Un article co-rédigé par Frédérique Lévesque et Ducakis Désinat.
Ducakis : Dans l’article précèdent, nous avions mis l’emphase sur le décor, l’ambiance, la vie qui règne dans les parcs de Côtes-des-Neiges, et la manière dont ces éléments ont orienté nos ateliers et nourri nos réflexions sur la question de la médiation dans un contexte de diversités culturelles. Selon toi, à la suite de nos sorties à l’organisme Club Ami, c’est quoi les éléments qui ressortent?
Frédérique : Suite à nos discussions, j’ai vraiment retenu une différence importante entre un milieu de vie ordinaire tels que les parcs, et une organisation, qu’elle soit communautaire, publique ou privée. Il y a des règles dans ce type d’organisation, des codes de conduite ou tout simplement des heures d’ouverture et de fermeture. Cela modifie, selon ce que j’ai pu comprendre, l’attitude du.de la médiateur.médiatrice, qui prend alors conscience du contentieux de la relation, potentiellement plus présent dans ce type d’endroit : il.elle peut, inconsciemment ou consciemment, représenter l’institution ou l’organisation dans lequel il.elle (le médiateur.la médiatrice) propose les ateliers.
Par ailleurs, interagir en tant que professionnel dans ces types d’environnement peut être particulièrement délicat puisque le dénominateur commun qui réunit les gens de Club Ami c’est avant tout, le vécu avec des difficultés liées à la santé mentale. Bref, j’observe que le rôle et la sensibilité du.de la médiateur.médiatrice se trouvent changés dans ce contexte. Par exemple, on peut penser à une place plus grande accordée à la vulnérabilité et à la sincérité chez le.la médiateur.médiatrice, pour susciter une réciprocité avec les participants, et ainsi se détourner de l’habituel “service offert” que suggère ce type d’organisation, bien que ce soit ici une grande généralisation.
Quant à l’interculturalité, c’est la même chose. Comme tout, c’est un concept dynamique qui communique avec le contexte. Une organisation comme Club Ami attire des gens qui souhaitent discuter, échanger et s’amuser en groupe. Ils sont là pour être ensemble, la plupart du temps. Cette envie de rencontre émane en partie des points communs à travers l’expérience vécue des enjeux de santé mentale, de la marginalisation des membres de Club Ami. On assiste ici à des défis particuliers lies à ce contexte : un langage distinct, peut-être pourrait-on aller jusqu’à parler d’une culture à part? A Club Ami, l’interculturalité est certainement présente, à la croisée des parcours et origines diverses des participants : rappelons que Club Ami est situé dans le quartier pluriethnique de Côte-des-Neiges. Toutefois, le point commun de Club Ami et de toute organisation qui oriente ses actions autour d’un enjeu précis ou en regard d’un besoin précis c’est d’offrir un service au-delà de l’appareillage identitaire. Cependant, nous voyons très bien que dans le contexte d’un organisme dans un milieu de vie comme Côtes-des-Neiges, l’interculturel est toujours présent, sans qu’on ait besoin de le nommer.
Ducakis : Oui! Je suis tout à fait d’accord avec toi, il y a définitivement une différence entre le décor et le déroulement des activités dans les milieux de vie ordinaires comme les parcs, les coins de rue et stations de métro, etc. Comme tu l’as mentionné ci-haut, la structure institutionnelle d’un organisme précède la médiation et Exeko. C’est souvent un défi pour moi, médiateur, de ne plier au mode de fonctionnement de l’institution. En effet, il est très facile de s’appuyer sur les assises institutionnelles existantes. Cependant, il m’apparait impératif, par respect pour notre mission, de se garder de ne pas tomber dans la facilité, il faut se démarquer en terrain étranger.
Concernant le second point, l’interculturalité, je crois qu’on aura l’occasion d’y revenir en long et en large dans le reste de l’article. Je voudrais prendre quelques lignes ici pour parler un peu de ce que j’ai perçu comme ambiance à Club Ami, qui comporte similitudes et disparités par rapport aux milieux ordinaires. Cette dimension peut potentiellement nourrir notre réflexion sur le rapport à l’autre et la diversité culturelle, comme ce fut le cas avec nos ateliers dans les parcs. Je connais assez bien le terrain et la clientèle de Club Ami, pour avoir déjà travaillé comme intervenant. Par conséquent, je n’étais pas surpris du dynamisme entre les participants lors de nos ateliers ou de leur intelligence, leur sensibilité. C’est la norme là-bas! Cependant, il y a deux choses qui me paraissent importantes et qu’il faut mentionner, c’est d’abord la réaffirmation de l’accueil et de la familiarité comme deux dimensions centrales de la médiation dans ce contexte de diversité à différents niveaux. Dès notre arrivée à Club Ami, on est tout de suite projeté dans le tourbillon de la vie de l’organisme. Bien plus que le.la médiateur.médiatrice, les bénévoles sont vite appropriés, sollicités par les personnes fréquentant Club Ami. Après quelques minutes, je vous vois déjà en pleine discussion avec les gens, vous retenez les noms, vous servez les participants (café, jus, matériel…). Bref, lancés dans la mêlée, vous êtes immédiatement partie prenante de la vie de l’organisme.
Le second point concerne une réflexion que j’ai eu a posteriori sur la thématique de notre atelier de médiation; la perception des citoyens de Côtes-des-Neiges vis-à-vis des transformations de l’environnement physique de leur quartier. Le hasard fait rarement mal les choses, car on arrivait sur place avec cet atelier en tête, alors que l’organisme lui-même venait de subir les coups de cette transformation de quartier. Club Ami est localisé depuis des années au 5ème étage du 6767 Chemin de la Côte-des-Neiges. À notre arrivée les bureaux venaient d’être délocalisés au 6ème et dernier étage de l’immeuble, pour des raisons de travaux de revitalisation majeure. Assis dans les nouveaux locaux, avec une vue surplombant le quartier, on pouvait constater les travaux de “modernisation” de la Plaza Côte-des-Neiges. On ne pouvait manquer, aussi, de voir se pointer à l’horizon les silhouettes géantes de l’escadron de nouveaux immeubles à condos, qui, jour après jour enclavaient le quartier. La table était mise pour parler de transformations urbaines, dans un quartier où on a l’impression qu’il existe un fossé entre la vision de la planification territoriale des autorités municipales, et la vision de ceux et celles qui vivent au quotidien le poids de ces transformations.
Frédérique : Passer par un autre chemin que la rencontre interculturelle comme objectif premier peut alors être un avantage à faire de la médiation dans des organisations comme Club Ami, pour contourner certains aspects du culturalisme (par exemple l’imposition de thématiques stéréotypées en fonction des communautés culturelles, la folklorisation des cultures, etc.). Comment à ce moment-là ne pas tomber dans l’invisibilisation des cultures des participants au profit du commun ?
Ducakis : Je l’ai déjà dit ailleurs, je crois, mais la nature de notre travail fait en sorte que nous devons constamment aller vers l’autre, nous sommes toujours en terrain étranger (même lors des arrêts routiniers). Confrontés aux aléas de l’humeur de nos participants, des soucis qui les traversent quotidiennement, de leur vécu et expérience, il est impossible de faire fi de ces choses-là dans nos interactions, de leurs différences culturelles ou autres, mais aussi de ce qu’on partage avec eux. En ce sens, je serais d’avis qu’il existe une tension dans le travail qu’on fait, entre une reconnaissance ou rappel à outrance des différences de l’autre, glissant vers les stéréotypes, les préjuges, (un excès de culturalisme par exemple) et une pseudo indifférence (invisibilisation des culture) face à la différence de l’autre. Cette dernière peut prendre plusieurs formes; “color blindness” ou toutes autres types de phobies discriminantes. Ces deux attitudes proviennent d’une seule et même attitude; l’incapacité d’entretenir de véritables relations. Pour éviter l’une ou l’autre de ces attitudes, il s’agit, pour le.la médiateur.médiatrice ou toute autre personne sensible à ces enjeux, de trouver le ton juste pour construire les relations, et je crois que l’expérience de la médiation à Club Ami et dans Côtes-des-Neiges en général peuvent encore une fois nourrir nos réflexions en ce sens.
Je me rappelle lors de notre premier atelier, l’ambiance cacophonique qui régnait dans la grande salle où se passait notre activité, les rires, la musique faisait en sorte qu’on avait beaucoup de difficulté à s’entendre parler. Par témérité, que sais-je, on a quand même insisté pour garder le format mini-cercle de discussion, avec la vie qui grouillait bruyamment autour de nous. Représentant la mosaïque culturelle du quartier, on avait autour de la table des personnes venant d’Europe, des Antilles, d’Afrique, un afro-canadien, un membre de la communauté juive de Montréal... Avec le bruit qui persistait et les échanges devenant donc de plus en plus difficiles, il fallait répéter à plusieurs reprises les questions de nos discussions, souvent les participants et participantes ne retenaient que quelques bribes des réponses des autres. Bref le flop total. On a tenu jusqu’au bout, on avait nos deux heures. C’est en réécoutant l’enregistrement de notre conversation quelques jours plus tard que j’ai remarqué quelque chose d’exceptionnel. Le bruit, la barrière des langues, les accents, l’incapacité de vraiment saisir les enjeux n’ont finalement jamais vraiment constitué un obstacle à la discussion. Parce qu’ils le voulaient bien, nos participants et participantes ont su trouver leur propre voix ou canal de communication. Ainsi, ils s’accrochèrent à un mot, un bout phrase qu’un de leurs voisins avait prononcé et renchérissaient avec leurs propres idées et réponses. Ce qui pour un regard extérieur s’apparenterait à un dialogue de sourd, constituait en fait un espace d’échanges et d’expressions, un lieu où la parole est libérée.
Au-delà de l’anecdotique, ce moment vécu à Club Ami peut nous servir de rappel de ce qui importe dans les contextes où les structures institutionnelles, les apparentes différences ou même les aléas de la vie semblent se présenter comme des obstacles à une véritable rencontre de l’autre. Pour ces gens, ce qui importe c’est d’être fidèle à soi, c’est l’authenticité dans les relations. Le bruit, les accents, les parcours de vie, les trajets migratoires, les diverses langues croyances et coutumes ne les ont jamais empêchés d’exprimer leur point de vue. Malgré les obstacles apparents de communication, ils partagèrent un commun; une inquiétude face aux transformations dans leur quartier.
Frédérique : À la lumière de ce que tu viens de dire, je pense que définitivement, Club Ami est une belle porte d’entrée pour réfléchir la perspective anti-culturaliste dans la médiation, puisque les gens s’y côtoient en lien avec des enjeux quotidiens liés à la santé mentale, et non pas dans le but direct d’une rencontre entre cultures (même si cela ne serait pas de facto une mauvaise chose). Au fil du temps, des liens se forment, parsemés de tensions et d’échanges interculturels. Les quiproquos de langages à travers l’anglais et le français que t’as soulevés permettent de constater que souvent, c’est le terrain lui-même, et les gens qui le rendent vivant, qui nous donnent l’opportunité d’aller au-delà du culturalisme.
Cette illustration de ce moment est la preuve que chacun est, oui, porteur d’une culture et de ses particularités inhérentes qui s’expriment dans les interactions interculturelles, mais que l’échange entre les personnes peut tout à fait aller au-delà de ça, et l’inclure à la fois. Je trouve intéressant de voir que dans certains contextes, le.la médiateur.médiatrice n’est pas obligé.e d’imposer une langue, ce qui serait fait en utilisant par exemple le principe de la majorité et de la minorité dans un groupe. Dans ce cas-ci, il n’y a pas eu non plus de présupposé, qui aurait été par exemple de traduire chacune des interventions avant même que cela n’ait été demandé supposant donc que tel participant ou telle participante ne comprend pas l’anglais. Plutôt le soin fut laissé aux participants et participantes, de s’approprier la discussion à leur manière. Il y a eu une décision de relâcher le contrôle de la médiation, suivit d’une réflexion et d’une discussion sur les impacts positifs ou négatifs qui en sont ressortis. Cet exemple est plus ou moins directement lié au culturalisme, mais les concepts sous-jacents à cette situation permettent certainement d’aller dans le même sens que la perspective anti-culturaliste : ne pas imposer ses savoirs, ne pas imposer ses préjugés, prendre le temps de reconnaître les univers culturels des personnes autour de la table avant de les supposer.
Club Ami est aussi un rappel criant du fait qu’il ne faut pas entendre la culture dans le sens usé, fermé et statique du terme, mais plutôt au sens large, inclusif et dynamique. Par exemple, à Club Ami, on pourrait dire qu’il existe une culture en soi, diversifiée en elle-même, autour de la santé mentale, tout comme il peut exister une culture dans le monde de l’itinérance ou dans un milieu de travail. Concevoir la culture comme un concept inclusif en soi permet d’ailleurs de dépasser le culturalisme, d’aller au-delà du déterminisme culturel et de voir dans la culture autre chose qu’un facteur d’exclusion ou d’inclusion dans une société d’accueil. Avoir cela en tête permet certainement un équilibre entre les parcours de vie de chacun et les bagages culturels.
Parenthèse : le culturalisme dans la médiation...
Le culturalisme dans la pratique de la médiation serait, selon plusieurs discussions et lectures qui m’amènent à le proposer comme tel, un mélange entre des préjugés et des stéréotypes, qui prennent corps dans la pratique par une assignation sociale, une imposition (pensons ici à des étiquettes sociales, par exemple : “toi, tu viens de cette culture-là, donc tu es comme ça”). Viendrait ensuite une réduction des caractéristiques et de la personnalité d’un individu à quelques traits grossiers et souvent faux, c’est-à-dire une essentialisation culturelle de la personne.
Le culturalisme dans la pratique, c’est aussi voir la culture comme facteur d’exclusion, comme un problème lorsqu’elle appartient au “Eux”, et à l’inverse un facteur d’inclusion, une solution lorsqu’elle appartient au “Nous”. Cela rappelle le principe de l’ethnocentrisme (voir sa propre culture comme la meilleure, la bonne). Tout le poids du parcours difficile de la personne, migrante par exemple, devient alors culturel, au sens limité et rigide du terme, alors que plusieurs facteurs d’inclusion et d’exclusion existent dans la société et sont liés à la culture au sens large, au sexe, à l’âge, etc., comme le témoignent les participants et participantes des ateliers d’Exeko.
N’oublions pas que nous avons cependant tous et toutes des préjugés, des précompréhensions, des attentes et anticipations en tête avant d’entrer en contact avec les autres sur le terrain, et qui peuvent d’ailleurs en être issu. Ce qui différencie cet univers d’anticipations, par rapport au culturalisme, c’est le travail effectué à partir de celui-ci. Ainsi, le médiateur et la médiatrice peuvent se confronter au terrain, à l’expérience et à sa diversité inhérente. Ensuite, à travers une éthique telle que celle d’Exeko, à savoir la présomption de l’égalité des intelligences et la suspension des préjugés, ces précompréhensions et préjugés peuvent être mis entre parenthèses, puis transformés en regard d’expériences relationnelles concrètes.
Le problème survient lorsque les préjugés et stéréotypes résistent au temps et au terrain, à la diversité des individus porteurs de leurs cultures à leur façon selon le concept de l’identité culturelle. Le problème, c’est lorsque les chocs culturels ne sont pas récupérés pour une transformation des conceptions personnelles. Le culturalisme dans la pratique est une épine dans le pied qui contrevient aux objectifs d’inter-reconnaissance et de lutte contre le racisme dans ses formes les plus diffuses.
Fin de la parenthèse !
Parfois, la médiation chez Exeko nous amène le privilège d’avoir des discussions riches, de faire des apprentissages entre collègues suite à des ateliers particuliers, à des camps de leadership dans certaines communautés autochtones ou à des consultations auprès des personnes en situation d’itinérance... Ces apprentissages sur les cultures sous toutes leurs formes et dans leurs complexités quotidiennes servent évidemment à maîtriser une perspective anti-culturaliste dans la pratique. Mais comment lier la perspective anti-culturaliste à ce qui peut être considéré de privilège d’accès culturel ?
Selon ce que j’ai pu retirer des discussions avec les médiateurs et les médiatrices, il s’agirait surtout de ne rien imposer. Ne pas s’imposer soi-même et ne pas imposer son savoir, acquis scolairement ou à travers la pratique. En effet, le contexte interculturel héberge souvent une bonne dose d’inconfort, d’ailleurs parfois dû aux privilèges, inconfort qu’il faut certainement cultiver pour évoluer dans la pratique de la médiation. Dans certaines situations, peut-être pour gérer cet inconfort, il peut être intéressant de se retirer, de regarder ce qui se passe et d’invisibiliser, temporairement du moins, nos connaissances.
De l’autre côté, en contexte interculturel, j’entends souvent qu’il faut “expliciter nos évidences”, en tant qu’organisme, mais aussi en tant que personne, en tant que médiateur.médiatrice, que bénévole. Encore une fois et dans une perspective anti-culturaliste, l’idée est de ne pas prendre pour acquis que l’appartenance culturelle projetée correspond à des pratiques et à des savoirs culturels XYZ. Être dans l’ouverture, le questionnement et savoir doser le partage de connaissances culturelles acquises et leurs poids respectifs, font partie de l’équation pour évaluer l’enjeu du privilège d’accès culturel.
Examiner ses privilèges, c’est aussi les mobiliser. Dans des contextes particuliers de réappropriation culturelle, comme c’est le cas dans plusieurs communautés autochtones au Québec et au Canada actuellement, il peut être intéressant pour les personnes de la communauté et pour le.la médiateur.médiatrice de partager les expériences et apprentissages culturels de chacun, autour des langues, de l’histoire, de l’art et des cérémonies autochtones, par exemple. Il faut ici nuancer : bien qu’il existe un privilège véritable d’accès culturel pour les médiateurs, par exemple, il y a aussi des accès culturels privilégiés chez les participants aux ateliers qui baignent, vivent et participent à leur propre culture quotidiennement, et qui sont donc dans une posture susceptible d’en apprendre beaucoup à d’autres, en relation interculturelle. Cela peut générer des échanges interculturels riches, des partages d’interprétations diversifiées et cela participe à concevoir la culture comme quelque chose de dynamique et de relationnel, bien qu’elle ait aussi sa part d’histoires et de traditions.
Ducakis : Je crois qu’il faut questionner ou tout au moins relativiser cette posture de “privilégié culturel ou intellectuel”. Il est évident qu’on a la chance de travailler dans un contexte très particulier, d’échanges et de foisonnement intellectuels. Cependant, comme tout champ de savoir, notre “culture” ou nos “savoirs” ou “ compétences” comportent leurs propres limites. Confronté à d’autres champs de savoirs, de discours ou d’imaginaires, ce privilège qui nait de l’accès à UNE conception de la culture s’estompe bien souvent.
Il en va de même pour la question de l’appropriation culturelle dans un contexte d’interculturalité. A mon avis, posséder une connaissance dans un domaine et savoir comment le partager est un fondement des compétences interculturelles, je dirais même que c’est dans le domaine du savoir-vivre. Par conséquent, ne pas partager un savoir, ne pas intervenir dans un contexte ou ne pas échanger sur un sujet afin d’éviter une posture de “privilégié”, c’est aller à l’encontre même de la mission d’émancipation intellectuelle chère à Exeko. Comme nous le rappellent les membres de Club Ami, échanger, discuter, dialoguer, rire, malgré les barrières institutionnelles ou symboliques, c’est le premier pas vers l’accomplissement de vraies rencontres. À vrai dire, dans mon travail, ce qui constitue le vrai défi, c’est de trouver la stratégie la plus efficiente pour ménager de véritables espaces de parole.
------------------
Cet article ne se veut pas une définition de la perspective anti-culturaliste en médiation. Plutôt, Ducakis et Frédérique proposent une réflexion sur le concept du culturalisme et certaines manières pressenties de le dépasser dans la pratique. Il s’agit surtout d’un article pour générer la réflexion sur le sujet.
Merci spécial à William-Jacomo Beauchemin qui a approfondi la réflexion par des discussions, et a amené des enjeux à examiner.