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Par Maxime Belliard, agent de projet
Si on s’intéresse de près aux définitions des mots « Espace », « Public » et « Privé » , on discerne mal ce que ces concepts veulent dire au quotidien. Ça sonne théorique, et c’est loin d’être poétique. Pourtant…
Dans le cadre des résidences artistiques à bord d’idAction Mobile, Emily Laliberté invite les participants à s’exprimer sur la question de l’espace. « Est-ce qu’il y a un lieu dans l’espace public qui revêt pour toi un caractère privé? » Point d’interrogation. La discussion est lancée, commence ici la première étape du projet.
Si on doit parler d’étapes, la deuxième se résumerait à la création de cartes postales. Le recto, représentant la photographie du lieu par l’artiste, à laquelle se mêle un portrait du participant. Le verso, quand à lui, serait alors une place pour le témoignage écrit, audio ou vidéo. Chaque côté de la carte correspondant alors eux aussi à un espace délimité. (Celui de l’expression personnelle). Toutefois, Emily se montre ouverte à repenser avec le participant le concept de la carte.
La troisième et dernière phase de création s’intéresse d’avantage à la mixité sociale. Une fois la carte créée, elle est redonnée en plusieurs exemplaires au principal intéressé qui lui-même, dans un but de partage et en vue de poursuivre la discussion, redistribuera la carte aux passants qui sont libres de continuer la chaine.
Espace public / espace privé (C) Exeko
Ça c’est pour la partie description du projet. L’autre, c’est la partie réalisation et ce qu’il se dit dans la rue ou dans les métros. La première exploration urbaine a donc été ponctuée d’échanges, parfois étonnant mais toujours emprunts d’un enthousiasme débordant pour le sujet. En témoigne l’illustration de R. à propos de son espace privé : l’intérieur de son cœur. Ou encore celle de M. qui se revoit en homme libre chassant le phoque sur la banquise, lieu qu’il fait sien (son territoire de chasse) autant qu’il le considère comme appartenant à tous. Peu importe l’espace, peu importe sa taille ou son origine, l’essentiel de cette réflexion s’articule autour de l’appropriation. Lors de la seconde sortie, nous découvrons encore de nouvelles conceptions de l'espace, et demandons aux participants comment ils les imageraient. Ainsi, Emily pourra tenter de restituer visuellement selon les souhaits des participants leurs représentations de l'espace: pour D., L'espace privé serait un ciel nocturne, l'espace public un ciel ensoleillé. Pour K., l'opposition se fait entre cité et nature... Les définitions illustrées vont bon train.
Dans le fond ce qu’il y a de poétique avec ce projet, c’est que si, comme un timbre, un participant décide de rester dans son coin il a l’occasion de faire le tour du monde. Et ce grâce à vous! Alors maintenant si au cours de vos pérégrinations montréalaises on vous tend une carte postale, vous savez quoi faire…