Chants de gorge et tambour sacré : la finale du Musée Mobile

En mars dernier se terminait la résidence artistique Savoirs Partagés à bord de idAction mobile. Réalisée par les médiateurs Marie-Pierre Gadoua et Mathieu Riel, cette résidence a porté des objets autochtones du Musée McCord dans les rues de Montréal, au Centre d’amitié autochtone (CAAM) et au refuge du Projets Autochtones du Québec (PAQ), afin de recueillir les savoirs des participants à leur égard. Des femmes et des hommes des Premières Nations, Métis et Inuit, des jeunes et des moins jeunes ont ainsi raconté leurs versions de l’histoire de ces objets, comment ils sont fabriqués et utilisés, leurs significations d’hier et d’aujourd’hui. Nous avons eu droit également à des versions personnalisées de ces histoires d’objets, une chance inouïe pour nous d’avoir une idée de toute la richesse des perspectives, expériences de vie et mémoires individuelles des participants.

Le musée mobile a fait plusieurs arrêts en novembre et décembre derniers, durant lesquels deux cinéastes/documentaristes de profession et bénévoles pour ce projet, Évangéline De Pas et James Galwey ont filmé des extraits des témoignages. Des capsules vidéo ont été produites et mises en ligne afin de partager les savoirs des participants avec le grand public. L’équipe a également produit un film (vidéo ci-dessous) à partir de ces capsules, en y ajoutant aussi des éléments culturels immatériels : des chants de gorge inuit et des chants/rythmes de tambour enregistrés lors d’une soirée culturelle au CAAM.  

 

Savoirs Partagés, le film sur YouTube (12 minutes)

Les percussionnistes du CAAM se réunissent toutes les semaines (le mercredi soir) afin de partager leur art et leur savoir-faire avec le public. Le public en question étant surtout formé de la communauté autochtone de Montréal, nous trouvions qu’il était important d’utiliser notre résidence artistique afin de faire entendre ces prestations à une population plus large. C’est donc avec le consentement (et l’enthousiasme) des percussionnistes que notre musée mobile fut agrémenté de chants de tambours inspirés de diverses traditions culturelles des Premières Nations.

Afin de compléter le tableau, il nous fallait aussi des traditions immatérielles inuit. Le chant de gorge des Inuit du Nunavik, appelé katajjaniq, est venu ajouter cette touche au projet, et ce grâce à la générosité et au talent de deux jeunes femmes de Kuujjuaq et Inukjuak, Nancy Saunders et Pauyungie Nutaraaluk.  

Tournage du film au CAAM (c) Exeko

Le film a été présenté officiellement au Musée McCord le 23 mars dernier, devant un public formé des employés et guides de l’institution culturelle. L’objectif était de transmettre les savoirs recueillis lors de cette résidence artistique aux gens travaillant au Musée, afin qu’ils les transmettent à leur tour aux futurs visiteurs. Cette présentation finale n’aurait su être complète sans la présence de participants. Quatre des percussionnistes du CAAM ont accepté notre invitation à venir partager leurs chants et leurs savoirs à propos du tambour : Joey et Lava, deux Inuit de Kuujjuaq, Fred, de la nation Anishnabe du Lac Simon et Samuel de la nation Pipil du Salvador.

« Le tambour est fabriqué par les femmes, et est donné par ces dernières aux hommes afin qu’ils y canalisent leur énergie. Les femmes ne peuvent pas se joindre à eux dans ce type de chants, puisque l’énergie féminine est trop puissante, au point où elle en serait dangereuse. Les femmes restent donc autour des hommes quand ils battent le tambour. Elles les encadrent, les encouragent » - Fred

« Le bâton que je tiens, quand il descend sur le tambour, il représente l’éclair. Le « boum » que vous entendez alors, c’est le tonnerre. Et le double « boum » qui rythme nos chants, c’est le cœur de la Terre Mère qui bat » - Joey

Les percussionnistes ont pris soin de suivre le rituel de disposition de feuilles de tabac sur le tambour, aux quatre directions (Nord, Sud, Est, Ouest), accompagné de prières de traditions autochtones. Les coups de bâtons firent sauter le tabac dans les airs, le firent danser au rythme des chanteurs, s’éparpillant ensuite dans l’air et sur le sol. À la fin de la présentation, les percussionnistes ont emballé le tambour avec soin, puis ramassé méticuleusement les feuilles de tabac. Fred expliqua spontanément à l’auditoire la raison de ce geste : il ne faut jamais jeter le tabac, car il est sacré. On le ramasse, et on ira le remettre à la Terre, au pied d’un arbre, selon un rituel précis.  

La présentation finale au Musée McCord (c) Exeko

En sortant du McCord cet après-midi là, j’ai suivi Samuel qui avait été désigné par le groupe pour disposer du tabac. Le premier arbre que nous avons croisé, un brave petit arbre planté au milieu du béton du centre-ville, a eu l’honneur de recevoir ce don. Samuel y a récité une prière et a entouré l’arbre de ses bras.

Savoirs Partagés ne pouvait pas mieux se terminer. Des chants sacrés, du tabac qui retourne à la terre, en offrande à cet arbre qui vit courageusement dans le bitume de la ville. Je ne peux m’empêcher de sourire en faisant une analogie entre cet arbre et les participants de idAction mobile. Ils nous ont tant donné durant cette résidence artistique, et ce geste de retour envers cet arbre qui pousse derrière le Musée McCord est comme un clin d’œil de remerciement et gratitude à leur égard.

Nakurmiik, Miigwetch, thank you, merci à tous pour cette belle aventure. 

 

Pour en savoir plus, les autres articles de blogue sur la résidence artistique Savoir Partagées :

- Musée Mobile, ou la quête des savoirs partagés (novembre 2014)

- Le premier arrêt du Musée Mobile (novembre 2014)

Chants de gorge et tambour sacré : la finale du Musée Mobile

En mars dernier se terminait la résidence artistique Savoirs Partagés à bord de idAction mobile. Réalisée par les médiateurs Marie-Pierre Gadoua et Mathieu Riel, cette résidence a porté des objets autochtones du Musée McCord dans les rues de Montréal, au Centre d’amitié autochtone (CAAM) et au refuge du Projets Autochtones du Québec (PAQ), afin de recueillir les savoirs des participants à leur égard. Des femmes et des hommes des Premières Nations, Métis et Inuit, des jeunes et des moins jeunes ont ainsi raconté leurs versions de l’histoire de ces objets, comment ils sont fabriqués et utilisés, leurs significations d’hier et d’aujourd’hui. Nous avons eu droit également à des versions personnalisées de ces histoires d’objets, une chance inouïe pour nous d’avoir une idée de toute la richesse des perspectives, expériences de vie et mémoires individuelles des participants.

Le musée mobile a fait plusieurs arrêts en novembre et décembre derniers, durant lesquels deux cinéastes/documentaristes de profession et bénévoles pour ce projet, Évangéline De Pas et James Galwey ont filmé des extraits des témoignages. Des capsules vidéo ont été produites et mises en ligne afin de partager les savoirs des participants avec le grand public. L’équipe a également produit un film (vidéo ci-dessous) à partir de ces capsules, en y ajoutant aussi des éléments culturels immatériels : des chants de gorge inuit et des chants/rythmes de tambour enregistrés lors d’une soirée culturelle au CAAM.  

 

Savoirs Partagés, le film sur YouTube (12 minutes)

Les percussionnistes du CAAM se réunissent toutes les semaines (le mercredi soir) afin de partager leur art et leur savoir-faire avec le public. Le public en question étant surtout formé de la communauté autochtone de Montréal, nous trouvions qu’il était important d’utiliser notre résidence artistique afin de faire entendre ces prestations à une population plus large. C’est donc avec le consentement (et l’enthousiasme) des percussionnistes que notre musée mobile fut agrémenté de chants de tambours inspirés de diverses traditions culturelles des Premières Nations.

Afin de compléter le tableau, il nous fallait aussi des traditions immatérielles inuit. Le chant de gorge des Inuit du Nunavik, appelé katajjaniq, est venu ajouter cette touche au projet, et ce grâce à la générosité et au talent de deux jeunes femmes de Kuujjuaq et Inukjuak, Nancy Saunders et Pauyungie Nutaraaluk.  

Tournage du film au CAAM (c) Exeko

Le film a été présenté officiellement au Musée McCord le 23 mars dernier, devant un public formé des employés et guides de l’institution culturelle. L’objectif était de transmettre les savoirs recueillis lors de cette résidence artistique aux gens travaillant au Musée, afin qu’ils les transmettent à leur tour aux futurs visiteurs. Cette présentation finale n’aurait su être complète sans la présence de participants. Quatre des percussionnistes du CAAM ont accepté notre invitation à venir partager leurs chants et leurs savoirs à propos du tambour : Joey et Lava, deux Inuit de Kuujjuaq, Fred, de la nation Anishnabe du Lac Simon et Samuel de la nation Pipil du Salvador.

« Le tambour est fabriqué par les femmes, et est donné par ces dernières aux hommes afin qu’ils y canalisent leur énergie. Les femmes ne peuvent pas se joindre à eux dans ce type de chants, puisque l’énergie féminine est trop puissante, au point où elle en serait dangereuse. Les femmes restent donc autour des hommes quand ils battent le tambour. Elles les encadrent, les encouragent » - Fred

« Le bâton que je tiens, quand il descend sur le tambour, il représente l’éclair. Le « boum » que vous entendez alors, c’est le tonnerre. Et le double « boum » qui rythme nos chants, c’est le cœur de la Terre Mère qui bat » - Joey

Les percussionnistes ont pris soin de suivre le rituel de disposition de feuilles de tabac sur le tambour, aux quatre directions (Nord, Sud, Est, Ouest), accompagné de prières de traditions autochtones. Les coups de bâtons firent sauter le tabac dans les airs, le firent danser au rythme des chanteurs, s’éparpillant ensuite dans l’air et sur le sol. À la fin de la présentation, les percussionnistes ont emballé le tambour avec soin, puis ramassé méticuleusement les feuilles de tabac. Fred expliqua spontanément à l’auditoire la raison de ce geste : il ne faut jamais jeter le tabac, car il est sacré. On le ramasse, et on ira le remettre à la Terre, au pied d’un arbre, selon un rituel précis.  

La présentation finale au Musée McCord (c) Exeko

En sortant du McCord cet après-midi là, j’ai suivi Samuel qui avait été désigné par le groupe pour disposer du tabac. Le premier arbre que nous avons croisé, un brave petit arbre planté au milieu du béton du centre-ville, a eu l’honneur de recevoir ce don. Samuel y a récité une prière et a entouré l’arbre de ses bras.

Savoirs Partagés ne pouvait pas mieux se terminer. Des chants sacrés, du tabac qui retourne à la terre, en offrande à cet arbre qui vit courageusement dans le bitume de la ville. Je ne peux m’empêcher de sourire en faisant une analogie entre cet arbre et les participants de idAction mobile. Ils nous ont tant donné durant cette résidence artistique, et ce geste de retour envers cet arbre qui pousse derrière le Musée McCord est comme un clin d’œil de remerciement et gratitude à leur égard.

Nakurmiik, Miigwetch, thank you, merci à tous pour cette belle aventure. 

 

Pour en savoir plus, les autres articles de blogue sur la résidence artistique Savoir Partagées :

- Musée Mobile, ou la quête des savoirs partagés (novembre 2014)

- Le premier arrêt du Musée Mobile (novembre 2014)

Chants de gorge et tambour sacré : la finale du Musée Mobile

En mars dernier se terminait la résidence artistique Savoirs Partagés à bord de idAction mobile. Réalisée par les médiateurs Marie-Pierre Gadoua et Mathieu Riel, cette résidence a porté des objets autochtones du Musée McCord dans les rues de Montréal, au Centre d’amitié autochtone (CAAM) et au refuge du Projets Autochtones du Québec (PAQ), afin de recueillir les savoirs des participants à leur égard. Des femmes et des hommes des Premières Nations, Métis et Inuit, des jeunes et des moins jeunes ont ainsi raconté leurs versions de l’histoire de ces objets, comment ils sont fabriqués et utilisés, leurs significations d’hier et d’aujourd’hui. Nous avons eu droit également à des versions personnalisées de ces histoires d’objets, une chance inouïe pour nous d’avoir une idée de toute la richesse des perspectives, expériences de vie et mémoires individuelles des participants.

Le musée mobile a fait plusieurs arrêts en novembre et décembre derniers, durant lesquels deux cinéastes/documentaristes de profession et bénévoles pour ce projet, Évangéline De Pas et James Galwey ont filmé des extraits des témoignages. Des capsules vidéo ont été produites et mises en ligne afin de partager les savoirs des participants avec le grand public. L’équipe a également produit un film (vidéo ci-dessous) à partir de ces capsules, en y ajoutant aussi des éléments culturels immatériels : des chants de gorge inuit et des chants/rythmes de tambour enregistrés lors d’une soirée culturelle au CAAM.  

 

Savoirs Partagés, le film sur YouTube (12 minutes)

Les percussionnistes du CAAM se réunissent toutes les semaines (le mercredi soir) afin de partager leur art et leur savoir-faire avec le public. Le public en question étant surtout formé de la communauté autochtone de Montréal, nous trouvions qu’il était important d’utiliser notre résidence artistique afin de faire entendre ces prestations à une population plus large. C’est donc avec le consentement (et l’enthousiasme) des percussionnistes que notre musée mobile fut agrémenté de chants de tambours inspirés de diverses traditions culturelles des Premières Nations.

Afin de compléter le tableau, il nous fallait aussi des traditions immatérielles inuit. Le chant de gorge des Inuit du Nunavik, appelé katajjaniq, est venu ajouter cette touche au projet, et ce grâce à la générosité et au talent de deux jeunes femmes de Kuujjuaq et Inukjuak, Nancy Saunders et Pauyungie Nutaraaluk.  

Tournage du film au CAAM (c) Exeko

Le film a été présenté officiellement au Musée McCord le 23 mars dernier, devant un public formé des employés et guides de l’institution culturelle. L’objectif était de transmettre les savoirs recueillis lors de cette résidence artistique aux gens travaillant au Musée, afin qu’ils les transmettent à leur tour aux futurs visiteurs. Cette présentation finale n’aurait su être complète sans la présence de participants. Quatre des percussionnistes du CAAM ont accepté notre invitation à venir partager leurs chants et leurs savoirs à propos du tambour : Joey et Lava, deux Inuit de Kuujjuaq, Fred, de la nation Anishnabe du Lac Simon et Samuel de la nation Pipil du Salvador.

« Le tambour est fabriqué par les femmes, et est donné par ces dernières aux hommes afin qu’ils y canalisent leur énergie. Les femmes ne peuvent pas se joindre à eux dans ce type de chants, puisque l’énergie féminine est trop puissante, au point où elle en serait dangereuse. Les femmes restent donc autour des hommes quand ils battent le tambour. Elles les encadrent, les encouragent » - Fred

« Le bâton que je tiens, quand il descend sur le tambour, il représente l’éclair. Le « boum » que vous entendez alors, c’est le tonnerre. Et le double « boum » qui rythme nos chants, c’est le cœur de la Terre Mère qui bat » - Joey

Les percussionnistes ont pris soin de suivre le rituel de disposition de feuilles de tabac sur le tambour, aux quatre directions (Nord, Sud, Est, Ouest), accompagné de prières de traditions autochtones. Les coups de bâtons firent sauter le tabac dans les airs, le firent danser au rythme des chanteurs, s’éparpillant ensuite dans l’air et sur le sol. À la fin de la présentation, les percussionnistes ont emballé le tambour avec soin, puis ramassé méticuleusement les feuilles de tabac. Fred expliqua spontanément à l’auditoire la raison de ce geste : il ne faut jamais jeter le tabac, car il est sacré. On le ramasse, et on ira le remettre à la Terre, au pied d’un arbre, selon un rituel précis.  

La présentation finale au Musée McCord (c) Exeko

En sortant du McCord cet après-midi là, j’ai suivi Samuel qui avait été désigné par le groupe pour disposer du tabac. Le premier arbre que nous avons croisé, un brave petit arbre planté au milieu du béton du centre-ville, a eu l’honneur de recevoir ce don. Samuel y a récité une prière et a entouré l’arbre de ses bras.

Savoirs Partagés ne pouvait pas mieux se terminer. Des chants sacrés, du tabac qui retourne à la terre, en offrande à cet arbre qui vit courageusement dans le bitume de la ville. Je ne peux m’empêcher de sourire en faisant une analogie entre cet arbre et les participants de idAction mobile. Ils nous ont tant donné durant cette résidence artistique, et ce geste de retour envers cet arbre qui pousse derrière le Musée McCord est comme un clin d’œil de remerciement et gratitude à leur égard.

Nakurmiik, Miigwetch, thank you, merci à tous pour cette belle aventure. 

 

Pour en savoir plus, les autres articles de blogue sur la résidence artistique Savoir Partagées :

- Musée Mobile, ou la quête des savoirs partagés (novembre 2014)

- Le premier arrêt du Musée Mobile (novembre 2014)

Wemotaci : de l'identité individuelle à l'identité d'une communauté

Par Dorothée de Collasson, chargée de projet et médiatrice

 

Déjà quelques semaines se sont écoulées depuis le retour de notre trio, parti vivre une aventure pleine de rencontres, de sourires, d’éclosions, mais aussi de défis et d’apprentissages mutuels. Aujourd’hui, j’ai envie de partager quelques bribes de cette semaine idAction, de cette épopée humaine dans la communauté Atikamekw de Wemotaci.

 

Vivre avant tout l’instant présent

Samedi 14 mars, après des heures de route pour nous rendre à la communauté, nous quittons la grand route pour emprunter la 125, route de forêt qui relie La Tuque à Wemotaci. La nuit est tombée et des flocons parsèment le ciel. Frédéric Péloquin, Daniel Blémur (mes co-équipiers) et moi sommes absorbés, tous à la construction de notre semaine, que nous souhaitons placer sous le thême de l’identité. Il faudra un jeune orignal galopant devant notre auto et un coup de frein in extremis pour nous mettre dans le véritable bain de la semaine : ici, et maintenant.

 

Un fil conducteur : l’identité

Période charnière entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence regorge de bien des mystères. Fascinante, déroutante, elle est l’instant où se forge les caractères, les identités. Celui où la chenille se contorsionne dans son cocon pour s’extraire et déployer ses ailes de papillon. Parfois avec un peu de difficulté, chacun à son allure, et avec bien des obstacles. Nous avions choisi pour trame de la semaine la thématique de l’identité. Celle que l’on montre ou celle que l’on fantasme, identité individuelle, perçue, collective, identité d’un lieu, d’un groupe, d’un peuple, vastes sont les pistes, et les perches à saisir.

(C) Exeko

Identité individuelle : face visible, face cachée

Lundi, nous rencontrons les jeunes de l’école secondaire de Nikanik pour la première fois. Le moment est intimidant des deux bords. Plusieurs groupes ont été rassemblés, et c’est devant une douzaine de jeunes et leurs professeurs que Daniel, Fred et moi offrons au groupe de venir écrire autour de chacun de nous ce qu’il perçoit de nous sans nous connaitre, ce qu’il pense que nous sommes. Peu de volontaires. Nous demandons ensuite aux jeunes de se présenter à nous en réalisant chacun 4 photomatons. 4 facettes de leurs personnalités. L’exercice est ludique, et nos jeunes participants se prêtent au jeu. La timidité, bien présente dans les rangs, nous sert de tremplin vers une discussion improvisée autour de la posture, des signes de la gène. Mardi, c’est avec un atelier plus brassant que nous poursuivons, visant à illustrer l’influence parfois destructrice de la vie sur la construction de notre identité, et l’importance de l’entraide dans la survie de cette identité éprouvée. L’expérience est psychologiquement marquante, mais également  éprouvante tant pour nous médiateurs que pour les jeunes, chez qui elle exige l’exercice d’une distance critique aiguisée.  

(c) Exeko

 

L’importance de l’identité collective

De fil en aiguille, on chemine vers l’importance du groupe, la reconnaissance d’une identité collective. C’est en théâtre forum que Fred et Daniel franchissent la porte de la classe, le mercredi matin. Joueur étoile de hockey, talentueux mais très individualiste, Fred (alias Ben) décroche rires ou huées, avec son chandail des Bruins de Boston. Face à lui Dan (alias son coach), tente en vain de le convaincre de jouer d’avantage en équipe. Amusés, les jeunes construisent un véritable argumentaire au coach, prennent part au jeu, verbalisent le caractère indispensable de s’écouter, de s’autoriser des échecs pour autant que l’on est une équipe soudée qui regarde dans la même direction. La matinée s’achêve de façon très ludique, teintée de jeux Trickster qui viennent illustrer par l’expérience l’importance du travail de groupe, l’écoute et la confiance. Ben est né, et restera un allié invisible, un clin d’œil tacite tout au long de la semaine.  

(c) Exeko

A la découverte de Wemotaci

Hébergés par l’épatante Clode Jalette, ancienne stagiaire d’Exeko qui travaille désormais à la Maison des Jeunes, épaulés par les habitants de Wemotaci, nous commençons à nous repérer dans la communauté. Pourtant, c’est guidés par notre groupe du secondaire que nous recevons la plus belle des visites : cherchant à définir l’identité de Wemotaci, nous questionnons le groupe sur les lieux les plus drôles, terrifiants, beaux, laids, magiques de la communauté. Le groupe s’active : après un consensus autour de 4 lieux, les anecdotes fusent, les feuilles se noircissent de plans, les instructions détaillées pleuvent. Nous partons tous trois à la découverte de ces lieux qui leurs sont chers, et leur revenons le lendemain chargés de photos du Belvédère, de l’ancienne Réserve, du Bonichoix et de la passerelle. Plusieurs écrivent des textes sur ces lieux, l’un est mis en théâtre-image. Le fil se tient, et on découvre chaque jour de nouveaux talents dans les rangs.  

L'ancienne réserve - lieu le plus épeurant selon les jeunes (c) Exeko

« Avec »

N’est ce pas le propre du programme idAction que d’être le prétexte à la rencontre de points de vue, à l’apprentissage mutuel, au développement de la pensée critique ou de l’analyse sociale ? Quel beau défi que l’apprivoisement mutuel d’un groupe tout au long d’une semaine… Si la semaine a commencé casquettes ou capuches rabattues jusqu’au bout du nez, écouteurs vissés dans les oreilles, bras croisés, chaise balancée pour plusieurs de nos jeunes compagnons, c’est avec fascination qu’on assiste à la prise de parole, au redressement du corps, à l’éclairement des visages, à la participation physique tout au long de la semaine. Une bonne leçon : ne pas chercher à aller contre, à imposer, mais aller avec. Les jeunes sont des miroirs des émotions que nous leur proposons. Un reflet peut éblouir comme il peut illuminer. Faire confiance, écouter les envies, appuyer les initiatives, confier son appareil photo, respecter les dynamiques, accompagner sous la table, imiter, jouer le jeu, mais surtout dérouter, déstabiliser, surprendre, toujours et à chaque instant. La dernière journée arrivée, nous invitons chaque jeune à se prêter à l’exercice du premier jour, au tableau. Cette fois la participation est très soutenue, chacun reçoit le regard des autres, à travers des mots des plus valorisants. Après une semaine de travail ensemble, voilà ce que je retiens de toi.  

Fred et Onézime (c) Exeko

Faire avec, ça se passe aussi et plus que tout au sein d’une équipe de travail. C’est travailler dans une telle synergie que d’un regard on sait dans quelles eaux un collègue navigue, et on lui laisse avec toute sa confiance le gouvernail. C’est respecter les dynamiques, miser sur les forces de chacun, pour offrir ensemble le meilleur aux participants, c’est donner de l’attention maximale, mais aussi reconnaître les échecs, rebondir, changer le fusil d’épaule et réajuster le tir.  C’est partager ses peines, ses questions, ses appréhensions. C’est donner des high five à tour de bras, et se laisser charmer par le talent de ses collègues.

Chez Exeko, nous baptisons ces projets des « intensifs ».  

(c) Exeko

Découvrez l'ensemble des photos du projet sur notre compte Flickr!

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En ce mois national de l'histoire autochtone, Exeko souhaite contribuer à faire connaître l’histoire des...

On cherche un.e étudiant.e collégial en analyse de données et en gestion de l’information qui a le souci du détail, qui voudrait développer son...

Nous recherchons une personne afin d'offrir un soutien à la coordination de la gestion administrative et les membres de l’organisation....

Nous recherchons une personne afin d’assurer le développement, la planification, le déploiement et le suivi de nos projets de médiation et...

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • «  I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost. »

    Participant @PACQ

  • « Why use paper when it is as beautiful as this? »

    One of the co-creator for Métissage Urbain

  • « I Have my own identity ! »

    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain

  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects

  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability.  »

    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal

  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists.  »

    Julie Laloire @AMDI

  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged. »

    Bulletin des YMCA

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • « ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community. »

    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future

  • « We are not higher, we are not lower, we are equal. »

    Simeoni, participant idAction Mobile

  • « Receving is good, but giving is better »

    Participant idAction@Kanesatake

  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery »

    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle

  • «  I don't know everything, but while reading it, it always bring me one step closer »

    A participant, idAction Mobile

  • «  By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • «  ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • «  I was completely alone today, thanks for talking to me »

    Elie, participant @idAction Mobile

  • «  They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • «  Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself. »

    André Frossard

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged.»
    Bulletin des YMCA
  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists. »
    Julie Laloire @AMDI
  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability. »
    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal
  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent!»
    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects
  • « I Have my own identity !»
    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain
  • « Why use paper when it is as beautiful as this?»
    One of the co-creator for Métissage Urbain
  • « I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost.»
    Participant @PACQ
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself.»
    André Frossard
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « We are not higher, we are not lower, we are equal.»
    Simeoni, participant idAction Mobile
  • « I was completely alone today, thanks for talking to me»
    Elie, participant @idAction Mobile
  • « Receving is good, but giving is better»
    Participant idAction@Kanesatake
  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery»
    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle
  • «  ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News
  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community.»
    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future
  • « ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News