péloquin, Daniel Blémur (mes co-équipiers) et moi sommes absorbés, tous à la construction de notre semaine, que nous souhaitons placer sous le thême de l’identité. Il faudra un jeune orignal galopant devant notre auto et un coup de frein in extremis pour nous mettre dans le véritable bain de la semaine : ici, et maintenant.

 

Un fil conducteur : l’identité

Période charnière entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence regorge de bien des mystères. Fascinante, déroutante, elle est l’instant où se forge les caractères, les identités. Celui où la chenille se contorsionne dans son cocon pour s’extraire et déployer ses ailes de papillon. Parfois avec un peu de difficulté, chacun à son allure, et avec bien des obstacles. Nous avions choisi pour trame de la semaine la thématique de l’identité. Celle que l’on montre ou celle que l’on fantasme, identité individuelle, perçue, collective, identité d’un lieu, d’un groupe, d’un peuple, vastes sont les pistes, et les perches à saisir.

(C) Exeko

Identité individuelle : face visible, face cachée

Lundi, nous rencontrons les jeunes de l’école secondaire de Nikanik pour la première fois. Le moment est intimidant des deux bords. Plusieurs groupes ont été rassemblés, et c’est devant une douzaine de jeunes et leurs professeurs que Daniel, Fred et moi offrons au groupe de venir écrire autour de chacun de nous ce qu’il perçoit de nous sans nous connaitre, ce qu’il pense que nous sommes. Peu de volontaires. Nous demandons ensuite aux jeunes de se présenter à nous en réalisant chacun 4 photomatons. 4 facettes de leurs personnalités. L’exercice est ludique, et nos jeunes participants se prêtent au jeu. La timidité, bien présente dans les rangs, nous sert de tremplin vers une discussion improvisée autour de la posture, des signes de la gène. Mardi, c’est avec un atelier plus brassant que nous poursuivons, visant à illustrer l’influence parfois destructrice de la vie sur la construction de notre identité, et l’importance de l’entraide dans la survie de cette identité éprouvée. L’expérience est psychologiquement marquante, mais également  éprouvante tant pour nous médiateurs que pour les jeunes, chez qui elle exige l’exercice d’une distance critique aiguisée.  

(c) Exeko

 

L’importance de l’identité collective

De fil en aiguille, on chemine vers l’importance du groupe, la reconnaissance d’une identité collective. C’est en théâtre forum que Fred et Daniel franchissent la porte de la classe, le mercredi matin. Joueur étoile de hockey, talentueux mais très individualiste, Fred (alias Ben) décroche rires ou huées, avec son chandail des Bruins de Boston. Face à lui Dan (alias son coach), tente en vain de le convaincre de jouer d’avantage en équipe. Amusés, les jeunes construisent un véritable argumentaire au coach, prennent part au jeu, verbalisent le caractère indispensable de s’écouter, de s’autoriser des échecs pour autant que l’on est une équipe soudée qui regarde dans la même direction. La matinée s’achêve de façon très ludique, teintée de jeux Trickster qui viennent illustrer par l’expérience l’importance du travail de groupe, l’écoute et la confiance. Ben est né, et restera un allié invisible, un clin d’œil tacite tout au long de la semaine.  

(c) Exeko

A la découverte de Wemotaci

Hébergés par l’épatante Clode Jalette, ancienne stagiaire d’Exeko qui travaille désormais à la Maison des Jeunes, épaulés par les habitants de Wemotaci, nous commençons à nous repérer dans la communauté. Pourtant, c’est guidés par notre groupe du secondaire que nous recevons la plus belle des visites : cherchant à définir l’identité de Wemotaci, nous questionnons le groupe sur les lieux les plus drôles, terrifiants, beaux, laids, magiques de la communauté. Le groupe s’active : après un consensus autour de 4 lieux, les anecdotes fusent, les feuilles se noircissent de plans, les instructions détaillées pleuvent. Nous partons tous trois à la découverte de ces lieux qui leurs sont chers, et leur revenons le lendemain chargés de photos du Belvédère, de l’ancienne Réserve, du Bonichoix et de la passerelle. Plusieurs écrivent des textes sur ces lieux, l’un est mis en théâtre-image. Le fil se tient, et on découvre chaque jour de nouveaux talents dans les rangs.  

L'ancienne réserve - lieu le plus épeurant selon les jeunes (c) Exeko

« Avec »

N’est ce pas le propre du programme idAction que d’être le prétexte à la rencontre de points de vue, à l’apprentissage mutuel, au développement de la pensée critique ou de l’analyse sociale ? Quel beau défi que l’apprivoisement mutuel d’un groupe tout au long d’une semaine… Si la semaine a commencé casquettes ou capuches rabattues jusqu’au bout du nez, écouteurs vissés dans les oreilles, bras croisés, chaise balancée pour plusieurs de nos jeunes compagnons, c’est avec fascination qu’on assiste à la prise de parole, au redressement du corps, à l’éclairement des visages, à la participation physique tout au long de la semaine. Une bonne leçon : ne pas chercher à aller contre, à imposer, mais aller avec. Les jeunes sont des miroirs des émotions que nous leur proposons. Un reflet peut éblouir comme il peut illuminer. Faire confiance, écouter les envies, appuyer les initiatives, confier son appareil photo, respecter les dynamiques, accompagner sous la table, imiter, jouer le jeu, mais surtout dérouter, déstabiliser, surprendre, toujours et à chaque instant. La dernière journée arrivée, nous invitons chaque jeune à se prêter à l’exercice du premier jour, au tableau. Cette fois la participation est très soutenue, chacun reçoit le regard des autres, à travers des mots des plus valorisants. Après une semaine de travail ensemble, voilà ce que je retiens de toi.  

Fred et Onézime (c) Exeko

Faire avec, ça se passe aussi et plus que tout au sein d’une équipe de travail. C’est travailler dans une telle synergie que d’un regard on sait dans quelles eaux un collègue navigue, et on lui laisse avec toute sa confiance le gouvernail. C’est respecter les dynamiques, miser sur les forces de chacun, pour offrir ensemble le meilleur aux participants, c’est donner de l’attention maximale, mais aussi reconnaître les échecs, rebondir, changer le fusil d’épaule et réajuster le tir.  C’est partager ses peines, ses questions, ses appréhensions. C’est donner des high five à tour de bras, et se laisser charmer par le talent de ses collègues.

Chez Exeko, nous baptisons ces projets des « intensifs ».  

(c) Exeko

Découvrez l'ensemble des photos du projet sur notre compte Flickr!

Sous la responsabilité de la coordination générale, sous la supervision du responsable des partenariats et en étroite collaboration avec l’équipe...

 

 

En ce mois national de l'histoire autochtone, Exeko souhaite contribuer à faire connaître l’histoire des...

On cherche un.e étudiant.e collégial en analyse de données et en gestion de l’information qui a le souci du détail, qui voudrait développer son...

Nous recherchons une personne afin d'offrir un soutien à la coordination de la gestion administrative et les membres de l’organisation....

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • «  I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost. »

    Participant @PACQ

  • « Why use paper when it is as beautiful as this? »

    One of the co-creator for Métissage Urbain

  • « I Have my own identity ! »

    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain

  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects

  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability.  »

    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal

  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists.  »

    Julie Laloire @AMDI

  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged. »

    Bulletin des YMCA

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • « ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community. »

    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future

  • « We are not higher, we are not lower, we are equal. »

    Simeoni, participant idAction Mobile

  • « Receving is good, but giving is better »

    Participant idAction@Kanesatake

  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery »

    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle

  • «  I don't know everything, but while reading it, it always bring me one step closer »

    A participant, idAction Mobile

  • «  By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • «  ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • «  I was completely alone today, thanks for talking to me »

    Elie, participant @idAction Mobile

  • «  They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • «  Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself. »

    André Frossard

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged.»
    Bulletin des YMCA
  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists. »
    Julie Laloire @AMDI
  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability. »
    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal
  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent!»
    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects
  • « I Have my own identity !»
    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain
  • « Why use paper when it is as beautiful as this?»
    One of the co-creator for Métissage Urbain
  • « I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost.»
    Participant @PACQ
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself.»
    André Frossard
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « We are not higher, we are not lower, we are equal.»
    Simeoni, participant idAction Mobile
  • « I was completely alone today, thanks for talking to me»
    Elie, participant @idAction Mobile
  • « Receving is good, but giving is better»
    Participant idAction@Kanesatake
  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery»
    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle
  • «  ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News
  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community.»
    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future
  • « ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News