Exeko x Club des petits déjeuners @ Island Lake

Exeko et le Club des petits déjeuners du Canada seront au Nord du Manitoba pour tenir des projets avec des jeunes de 3 communautés Oji-Cree @ Island Lake du 2 au 21 mars 2015. Alessia De Salis, artiste-médiatrice pour le projet nous a écrit un petit mot en direct de Saint Theresa Point!
Par Alessia De Salis @ Island Lake

Départ pour Island Lake. Bruno, Cathia et moi même nous rencontrons à l’aéroport de Montréal pour le grand départ. Au total, 15 bagages. Pourtant, Cathia n’a pas caché son mari dans sa valise, Bruno n’emmène pas le Labo Crack Boom au grand complet…..Bref, des combines en mérinos et des bobettes… Le reste…de l’équipement de jonglerie et de la bouffe pour 3 semaines! BOUM pour 1000 kilos sur 4 chariots trainés par 3 médiateurs!

Départ pour le Costa Rica dernier appel…non, cette aventure c’est vers Island Lake!

Une nuit à Winnipeg, et le jour suivant, un mini-avion de Perimeter Airlines  nous accueille, avec Tobby comme agent de bord. Difficile de se concentrer pour donner les conseils de sécurité quand les deux médiatrices applaudissent à tout ce qu’il dit. Par le hublot, une étendue de blanc suivit d’une forêt sans fin de conifères, encore entouré de tout ce blanc. Bruno, Cathia et moi, en route vers une place qu’on appel Island Lake.  Premier arrêt; Saint-Theresa Point.

(c) Exeko

 

Tout de suite en sortant de l’avion, nous tombons face à face avec un très charmant hélicoptère. Par chance, le lift pour Saint-Theresa se trouve à Winnipeg, ce qui donne l’occasion aux deux médiatrices de quêter un tour d’hélicoptère à Jeff, le pilote. Il ne suffit que de demander, et les voilà à 100 mêtres au dessus de cette place magique et encore inconnu. C’est un premier contact aérien avec cet immense lac gelé qui encadre les îles et ouvre les routes de glace entre les communautés.  De retour à l’aéroport, Cornélius nous accueille pour nous reconduire dans cette magnifique petite maison ou nous dormirons à 5 dans un salon.   

 

 

(c) Exeko

Puis, Freddy, un homme au cœur immense qui tient la sagesse dans ses mots, nous raconte son amour pour sa communauté et sa culture. Il partage les besoins de celle-ci avant humilité et humanité. Émus et transportés par cette rencontre, nous réalisons lentement que cette aventure sera plus belle et plus grande que toute attente.  Le même soir, il nous invites pour une balade nocturne sur la route de glace, une route sur un lac, faite en glace ou les voitures peuvent rouler d’une communauté à l’autre. Au milieu du lac, au milieu de la route, une aurore boréale illumine le ciel et les yeux des médiateurs.

 

(c) Exeko

 

Jour 1 à l’école secondaire de Saint-Theresa Point. Une liste de 40 étudiants inscrits pour le projet. Un souvenir du dernier projet @ Garden Hill en 2013 oû le grand nombre d’inscriptions avait dupé les médiateurs qui s’étaient retrouvés avec un beaucoup plus petit groupe. Aller pour le tour des classes et le recrutement des participants.  L’atelier débute avec un total de 51 étudiants. Le local déborde de sourires et d’énergie. Les jeunes participent avec entrain. Nous sommes remplis et subjugués par cette ouverture et cet engagement. Des jeux de Samourai à la princesse, les jeunes sont prêts à tout.  Dans un circuit de jonglerie ils expérimentent les différentes disciplines. À la fin de l’atelier, un petit retour avec un immense groupe. Nous ne trouvons qu’une seule chose à dire :

« Merci. On a hâte à demain! »

Merci au Club des petits déjeuners du Canada et à la Winnipeg Foundation (Edward Dock Fund) pour leur soutien dans le cadre de ce projet.

Découvrez le programme Trickster ici ---> exeko.org/trickster

 

Le lieutenant-gouverneur et les philosophes de la rue de la Commune

Le lieutenant-gouverneur du Québec et les philosophes de la rue de la Commune Récit d’un baptême de feu d’un apprenti-médiateur

Par Arnaud Theurillat-Cloutier

 

Mercredi 18 février 2015, 8h55, Café À propos, Vieux-Montréal.

Je me prépare à plonger (enfin !) dans l’univers de la médiation intellectuelle. Après bientôt deux ans à en avoir entendu parler, un cycle complet de réflexions avec le Groupe de recherche en objectivités sociales (GROS) sur cette pratique et une formation intensive de deux jours avec Exeko, voilà, mon heure a sonné : fini le confort des livres, bienvenue dans l’épaisseur du réel.

J’ai rendez-vous avec Laurel et Hardy (Max et Daniel) pour préparer notre atelier. Bon, d’accord, l’analogie est boiteuse : Daniel est certes grand, mais à mille lieues d’avoir une once de gras. (En réalité, avec sa carrure si frêle, j’ai souvent eu peur qu’il ne s’expose dangereusement à la tempête, comme les arbres qui, trop ambitieux, ne cessent de vouloir s’élever vers le ciel et risquent ainsi de se casser au moindre coup de vent. Mais, après y avoir bien réfléchi, je ne m’inquiète pas pour Daniel, car le surplus de Hardy, il en a plein la tête et il peut apaiser toute tempête en deux ou trois répliques, si ce n’est deux ou trois mimiques.) Mais disons pour aujourd’hui que l’analogie en vaut la chandelle : Max est plus petit que Daniel et, tous les deux, ils forment un duo d’enfer drôlement philosophique.

Laurel (Max) arrive le premier. Il me met au parfum. « La semaine dernière, on a discuté de l’influence et des relations sociales. Cette semaine, on voudrait poursuivre sur cette lancée en abordant la thématique du regard et du portrait dans leurs liens avec la question de l’influence. » Je le vois déjà qui bout d’enthousiasme en me racontant les scènes de théâtre improvisées la semaine d’avant pour illustrer la question de l’influence sociale. Celui-là avait fait la grand-mère de l’autre, celui-ci avait joué Elvis, etc. Non non, ce n’était pas un vaudeville, mais bien la construction d’un objet qui allait dégager une profonde réflexion collective. Pour aujourd’hui, Laurel, de ses paluches d’artisan, n’avait pas cette fois-ci bricolé une presse, une plieuse, une table ou un livre relié, mais avait taillé un atelier philosophique. Alors qu’il me parle du portrait, je sens qu’il voit l’horizon infini de la pensée s’ouvrir sous ses yeux. Il se met à invoquer les prédications de Sartre sur notre constitution par le regard des autres et la bonne parole de Lévinas sur la visitation du visage de l’autre. Il faut arrêter cette machine infernale, me dis-je ! Sinon nous serons en retard !

Heureusement, apparaît enfin Hardy. Ouf ! Il arrive à temps ! Il nous présente son plan. Après une présentation de quelques peintures et photos pour engager la discussion, l’idée générale serait d’inviter les gens à écrire le portrait d’un de leur camarade avec des mots-images ou des phrases-images. Hardy nous avoue que c’est sa lecture du dernier bouquin d’Alessandro Baricco (Mr. Gwyn) qui lui a inspiré cette idée de faire des portraits littéraires. Puis, la deuxième étape consisterait à écrire une sorte de méta-portrait à partir du premier portrait écrit. Enfin, à la lecture de ces méta-portraits, le groupe devrait deviner de qui il s’agit. Pour boucler la boucle, l’atelier se terminerait sur une discussion à propos de l’influence des portraits dans la société. Ça, c’était le plan. Je pense encore à Nadia lors de la formation : conduire un atelier, c’est d’abord apprendre à négocier le « virage dix sous ». Je ne m’attendais pas à en prendre tout un en cette matinée plutôt tranquille…

Il faut partir. On nous attend. Clärli, agente de projet chez Exeko, nous rejoindra là-bas. Avant de partir, Max me lance comme ça : « Ah oui, pis, avant que j’oublie, on aura la visite du lieutenant-gouverneur aujourd’hui. » Daniel confirme l’information, mais leur sourire en coin me laisse dubitatif. Curieusement, si je ne me laisse pas facilement embobiner dans les débats politiques ou philosophiques, j’ai une fâcheuse tendance à être un peu « poisson » lorsqu’il s’agit d’anecdotes ou d’histoires de la vie courante. Intérieurement, dans le silence de ma conscience, je lutte contre moi-même : « Cette fois-ci, je ne me ferai pas avoir. » Conclusion : je n’y crois pas un seul instant, et le caractère expéditif de cette annonce, alors que nous sommes sur le seuil de la porte, renforce mon intime conviction. Après tout, qui croirait Laurel et Hardy ?  

Le ping-pong conceptuel semble bien huilé dans le groupe. On s’écoute, on propose des affirmations, on y répond, on s’oppose.

À l’Accueil Bonneau, tout se passe très vite. Je rencontre Mélanie, qui travaille là et a, entre autres choses, ouvert la salle des arts dans ce centre, mais aussi Olivier, Georges, Marcel, PA, Jean-Guy et bien d’autres. Nous prenons place autour d’une grande table dans la salle des arts. Nous ne sommes pas encore beaucoup, mais petit à petit, plusieurs personnes se joignent à la discussion. Au pic, nous serons une bonne dizaine.

Daniel enlève son costume de Hardy pour enfiler celui de Bianca (historienne de l’art). Il nous présente quelques étapes marquantes dans l’évolution du portrait. Un autoportrait présumé (L’homme au turban rouge - voir ci-dessous) du peintre flamand Jan van Eyck, un portrait de Marie-Antoinette, qui fait bien marrer la gang. On se fascine pour un des portraits d’Arcimboldo, ceux avec les visages composés de fruits et de légumes. Certains suggèrent une thèse : On est ce que l’on mange. Théorie audacieuse, entre autres déjà défendue par le philosophe allemand Feuerbach ! Mais il nous faudrait des jours pour épuiser ce débat, et ce n’est pas l’enjeu principal de notre réflexion aujourd’hui. Ce n’était pas dans le plan et pas forcément un bon « virage dix sous » non plus.  

Jan van Eyck, L’homme au turban rouge (1433) Source : Wikimedia (c) The National Gallery, London

Alors, nous passons à quelques photos. Une première en noir et blanc représente un homme à genoux, le dos contre le mur et les mains attachées. Le philosophe Olivier, à ma droite, l’œil aguerri, suggère que cela pourrait être une photo pour une pub d’une grande marque de vêtements pour homme. L’observation est incroyablement juste : approbation générale. Mais il sait bien que ce n’est pas vraiment l’objet de la photo. En un éclair, n’ayant même jamais vu la photo, le philosophe Tony, qui est apparu entre-temps à ma gauche, s’exclame : « C’est un condamné à mort. » Daniel, le visage ébaubi, en tombe des nues. Personne n’avait encore eu le temps d’ouvrir les paupières que le philosophe Tony avait déjà décodé le langage pictural. Daniel confirme qu’il s’agit bel et bien d’un condamné à mort, mais pire que cela : il s’agit de la première photo prise d’un condamné dans le couloir de la mort aux États-Unis, aux alentours de 1865.

La discussion se poursuit sur les portraits de nobles, la démocratisation du portrait aux classes populaires et sur la transformation de la peinture suite à l’arrivée de la photographie. Nous passons à l’autoportrait de Cézanne, puis au portrait d’une femme réalisée par Modigliani, enfin à l’autoportrait de Paul Klee (voir ci-dessous), qui fait beaucoup jaser et suscite plusieurs interprétations solidement argumentées. On se demande pourquoi sa bouche est quasiment absente, ses yeux si exorbitants, pourquoi il semble être un assemblage de pièces, voire même un buste détaché d’un corps. Les thèses fusent, le débat est lancé : représentation fidèle, expressivité, caricature, exagération, accentuation, rupture artistique, etc. Le ping-pong conceptuel semble bien huilé dans le groupe. On s’écoute, on propose des affirmations, on y répond, on s’oppose. Les débats de l’Assemblée nationale auraient beaucoup à apprendre de l’écoute et de la rigueur intellectuelle des philosophes de la rue de la Commune.  

Paul Klee, Head of a Man (1922) Source : allpaintings.org (c) Art & Design Museums Basel

Enfin, nous arrivons au grand Picasso, avec son autoportrait de 1972, quelque temps avant sa mort. Plusieurs suggèrent que sa mort est déjà inscrite dans son visage, verdâtre, au bord de la décomposition.

Soudain, coup de théâtre ! La porte s’ouvre et une ribambelle de personnes entre dans la salle. En tête de cortège, le directeur du centre, à la moustache élégante et bien fournie, nous présente nos invités sur un ton solennel : « Nous avons le plaisir, aujourd’hui, d’accueillir M. Pierre Duchesne, lieutenant-gouverneur du Québec, et son épouse, Madame Ginette Lamoureux. » Quelle affaire ! Je me lève d’un bond, pour laisser un peu de place à tout le monde.

C’est maintenant à notre tour d’expliquer qui nous sommes et ce que nous faisions. Max et Daniel résument un peu les enjeux de la discussion. Daniel se plaît même à présenter le dernier portrait que nous analysions, celui de Picasso.  

« Avant, je pensais que la pauvreté était monétaire. Mais le pire, c’est pas le manque d’argent,  c’est la pauvreté du corps et de l’esprit »

Olivier, participant idAction

Le philosophe Marcel entreprend de présenter le concept des ateliers de médiation intellectuelle. C’est sûrement la première fois que le lieutenant-gouverneur entendait parler de l’idée de la présomption d’égalité des intelligences, vocabulaire si spécifique à Exeko. S’il a bien été attentif à tout ce qui se passait pendant sa présence dans notre salle, il a eu, comme moi, un cours accéléré de philosophie sociale. J’espère qu’il avait pris un bon café en se levant !

Le directeur de l’Accueil Bonneau nous demande finalement si nous avons des questions pour M. Duchesne. Cinq mains se lèvent, sinon plus. Le philosophe Jean-Guy obtient la parole le premier. Avec sa barbe généreuse, son regard sérieux et sa présence d’esprit, il inspire confiance. Au premier coup d’œil, je n’ai pu m’empêcher de le rapprocher physiquement de Marx, déformation académique oblige… Le philosophe Jean-Guy engage alors le dialogue avec le philosophe Pierre sur une question d’ontologie sociale : qu’est-ce qu’être un sans-abri ? À la thèse libérale classique centrée sur l’individu et sa responsabilité, il oppose sa conception de la détermination des individus par la société : « C’est la société qui forme les sans-abri. T’as beau avoir toute l’estime de soi du monde, tu pourras rien faire, si t'en as pas les moyens, si tu n’as pas d’argent », défend le philosophe Jean-Guy. D’autres interviennent pour défendre leur avis argumentés sur la pauvreté et l’itinérance : la thèse jean-guyienne ne fait pas l’unanimité, y compris parmi les gens en situation d’itinérance. Le philosophe Olivier nous confie qu’il a changé d’avis sur cet enjeu : « Avant, je pensais que la pauvreté était monétaire. Mais le pire, c’est pas le manque d’argent, c’est la pauvreté du corps et de l’esprit. »

Le débat s’est poursuivi, une bonne heure après le départ du lieutenant-gouverneur.

La discussion et la situation que nous avons expérimentées étaient tout à fait inédites. Il me faudra plusieurs heures pour apaiser mes esprits, l’écriture me servant d’exutoire. 

Je crois bien que l’on écrira un jour qu’une rencontre improbable est survenue : le 18 février de l’an 2015, le lieutenant-gouverneur s’est rendu à l’Accueil Bonneau, pour se joindre, un temps, au dialogue des philosophes de la rue de la Commune, où tous échangeaient d’égal à égal.

 

Le programme idAction bénéficie du soutien de la Ville de Montréal.

Le lieutenant-gouverneur et les philosophes de la rue de la Commune

Le lieutenant-gouverneur du Québec et les philosophes de la rue de la Commune Récit d’un baptême de feu d’un apprenti-médiateur

Par Arnaud Theurillat-Cloutier

 

Mercredi 18 février 2015, 8h55, Café À propos, Vieux-Montréal.

Je me prépare à plonger (enfin !) dans l’univers de la médiation intellectuelle. Après bientôt deux ans à en avoir entendu parler, un cycle complet de réflexions avec le Groupe de recherche en objectivités sociales (GROS) sur cette pratique et une formation intensive de deux jours avec Exeko, voilà, mon heure a sonné : fini le confort des livres, bienvenue dans l’épaisseur du réel.

J’ai rendez-vous avec Laurel et Hardy (Max et Daniel) pour préparer notre atelier. Bon, d’accord, l’analogie est boiteuse : Daniel est certes grand, mais à mille lieues d’avoir une once de gras. (En réalité, avec sa carrure si frêle, j’ai souvent eu peur qu’il ne s’expose dangereusement à la tempête, comme les arbres qui, trop ambitieux, ne cessent de vouloir s’élever vers le ciel et risquent ainsi de se casser au moindre coup de vent. Mais, après y avoir bien réfléchi, je ne m’inquiète pas pour Daniel, car le surplus de Hardy, il en a plein la tête et il peut apaiser toute tempête en deux ou trois répliques, si ce n’est deux ou trois mimiques.) Mais disons pour aujourd’hui que l’analogie en vaut la chandelle : Max est plus petit que Daniel et, tous les deux, ils forment un duo d’enfer drôlement philosophique.

Laurel (Max) arrive le premier. Il me met au parfum. « La semaine dernière, on a discuté de l’influence et des relations sociales. Cette semaine, on voudrait poursuivre sur cette lancée en abordant la thématique du regard et du portrait dans leurs liens avec la question de l’influence. » Je le vois déjà qui bout d’enthousiasme en me racontant les scènes de théâtre improvisées la semaine d’avant pour illustrer la question de l’influence sociale. Celui-là avait fait la grand-mère de l’autre, celui-ci avait joué Elvis, etc. Non non, ce n’était pas un vaudeville, mais bien la construction d’un objet qui allait dégager une profonde réflexion collective. Pour aujourd’hui, Laurel, de ses paluches d’artisan, n’avait pas cette fois-ci bricolé une presse, une plieuse, une table ou un livre relié, mais avait taillé un atelier philosophique. Alors qu’il me parle du portrait, je sens qu’il voit l’horizon infini de la pensée s’ouvrir sous ses yeux. Il se met à invoquer les prédications de Sartre sur notre constitution par le regard des autres et la bonne parole de Lévinas sur la visitation du visage de l’autre. Il faut arrêter cette machine infernale, me dis-je ! Sinon nous serons en retard !

Heureusement, apparaît enfin Hardy. Ouf ! Il arrive à temps ! Il nous présente son plan. Après une présentation de quelques peintures et photos pour engager la discussion, l’idée générale serait d’inviter les gens à écrire le portrait d’un de leur camarade avec des mots-images ou des phrases-images. Hardy nous avoue que c’est sa lecture du dernier bouquin d’Alessandro Baricco (Mr. Gwyn) qui lui a inspiré cette idée de faire des portraits littéraires. Puis, la deuxième étape consisterait à écrire une sorte de méta-portrait à partir du premier portrait écrit. Enfin, à la lecture de ces méta-portraits, le groupe devrait deviner de qui il s’agit. Pour boucler la boucle, l’atelier se terminerait sur une discussion à propos de l’influence des portraits dans la société. Ça, c’était le plan. Je pense encore à Nadia lors de la formation : conduire un atelier, c’est d’abord apprendre à négocier le « virage dix sous ». Je ne m’attendais pas à en prendre tout un en cette matinée plutôt tranquille…

Il faut partir. On nous attend. Clärli, agente de projet chez Exeko, nous rejoindra là-bas. Avant de partir, Max me lance comme ça : « Ah oui, pis, avant que j’oublie, on aura la visite du lieutenant-gouverneur aujourd’hui. » Daniel confirme l’information, mais leur sourire en coin me laisse dubitatif. Curieusement, si je ne me laisse pas facilement embobiner dans les débats politiques ou philosophiques, j’ai une fâcheuse tendance à être un peu « poisson » lorsqu’il s’agit d’anecdotes ou d’histoires de la vie courante. Intérieurement, dans le silence de ma conscience, je lutte contre moi-même : « Cette fois-ci, je ne me ferai pas avoir. » Conclusion : je n’y crois pas un seul instant, et le caractère expéditif de cette annonce, alors que nous sommes sur le seuil de la porte, renforce mon intime conviction. Après tout, qui croirait Laurel et Hardy ?  

Le ping-pong conceptuel semble bien huilé dans le groupe. On s’écoute, on propose des affirmations, on y répond, on s’oppose.

À l’Accueil Bonneau, tout se passe très vite. Je rencontre Mélanie, qui travaille là et a, entre autres choses, ouvert la salle des arts dans ce centre, mais aussi Olivier, Georges, Marcel, PA, Jean-Guy et bien d’autres. Nous prenons place autour d’une grande table dans la salle des arts. Nous ne sommes pas encore beaucoup, mais petit à petit, plusieurs personnes se joignent à la discussion. Au pic, nous serons une bonne dizaine.

Daniel enlève son costume de Hardy pour enfiler celui de Bianca (historienne de l’art). Il nous présente quelques étapes marquantes dans l’évolution du portrait. Un autoportrait présumé (L’homme au turban rouge - voir ci-dessous) du peintre flamand Jan van Eyck, un portrait de Marie-Antoinette, qui fait bien marrer la gang. On se fascine pour un des portraits d’Arcimboldo, ceux avec les visages composés de fruits et de légumes. Certains suggèrent une thèse : On est ce que l’on mange. Théorie audacieuse, entre autres déjà défendue par le philosophe allemand Feuerbach ! Mais il nous faudrait des jours pour épuiser ce débat, et ce n’est pas l’enjeu principal de notre réflexion aujourd’hui. Ce n’était pas dans le plan et pas forcément un bon « virage dix sous » non plus.  

Jan van Eyck, L’homme au turban rouge (1433) Source : Wikimedia (c) The National Gallery, London

Alors, nous passons à quelques photos. Une première en noir et blanc représente un homme à genoux, le dos contre le mur et les mains attachées. Le philosophe Olivier, à ma droite, l’œil aguerri, suggère que cela pourrait être une photo pour une pub d’une grande marque de vêtements pour homme. L’observation est incroyablement juste : approbation générale. Mais il sait bien que ce n’est pas vraiment l’objet de la photo. En un éclair, n’ayant même jamais vu la photo, le philosophe Tony, qui est apparu entre-temps à ma gauche, s’exclame : « C’est un condamné à mort. » Daniel, le visage ébaubi, en tombe des nues. Personne n’avait encore eu le temps d’ouvrir les paupières que le philosophe Tony avait déjà décodé le langage pictural. Daniel confirme qu’il s’agit bel et bien d’un condamné à mort, mais pire que cela : il s’agit de la première photo prise d’un condamné dans le couloir de la mort aux États-Unis, aux alentours de 1865.

La discussion se poursuit sur les portraits de nobles, la démocratisation du portrait aux classes populaires et sur la transformation de la peinture suite à l’arrivée de la photographie. Nous passons à l’autoportrait de Cézanne, puis au portrait d’une femme réalisée par Modigliani, enfin à l’autoportrait de Paul Klee (voir ci-dessous), qui fait beaucoup jaser et suscite plusieurs interprétations solidement argumentées. On se demande pourquoi sa bouche est quasiment absente, ses yeux si exorbitants, pourquoi il semble être un assemblage de pièces, voire même un buste détaché d’un corps. Les thèses fusent, le débat est lancé : représentation fidèle, expressivité, caricature, exagération, accentuation, rupture artistique, etc. Le ping-pong conceptuel semble bien huilé dans le groupe. On s’écoute, on propose des affirmations, on y répond, on s’oppose. Les débats de l’Assemblée nationale auraient beaucoup à apprendre de l’écoute et de la rigueur intellectuelle des philosophes de la rue de la Commune.  

Paul Klee, Head of a Man (1922) Source : allpaintings.org (c) Art & Design Museums Basel

Enfin, nous arrivons au grand Picasso, avec son autoportrait de 1972, quelque temps avant sa mort. Plusieurs suggèrent que sa mort est déjà inscrite dans son visage, verdâtre, au bord de la décomposition.

Soudain, coup de théâtre ! La porte s’ouvre et une ribambelle de personnes entre dans la salle. En tête de cortège, le directeur du centre, à la moustache élégante et bien fournie, nous présente nos invités sur un ton solennel : « Nous avons le plaisir, aujourd’hui, d’accueillir M. Pierre Duchesne, lieutenant-gouverneur du Québec, et son épouse, Madame Ginette Lamoureux. » Quelle affaire ! Je me lève d’un bond, pour laisser un peu de place à tout le monde.

C’est maintenant à notre tour d’expliquer qui nous sommes et ce que nous faisions. Max et Daniel résument un peu les enjeux de la discussion. Daniel se plaît même à présenter le dernier portrait que nous analysions, celui de Picasso.  

« Avant, je pensais que la pauvreté était monétaire. Mais le pire, c’est pas le manque d’argent,  c’est la pauvreté du corps et de l’esprit »

Olivier, participant idAction

Le philosophe Marcel entreprend de présenter le concept des ateliers de médiation intellectuelle. C’est sûrement la première fois que le lieutenant-gouverneur entendait parler de l’idée de la présomption d’égalité des intelligences, vocabulaire si spécifique à Exeko. S’il a bien été attentif à tout ce qui se passait pendant sa présence dans notre salle, il a eu, comme moi, un cours accéléré de philosophie sociale. J’espère qu’il avait pris un bon café en se levant !

Le directeur de l’Accueil Bonneau nous demande finalement si nous avons des questions pour M. Duchesne. Cinq mains se lèvent, sinon plus. Le philosophe Jean-Guy obtient la parole le premier. Avec sa barbe généreuse, son regard sérieux et sa présence d’esprit, il inspire confiance. Au premier coup d’œil, je n’ai pu m’empêcher de le rapprocher physiquement de Marx, déformation académique oblige… Le philosophe Jean-Guy engage alors le dialogue avec le philosophe Pierre sur une question d’ontologie sociale : qu’est-ce qu’être un sans-abri ? À la thèse libérale classique centrée sur l’individu et sa responsabilité, il oppose sa conception de la détermination des individus par la société : « C’est la société qui forme les sans-abri. T’as beau avoir toute l’estime de soi du monde, tu pourras rien faire, si t'en as pas les moyens, si tu n’as pas d’argent », défend le philosophe Jean-Guy. D’autres interviennent pour défendre leur avis argumentés sur la pauvreté et l’itinérance : la thèse jean-guyienne ne fait pas l’unanimité, y compris parmi les gens en situation d’itinérance. Le philosophe Olivier nous confie qu’il a changé d’avis sur cet enjeu : « Avant, je pensais que la pauvreté était monétaire. Mais le pire, c’est pas le manque d’argent, c’est la pauvreté du corps et de l’esprit. »

Le débat s’est poursuivi, une bonne heure après le départ du lieutenant-gouverneur.

La discussion et la situation que nous avons expérimentées étaient tout à fait inédites. Il me faudra plusieurs heures pour apaiser mes esprits, l’écriture me servant d’exutoire. 

Je crois bien que l’on écrira un jour qu’une rencontre improbable est survenue : le 18 février de l’an 2015, le lieutenant-gouverneur s’est rendu à l’Accueil Bonneau, pour se joindre, un temps, au dialogue des philosophes de la rue de la Commune, où tous échangeaient d’égal à égal.

 

Le programme idAction bénéficie du soutien de la Ville de Montréal.

La légende des arbres

Photo de couverture: Jean Leclair pour Exeko

Quand je repensais au Trickster, ce personnage malin et fripon, jonglant entre rêve et réalité, qui apporte simplicité et autodérision comme le sérieux le plus total dépendamment de l'état dans lequel on se trouve, je me disais qu'un peu de rêve vu à travers des yeux d'enfants ne pouvait pas nous faire de mal après des mois d'hiver qui glacent l'optimisme.

La première éditon de Trickster@MTL avait laissé de beaux souvenirs dans les esprits de chacun des spectateurs présents ce soir là, et nous étions tout aussi intrigués de découvrir cette seconde présentation qui favorisait cette fois l'interaction avec le public, les artistes et les jeunes. Nous étions presque 100 rassemblés ce lundi pour découvrir les extraits de Mitik Atsokan, un conte traditionnel Anishnabe transmis aux enfants au début du processus de création il y a plus de 5 mois par Véronique Thusky, notre d'Aînée et conteuse pour ce projet Trickster.

 

En coulisse avec les Vivaces(c)Jean Leclair pour Exeko

 

Pendant 5 mois, Richard, Destiny, Tania, Tabia, Mark, Jaden, Joy, Luka et Emmy, encadrés par Pierre-Paul Savoie, metteur en scène, Émilie Monnet, collaboratrice à la mise en scène et artiste-intervenante, Benoît Côté et Geronimo Inutiq, compositeurs, l'équipe des Vivaces pour la scènographie et Alan Harrington pour la danse traditionnelle, ont mis en scène, construit les décors et interprété à leur sauce la Légende des arbres, un mythe qui raconte l'histoire des Nintem Anishnabek, les Premiers Humains qui communiquaient avec tout ce qui les entourait, et avec les arbres qui leur répondaient grâce au vent.

Pour ces extraits d'une quinzaine de minutes, la scène était magnifiquement décorée d'un arbre majestueux dont les feuilles et les fleurs, faites de bouteilles plastiques, accotaient un tipi devant lequel passait parfois un poisson (volant pour l'occasion) scintillant dont les écailles n'étaient autre que de vieux cds accrochés les uns aux autres.

 

Émilie devant l'arbre (c)Jean Leclair pour Exeko

 

Poisson volant(c)Jean Leclair pour Exeko

 

Premiers humains parlant avec les arbres et le vent. La douceur de la rêverie commençaient à refaire surface à mesure que la pièce avançait. Sourires dans la salle, rires à chaque coin, opération était en route.

Le dialogue entre le personnage principal et les arbres était rythmé par la musique de Geronimo et Benoît, artistes talentueux qui se sont joints à l'équipe pour cette 2ème édition, et par les danses, acrobaties et jeux des 9 jeunes comédiens Autochtones, Métis et Inuits.

La représentation s'est terminée par des échanges entre les jeunes et le public, et le sentiment de fierté de ces tout jeunes comédiens amateurs était la plus belle représentation que nous pouvions espérer.

 

Final (c)Jean Leclair pour Exeko

 

Le sourire des enfants, et la poésie du conte qu'ils ont présenté entre les murs du Centre d'Amitié Autochtone par ce soir de tempête avaient réussi à captiver l'auditoire composé de familles aussi fières que leurs enfants, de nos partenaires touchés, des équipes du projet comblées et attendries et surtout, ils avaient réussis à créer un moment de partage intime autour d'une légende pleine de sens, à réveiller un peu en nous les Premiers Humains endormis par le froid.

Merci à eux !

 

Retrouvez toutes les photos du projet Trickster@MTL sur notre compte flickr !

 

Nous remercions les bénévoles présents pour leur soutien aussi essentiel qu'indispensable au bon focntionnemnt des projets d'Exeko, Sarah Bengle, Jean Leclair et Jrene Rahm nos photographes et vidéastes pour les belles images qu'ils laissent derrière eux, le Centre d'Amitié Autochtone de Montréal pour sa collaboration, le groupe Banque TD pour son support cette année encore, le Ministère de la Culture et des Communications et la Ville de Montréal pour leur soutien dans le cadre de l'entente pour le développement culturel de Montréal.

 

exeko.org/trickster

 

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Sous la responsabilité de la coordination générale, sous la supervision du responsable des partenariats et en étroite collaboration avec l’équipe...

 

 

En ce mois national de l'histoire autochtone, Exeko souhaite contribuer à faire connaître l’histoire des...

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  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • «  I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost. »

    Participant @PACQ

  • « Why use paper when it is as beautiful as this? »

    One of the co-creator for Métissage Urbain

  • « I Have my own identity ! »

    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain

  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects

  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability.  »

    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal

  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists.  »

    Julie Laloire @AMDI

  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged. »

    Bulletin des YMCA

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • « ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community. »

    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future

  • « We are not higher, we are not lower, we are equal. »

    Simeoni, participant idAction Mobile

  • « Receving is good, but giving is better »

    Participant idAction@Kanesatake

  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery »

    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle

  • «  I don't know everything, but while reading it, it always bring me one step closer »

    A participant, idAction Mobile

  • «  By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • «  ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • «  I was completely alone today, thanks for talking to me »

    Elie, participant @idAction Mobile

  • «  They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • «  Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself. »

    André Frossard

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged.»
    Bulletin des YMCA
  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists. »
    Julie Laloire @AMDI
  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability. »
    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal
  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent!»
    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects
  • « I Have my own identity !»
    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain
  • « Why use paper when it is as beautiful as this?»
    One of the co-creator for Métissage Urbain
  • « I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost.»
    Participant @PACQ
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself.»
    André Frossard
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « We are not higher, we are not lower, we are equal.»
    Simeoni, participant idAction Mobile
  • « I was completely alone today, thanks for talking to me»
    Elie, participant @idAction Mobile
  • « Receving is good, but giving is better»
    Participant idAction@Kanesatake
  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery»
    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle
  • «  ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News
  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community.»
    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future
  • « ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News