Entrevue avec Tiphaine, médiatrice : le lit de la rivière

Le jeudi 29 avril, Tiphaine et moi nous sommes rencontrées virtuellement. Médiatrice depuis 2016, elle nous partage dans cette entrevue ce qui se passe sur le terrain, les projets sur lesquelles elle travaille, des moments forts vécus, sa posture, etc. Ce témoignage fait partie d'une série d'entrevues réalisées afin de vous raconter le terrain. En vous souhaitant de belles rencontres avec notre équipe!

 

--

 Maude Blanchet LégerSur quel projet travailles-tu en ce moment?

Je travaille à l’Auberge Madeleine avec mes collègues, Valérie et Isabelle. Ça fait depuis 2017 moi que je suis à l’Auberge Madeleine comme médiatrice, puis ce projet-là dure trois ans. On a commencé l'été dernier, donc à l’été 2020. C’est un projet d’idAction et l’idée c’est de favoriser l’esprit critique, la participation citoyenne et il y a l’idée aussi de créer des espaces de réflexion et de création. Ce projet-là, au travers la pandémie, ça a été plein d’adaptations… En fait ça n'a été que des adaptations. On y travaille avec des femmes qui sont dans des situations d’itinérance, de précarité ou de violence conjugale aussi.

Ok, donc est-ce que ça se passe toujours dans le même lieu?

Dans leur milieu de vie, oui, dans l’Auberge. On y va environ pour 12 ateliers par an, des minis cycles. Par exemple, on a fait un cycle autour de la Journée internationale des droits des femmes. On a fait des affiches avec les femmes puis on a mis les affiches dans le quartier.

Super, c’était ça votre dernier atelier?

Non en fait après ça on a changé de format, on avait un peu un enjeu de mobilisation. C’est des femmes qui sont là seulement pour six à huit semaines. C’est vraiment le moment pour elles où elles soupent et où elles ont une stabilité pour faire leur démarche. Aussi avec la crise du logement actuelle, il y a vraiment une urgence de se trouver quelque chose. Avant on faisait des ateliers pendant la journée, puis on s’est rendu compte que la journée c’est aussi un moment pour elles de faire toute leur démarche. Avec le couvre-feu, puis en discutant avec des résidentes aussi qui participaient aux activités, on s’est dit « on va essayer de le faire le soir », parce que de toute façon y’a rien à faire, c’est le couvre-feu. Puis ça permet de mettre une ambiance un peu plus relaxe, donc on a switché à un format ciné-discussion. On montre des extraits de vidéos, on en discute ensemble puis on fait des ateliers de création ensuite.

Quelles préparations ça implique pour cet atelier? Parce que souvent ce qu’on voit du travail des médiateurs·trices c’est par exemple des photos sur le terrain et tout, mais je pense que les gens savent pas toujours qu’est-ce que ça implique avant, toute la préparation des projets, même après, en dehors du terrain en fait.

Déjà, on travaille en continu avec une intervenante sur place qui est là à tous les ateliers. On fait un suivi avec elle, après chaque atelier on fait une petite rencontre avec l’intervenante et ça c’est vraiment précieux et je salue aussi son travail, parce que pour vrai, ça change beaucoup de choses. Donc on fait un petit suivi avec elle et avec ma collègue médiatrice sur par exemple : est-ce qu’il y a eu des choses qu’on aurait pu faire autrement, est-ce qu’il y a eu des défis, c’est quoi les défis, est-ce qu’on a appris des choses qui vont nous permettre de bonifier la prochaine fois?

Après, pour tout le travail de préparation, pour ce qui est des discussions... Par exemple la première c’était sur des vidéos sur l’art et le changement social au sens large. Est-ce que l'art peut permettre un changement individuel et social? C’est un peu théorique, mais en gros on avait des vidéos autant de groupes de gens du quartier admettons, qui luttaient contre la gentrification, ou des personnes dans des logements sociaux et qui faisaient des chansons, autant qu’une vidéo de danse avec des personnes diversifiées, avec une personne disons qui avait une seule jambe, pour aussi modifier les perceptions en ce sens. Et tu vois, à cet atelier là par exemple, il y avait des participantes qui étaient là et on avait donné plein d’exemples de vidéos de slam et de poésie, donc là on s’est dit « faisons ça pour la prochaine fois! »

Ça nous a demandé quand même pas mal de travail de recherche, de trouver une diversité, d’aller chercher des choses sur des thématiques différentes, qui vont rejoindre différentes personnes, des rythmes différents, tout ça. Réfléchir aussi à c’est quoi notre question principale, comment on entre dans l’atelier, comment on fait pour mettre une ambiance qui soit propice à l’échange, à l’écoute, à la bienveillance.

Donc il y a cette réflexion, mais comment après le visionnement (après les réactions aux vidéos et les échanges) comment on amène ça vers la création? Et donc ce qu’on avait fait à ce moment-là – au dernier atelier parce que c’est frais dans ma tête – on avait sélectionné des phrases un peu punch des slams d’artistes et on les avait mises en gros, puis on avait proposé aux participantes d’aller chercher plusieurs phrases qui leur parlaient et d’écrire à partir de ça. Il y en a certaines qui ont écrit un texte, un poème, d’autres qui ont juste agencé des phrases ou des mots pour en faire une nouvelle œuvre. L’idée c’était aussi de sortir un peu… Parce que ce sont des vidéos quand même qui amenaient des enjeux – certaines, par toutes – comme les conditions des femmes, des formes de violences, des enjeux de pouvoir, donc aussi comment on sort d’un atelier…

En douceur?

Voilà, en douceur.

Tu en as un peu parlé, en donnant des exemples, mais en quoi ça consiste sur le terrain, comment ça se matérialise? Est-ce que tu veux ajouter quelque chose là-dessus?

Concrètement, en fait avant la pandémie, on arrivait et on pouvait dîner ou souper avec les résidentes de l’Auberge et puis discuter avec elles : pour qu’elles voient qui on est, avoir un premier échange, se familiariser. Là depuis la pandémie on ne peut plus faire ça, donc on arrive quand même un peu d’avance pour parler avec celles qui sont là, leur dire qu’il va y avoir des choses à grignoter, parce que c’est important (des petites pâtisseries, des desserts – parce que c’est souvent après le temps de repas – du café, du thé). On s’assure qu'il y a des choses attractives. Donc c’est ça, on discute avec elles, on prépare, on installe le matériel, on voit comment ça va, l’ambiance à l’Auberge en ce moment, on échange avec l’intervenante. On se met en place tranquillement, d’abord avec une activité qui permet, comme je disais tantôt, de s’accueillir.

De briser la glace…

À se présenter, tout ça. Après il y a le déroulement, puis après on rentre fatigué·e et aussi rempli·e de toute cette énergie des personnes.

Puis les thèmes abordés, tu en as parlé un peu tout à l’heure, comme l’art et l’engagement social… Est-ce qu’il y en a d’autres en particulier?

Au tout début du projet en fait, [...] c’était plus des ateliers de réflexion sur le leadership, les préjugés… Puis avec le temps des fêtes qui arrivaient, il y avait des ateliers comme « qu’est-ce qu’on jette en 2020, qu’est-ce qu’on souhaite en 2021? » Des petites activités qui permettaient de créer des liens et qui allaient chercher un côté artistique. Par exemple, elles avaient proposé (Valérie et Isabelle) de faire des cartes, en techniques de peinture, à distribuer pour les personnes en situation d’itinérance. À la base, ça avait été très… Un highlight. Et le fait de créer aussi, on se rendait compte qu’avec la pandémie et avec déjà les situations de précarité – plus la pandémie qui a exacerbé ça – il y a beaucoup de personnes qui sont fatiguées émotionnellement et physiquement. Donc il y a des fois plus de tensions dans ces milieux là et donc tu vois, de passer par la création, c’était une manière d’aller plus vers des choses qui te recentrent un peu sur toi et un côté un peu plus apaisant peut-être. On a trouvé que c’était un filon intéressant, donc on a un peu continué avec ça, puis entre autres sur ces activités pour la Journée internationale des droits des femmes, comme les affiches. Enfin, des fois il y en a certaines qui venaient pas forcément peindre, mais qui disaient « moi je veux une affiche avec ça, ça, ça et ça. » tu vois?  Une c’était : je veux des yeux qui pleurent puis « je n’ai plus peur ».

Wow ok!

Donc c’était des thèmes de réflexion, puis on est allé plus vers la création/réflexion et engagement, tranquillement avec le 8 mars. Après c’est des thèmes plus sur l’art et l’engagement, avec la poésie : est-ce qu’on peut changer le monde avec des mots? C’est quoi la place de l’art dans nos vies? 

Je pense que la création souvent ça offre une liberté, mais ça te sort un peu de ta réalité tout en restant connecté avec cette réalité là. C’est comme un bon fil conducteur, je trouve…

Tout à fait et on essaye maintenant de trouver un équilibre. Ça montre un peu tout le travail de réflexion et de médiation autour… Justement, des fois on teste des choses, ça marche pas du tout, des fois ça marche bien, mais tu vois par exemple le fait de regarder, d’aller vers un format plus ciné – enfin y’a un moment où on visionne des choses – c’était une manière aussi de répondre à cette fatigue : qu’elles se disent pas que pendant deux heures elles vont devoir être sollicitées tout le temps. Il y a aussi un moment où t’es plus en mode réception que donner de toi, d’être en action/réflexion (même si en recevant ce que tu regardes, ce que tu écoutes, y’a plein de choses qui se passent). C’est ça, donc essayer de répondre aussi à cette question de fatigue, de trouver une manière de répondre au mieux à leurs besoins. Valérie a même fait avec Isabelle, comme activité brise-glace à quelques reprises, des exercices de respiration, pour se grounder. Comment on prépare le corps à être en collectif et à réfléchir?

Ouais et c’est sûr que y’a des activités, des propositions, qui fonctionnent moins avec certaines personnes et pour d’autres ça va vraiment cliquer.

Oui ça c’est toujours.

Et le profil des participant·es, c’est surtout des femmes, des plus petits groupes, j’imagine?

C’est seulement des femmes, dans toutes leurs diversités, d’âge, de genres, d’origines, tout ça. Mais oui c’est des petits groupes.

Une douzaine?

Plus six. À l’auberge il y a vingt-et-une chambres je crois – 21 ou 24 – donc déjà c’est pas beaucoup de personnes en tout. On a pas la moitié de l’Auberge Madeleine.

C’est celles qui le souhaitent en fait?

Ah oui, c’est absolument libre, puis elles peuvent entrer et sortir comme elles veulent.

Ok, ensuite est-ce qu’il y aurait peut-être une anecdote, quelque chose qui s’est passé sur le terrain qui illustre bien les impacts de ce projet-là? Souvent on peut pas vraiment quantifier les impacts d’un projet...

C’est difficile de dire qu’est-ce qui appartient aux ateliers d’Exeko et qu’est-ce qui appartient aussi au processus de la personne et qu’est-ce qui appartient à un mélange des deux. Je pense qu’il faut noter aussi qu’un des défis de ce projet-là, c’est que c’est rare – ça arrive, mais pas tout le temps – de retrouver deux fois la même personne, parce qu’il y a une rotation des femmes qui sont en période transitoire, [...] mais par exemple je pense au dernier atelier – puis c’était vraiment un hasard en fait – ça a été pour une personne un atelier vraiment révélateur. Ça l’a ramené à une pratique qu’elle avait déjà faite dans une période plus difficile de sa vie, mais qu’elle avait complètement mis de côté et là, elle a écrit tout un long texte de slam excellent puis on dirait que ça a ouvert un peu —enfin elle nous a nommé que pour elle ça lui avait ouvert la porte à se remettre à un peu le réimplanter dans sa vie d’une certaine manière.

À un moment donné, y’a eu des conversations plus sur – parce que souvent les expériences vécues se mélangent avec les réflexions parce que c’est à partir de là qu’on parle – et donc des conversations un peu plus sur des enjeux de violence conjugale vécues par certaines des femmes. Une des participantes a vraiment amené le côté… a vraiment pris une posture qu’elle avait – je pense pas que ce soit nous qui lui ait donné, mais du moins dans cet espace elle l’a pris— vraiment de leader positif, qui a ramené tout ça à la solidarité, la force d’être là toutes ensemble, d’être dans un espace où elle est aussi en mesure de se construire. Voilà, donc ça c’était quand même un très beau moment.

C’est vraiment beau en effet! [...] Dans la même optique peut-être que l'anecdote du terrain, est-ce que t’aurais noté à un certain moment dans cet atelier-là une citation? S’il y en a une qui t’a marquée?

Y’a souvent des moments marquants… « On a eu beaucoup de couleurs dans le cœur ce soir. »

C’est beau! Parfait!

[rires]

La prochaine question c’était : un moment fort que toi tu as vécu?

C’est sûr que y’a eu des moments intenses en émotions qui questionnent – je pense que c’est important qu’on en parle aussi – les défis de ce qu’on fait, parce que ça peut ramener certaines personnes à des expériences plus difficiles dans ce genre d’espace et, donc tu vois la femme dont je te parlais qui avait demandé une affiche avec des yeux qui pleurent puis « je n’ai plus peur », une fois qu’elle l’a vue réalisée, elle s’est mise à pleurer. Ça lui a donné beaucoup d’émotions puis c’était des mixed feelings. Elle savait pas si elle voulait – parce que l’idée c’est d’en faire des photocopies pour le quartier, mais qu’elle peut garder aussi – elle savait pas si elle voulait l’avoir ou non. Finalement l’intervenante nous a dit qu’elle est revenue la chercher, même si elle était partie de l’Auberge Madeleine. Donc ça lui avait quand même fait quelque chose.

Mais c’est sûr qu’avec les affiches c’était quand même fort, parce que même les femmes qui admettons n’avaient pas participé à la création des affiches – on en avait fait aussi des versions un peu petite, carte postale, qu’elles pouvaient garder et tout – et la première femme qui a commencé à regarder les affiches elle s’est aussi mise à pleurer. C’est des moments forts, mais des moments forts en émotions qui montrent bien aussi qu’est-ce qui se passe en ce moment, les difficultés pour elles, socialement, les défis...

Mais sinon un autre moment fort c’était vraiment quand, à la fin du dernier atelier, une des participantes a lu son texte de slam devant tout le monde et c’était vraiment… wow.

Ça prend beaucoup de courage faire ça! [...] On arrive plus vers la fin… Pour toi, qu’est-ce qui donne de la valeur à ton travail de médiatrice?

Oh là là, c’est une grosse question.

Oui c’est une grosse question!

[rires]

C’est l’opportunité de rencontrer une diversité de personnes que peut-être je rencontrerais pas autrement, puis l’opportunité d’apprendre en fait moi-même de ces personnes là, puis de me déconstruire aussi continuellement. De faire partie en fait de la communauté de réflexion et de création qu’on essaye de mettre en place, des fois oui des fois non, des fois ça marche des fois ça marche pas, mais c’est ça. Puis aussi travailler avec des collègues – j’inclus mes collègues là-dedans.

Et puis comment définirais-tu ton travail avec une métaphore?

Ça me fait penser, dans la philosophie taoïste, le wuwei : l’agir sans agir. C’est la notion de non-agir, mais pour autant ce n’est pas une attitude d’inaction ou de passivité. C’est plus l’idée de la rivière… T’es comme un peu le lit de la rivière. Je ne sais pas trop comment l'expliquer…

Je le vois dans ma tête ce que tu veux dire!

Les choses vont, tu peux pas vraiment les changer ou quoique ce soit, mais t’es là pour accompagner ce qui se fait, sans essayer de… de mettre des barrages, créer des infrastructures, mais c’est ça, agir sans agir. Moi je le vois un peu comme ça.

Tu supportes le « flow » un peu!

Oui!

La dernière question : qu’est-ce qui t’anime chez Exeko? En général?

Ça revient aux personnes incroyables que je rencontre à la fois en étant sur le terrain, à la fois les partenaires, à la fois mes collègues. Ce qui m’anime aussi c’est cette possibilité d’essayer des choses, la flexibilité de ce qu’on peut faire, la possibilité de s’adapter – une grande possibilité d’adaptation, au contexte, aux besoins, à tout ce qui se passe et ça c’est vraiment super important.

Puis selon chaque médiatrice·teur aussi, vous apportez chacun·e votre approche, vos visions, vos idées. Je le vois beaucoup dans les sorties que j’ai faites, d’une personne à l’autre c’est complètement différent, mais c’est ça qui est beau aussi.

C’est ça en fait, moi ce qui m’anime c’est d’être en processus continue d’apprentissage aussi. Si j’avais plus rien à apprendre et bien, ça m’intéresserait pas.

 

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Tiphaine nous a partagé avec sincérité ces moments riches, inspirants et parfois difficiles, mais aussi tout le processus de réflexion qui vient avant et après chaque atelier. Je la remercie pour son temps et son travail de médiatrice. J’espère que ce partage pourra en inspirer d’autres et aussi mettre en lumière et informer sur le travail de terrain central à Exeko. Restez à l'affût afin de lire les prochains témoignages!

La réalisation du projet idAction Mobile est possible en partie grâce aux soutiens financiers de la Ville de Montréal, de l’arrondissement de Ville-Marie via le Fonds local 2e vague COVID-19, du Gouvernement du Québec par l’entremise du Fonds d’initiative et de rayonnement de la métropole administré par le Secrétariat à la région métropolitaine du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et du Secrétariat aux affaires autochtones, de la Caisse d'Économie Solidaire Desjardins, de la Fondation du Grand Montréal via le Fond d'urgence pour l’appui communautaire (FUAC) et de Catherine Donnelly Foundation.

Entrevue avec Tiphaine, médiatrice : le lit de la rivière

Le jeudi 29 avril, Tiphaine et moi nous sommes rencontrées virtuellement. Médiatrice depuis 2016, elle nous partage dans cette entrevue ce qui se passe sur le terrain, les projets sur lesquelles elle travaille, des moments forts vécus, sa posture, etc. Ce témoignage fait partie d'une série d'entrevues réalisées afin de vous raconter le terrain. En vous souhaitant de belles rencontres avec notre équipe!

 

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 Maude Blanchet LégerSur quel projet travailles-tu en ce moment?

Je travaille à l’Auberge Madeleine avec mes collègues, Valérie et Isabelle. Ça fait depuis 2017 moi que je suis à l’Auberge Madeleine comme médiatrice, puis ce projet-là dure trois ans. On a commencé l'été dernier, donc à l’été 2020. C’est un projet d’idAction et l’idée c’est de favoriser l’esprit critique, la participation citoyenne et il y a l’idée aussi de créer des espaces de réflexion et de création. Ce projet-là, au travers la pandémie, ça a été plein d’adaptations… En fait ça n'a été que des adaptations. On y travaille avec des femmes qui sont dans des situations d’itinérance, de précarité ou de violence conjugale aussi.

Ok, donc est-ce que ça se passe toujours dans le même lieu?

Dans leur milieu de vie, oui, dans l’Auberge. On y va environ pour 12 ateliers par an, des minis cycles. Par exemple, on a fait un cycle autour de la Journée internationale des droits des femmes. On a fait des affiches avec les femmes puis on a mis les affiches dans le quartier.

Super, c’était ça votre dernier atelier?

Non en fait après ça on a changé de format, on avait un peu un enjeu de mobilisation. C’est des femmes qui sont là seulement pour six à huit semaines. C’est vraiment le moment pour elles où elles soupent et où elles ont une stabilité pour faire leur démarche. Aussi avec la crise du logement actuelle, il y a vraiment une urgence de se trouver quelque chose. Avant on faisait des ateliers pendant la journée, puis on s’est rendu compte que la journée c’est aussi un moment pour elles de faire toute leur démarche. Avec le couvre-feu, puis en discutant avec des résidentes aussi qui participaient aux activités, on s’est dit « on va essayer de le faire le soir », parce que de toute façon y’a rien à faire, c’est le couvre-feu. Puis ça permet de mettre une ambiance un peu plus relaxe, donc on a switché à un format ciné-discussion. On montre des extraits de vidéos, on en discute ensemble puis on fait des ateliers de création ensuite.

Quelles préparations ça implique pour cet atelier? Parce que souvent ce qu’on voit du travail des médiateurs·trices c’est par exemple des photos sur le terrain et tout, mais je pense que les gens savent pas toujours qu’est-ce que ça implique avant, toute la préparation des projets, même après, en dehors du terrain en fait.

Déjà, on travaille en continu avec une intervenante sur place qui est là à tous les ateliers. On fait un suivi avec elle, après chaque atelier on fait une petite rencontre avec l’intervenante et ça c’est vraiment précieux et je salue aussi son travail, parce que pour vrai, ça change beaucoup de choses. Donc on fait un petit suivi avec elle et avec ma collègue médiatrice sur par exemple : est-ce qu’il y a eu des choses qu’on aurait pu faire autrement, est-ce qu’il y a eu des défis, c’est quoi les défis, est-ce qu’on a appris des choses qui vont nous permettre de bonifier la prochaine fois?

Après, pour tout le travail de préparation, pour ce qui est des discussions... Par exemple la première c’était sur des vidéos sur l’art et le changement social au sens large. Est-ce que l'art peut permettre un changement individuel et social? C’est un peu théorique, mais en gros on avait des vidéos autant de groupes de gens du quartier admettons, qui luttaient contre la gentrification, ou des personnes dans des logements sociaux et qui faisaient des chansons, autant qu’une vidéo de danse avec des personnes diversifiées, avec une personne disons qui avait une seule jambe, pour aussi modifier les perceptions en ce sens. Et tu vois, à cet atelier là par exemple, il y avait des participantes qui étaient là et on avait donné plein d’exemples de vidéos de slam et de poésie, donc là on s’est dit « faisons ça pour la prochaine fois! »

Ça nous a demandé quand même pas mal de travail de recherche, de trouver une diversité, d’aller chercher des choses sur des thématiques différentes, qui vont rejoindre différentes personnes, des rythmes différents, tout ça. Réfléchir aussi à c’est quoi notre question principale, comment on entre dans l’atelier, comment on fait pour mettre une ambiance qui soit propice à l’échange, à l’écoute, à la bienveillance.

Donc il y a cette réflexion, mais comment après le visionnement (après les réactions aux vidéos et les échanges) comment on amène ça vers la création? Et donc ce qu’on avait fait à ce moment-là – au dernier atelier parce que c’est frais dans ma tête – on avait sélectionné des phrases un peu punch des slams d’artistes et on les avait mises en gros, puis on avait proposé aux participantes d’aller chercher plusieurs phrases qui leur parlaient et d’écrire à partir de ça. Il y en a certaines qui ont écrit un texte, un poème, d’autres qui ont juste agencé des phrases ou des mots pour en faire une nouvelle œuvre. L’idée c’était aussi de sortir un peu… Parce que ce sont des vidéos quand même qui amenaient des enjeux – certaines, par toutes – comme les conditions des femmes, des formes de violences, des enjeux de pouvoir, donc aussi comment on sort d’un atelier…

En douceur?

Voilà, en douceur.

Tu en as un peu parlé, en donnant des exemples, mais en quoi ça consiste sur le terrain, comment ça se matérialise? Est-ce que tu veux ajouter quelque chose là-dessus?

Concrètement, en fait avant la pandémie, on arrivait et on pouvait dîner ou souper avec les résidentes de l’Auberge et puis discuter avec elles : pour qu’elles voient qui on est, avoir un premier échange, se familiariser. Là depuis la pandémie on ne peut plus faire ça, donc on arrive quand même un peu d’avance pour parler avec celles qui sont là, leur dire qu’il va y avoir des choses à grignoter, parce que c’est important (des petites pâtisseries, des desserts – parce que c’est souvent après le temps de repas – du café, du thé). On s’assure qu'il y a des choses attractives. Donc c’est ça, on discute avec elles, on prépare, on installe le matériel, on voit comment ça va, l’ambiance à l’Auberge en ce moment, on échange avec l’intervenante. On se met en place tranquillement, d’abord avec une activité qui permet, comme je disais tantôt, de s’accueillir.

De briser la glace…

À se présenter, tout ça. Après il y a le déroulement, puis après on rentre fatigué·e et aussi rempli·e de toute cette énergie des personnes.

Puis les thèmes abordés, tu en as parlé un peu tout à l’heure, comme l’art et l’engagement social… Est-ce qu’il y en a d’autres en particulier?

Au tout début du projet en fait, [...] c’était plus des ateliers de réflexion sur le leadership, les préjugés… Puis avec le temps des fêtes qui arrivaient, il y avait des ateliers comme « qu’est-ce qu’on jette en 2020, qu’est-ce qu’on souhaite en 2021? » Des petites activités qui permettaient de créer des liens et qui allaient chercher un côté artistique. Par exemple, elles avaient proposé (Valérie et Isabelle) de faire des cartes, en techniques de peinture, à distribuer pour les personnes en situation d’itinérance. À la base, ça avait été très… Un highlight. Et le fait de créer aussi, on se rendait compte qu’avec la pandémie et avec déjà les situations de précarité – plus la pandémie qui a exacerbé ça – il y a beaucoup de personnes qui sont fatiguées émotionnellement et physiquement. Donc il y a des fois plus de tensions dans ces milieux là et donc tu vois, de passer par la création, c’était une manière d’aller plus vers des choses qui te recentrent un peu sur toi et un côté un peu plus apaisant peut-être. On a trouvé que c’était un filon intéressant, donc on a un peu continué avec ça, puis entre autres sur ces activités pour la Journée internationale des droits des femmes, comme les affiches. Enfin, des fois il y en a certaines qui venaient pas forcément peindre, mais qui disaient « moi je veux une affiche avec ça, ça, ça et ça. » tu vois?  Une c’était : je veux des yeux qui pleurent puis « je n’ai plus peur ».

Wow ok!

Donc c’était des thèmes de réflexion, puis on est allé plus vers la création/réflexion et engagement, tranquillement avec le 8 mars. Après c’est des thèmes plus sur l’art et l’engagement, avec la poésie : est-ce qu’on peut changer le monde avec des mots? C’est quoi la place de l’art dans nos vies? 

Je pense que la création souvent ça offre une liberté, mais ça te sort un peu de ta réalité tout en restant connecté avec cette réalité là. C’est comme un bon fil conducteur, je trouve…

Tout à fait et on essaye maintenant de trouver un équilibre. Ça montre un peu tout le travail de réflexion et de médiation autour… Justement, des fois on teste des choses, ça marche pas du tout, des fois ça marche bien, mais tu vois par exemple le fait de regarder, d’aller vers un format plus ciné – enfin y’a un moment où on visionne des choses – c’était une manière aussi de répondre à cette fatigue : qu’elles se disent pas que pendant deux heures elles vont devoir être sollicitées tout le temps. Il y a aussi un moment où t’es plus en mode réception que donner de toi, d’être en action/réflexion (même si en recevant ce que tu regardes, ce que tu écoutes, y’a plein de choses qui se passent). C’est ça, donc essayer de répondre aussi à cette question de fatigue, de trouver une manière de répondre au mieux à leurs besoins. Valérie a même fait avec Isabelle, comme activité brise-glace à quelques reprises, des exercices de respiration, pour se grounder. Comment on prépare le corps à être en collectif et à réfléchir?

Ouais et c’est sûr que y’a des activités, des propositions, qui fonctionnent moins avec certaines personnes et pour d’autres ça va vraiment cliquer.

Oui ça c’est toujours.

Et le profil des participant·es, c’est surtout des femmes, des plus petits groupes, j’imagine?

C’est seulement des femmes, dans toutes leurs diversités, d’âge, de genres, d’origines, tout ça. Mais oui c’est des petits groupes.

Une douzaine?

Plus six. À l’auberge il y a vingt-et-une chambres je crois – 21 ou 24 – donc déjà c’est pas beaucoup de personnes en tout. On a pas la moitié de l’Auberge Madeleine.

C’est celles qui le souhaitent en fait?

Ah oui, c’est absolument libre, puis elles peuvent entrer et sortir comme elles veulent.

Ok, ensuite est-ce qu’il y aurait peut-être une anecdote, quelque chose qui s’est passé sur le terrain qui illustre bien les impacts de ce projet-là? Souvent on peut pas vraiment quantifier les impacts d’un projet...

C’est difficile de dire qu’est-ce qui appartient aux ateliers d’Exeko et qu’est-ce qui appartient aussi au processus de la personne et qu’est-ce qui appartient à un mélange des deux. Je pense qu’il faut noter aussi qu’un des défis de ce projet-là, c’est que c’est rare – ça arrive, mais pas tout le temps – de retrouver deux fois la même personne, parce qu’il y a une rotation des femmes qui sont en période transitoire, [...] mais par exemple je pense au dernier atelier – puis c’était vraiment un hasard en fait – ça a été pour une personne un atelier vraiment révélateur. Ça l’a ramené à une pratique qu’elle avait déjà faite dans une période plus difficile de sa vie, mais qu’elle avait complètement mis de côté et là, elle a écrit tout un long texte de slam excellent puis on dirait que ça a ouvert un peu —enfin elle nous a nommé que pour elle ça lui avait ouvert la porte à se remettre à un peu le réimplanter dans sa vie d’une certaine manière.

À un moment donné, y’a eu des conversations plus sur – parce que souvent les expériences vécues se mélangent avec les réflexions parce que c’est à partir de là qu’on parle – et donc des conversations un peu plus sur des enjeux de violence conjugale vécues par certaines des femmes. Une des participantes a vraiment amené le côté… a vraiment pris une posture qu’elle avait – je pense pas que ce soit nous qui lui ait donné, mais du moins dans cet espace elle l’a pris— vraiment de leader positif, qui a ramené tout ça à la solidarité, la force d’être là toutes ensemble, d’être dans un espace où elle est aussi en mesure de se construire. Voilà, donc ça c’était quand même un très beau moment.

C’est vraiment beau en effet! [...] Dans la même optique peut-être que l'anecdote du terrain, est-ce que t’aurais noté à un certain moment dans cet atelier-là une citation? S’il y en a une qui t’a marquée?

Y’a souvent des moments marquants… « On a eu beaucoup de couleurs dans le cœur ce soir. »

C’est beau! Parfait!

[rires]

La prochaine question c’était : un moment fort que toi tu as vécu?

C’est sûr que y’a eu des moments intenses en émotions qui questionnent – je pense que c’est important qu’on en parle aussi – les défis de ce qu’on fait, parce que ça peut ramener certaines personnes à des expériences plus difficiles dans ce genre d’espace et, donc tu vois la femme dont je te parlais qui avait demandé une affiche avec des yeux qui pleurent puis « je n’ai plus peur », une fois qu’elle l’a vue réalisée, elle s’est mise à pleurer. Ça lui a donné beaucoup d’émotions puis c’était des mixed feelings. Elle savait pas si elle voulait – parce que l’idée c’est d’en faire des photocopies pour le quartier, mais qu’elle peut garder aussi – elle savait pas si elle voulait l’avoir ou non. Finalement l’intervenante nous a dit qu’elle est revenue la chercher, même si elle était partie de l’Auberge Madeleine. Donc ça lui avait quand même fait quelque chose.

Mais c’est sûr qu’avec les affiches c’était quand même fort, parce que même les femmes qui admettons n’avaient pas participé à la création des affiches – on en avait fait aussi des versions un peu petite, carte postale, qu’elles pouvaient garder et tout – et la première femme qui a commencé à regarder les affiches elle s’est aussi mise à pleurer. C’est des moments forts, mais des moments forts en émotions qui montrent bien aussi qu’est-ce qui se passe en ce moment, les difficultés pour elles, socialement, les défis...

Mais sinon un autre moment fort c’était vraiment quand, à la fin du dernier atelier, une des participantes a lu son texte de slam devant tout le monde et c’était vraiment… wow.

Ça prend beaucoup de courage faire ça! [...] On arrive plus vers la fin… Pour toi, qu’est-ce qui donne de la valeur à ton travail de médiatrice?

Oh là là, c’est une grosse question.

Oui c’est une grosse question!

[rires]

C’est l’opportunité de rencontrer une diversité de personnes que peut-être je rencontrerais pas autrement, puis l’opportunité d’apprendre en fait moi-même de ces personnes là, puis de me déconstruire aussi continuellement. De faire partie en fait de la communauté de réflexion et de création qu’on essaye de mettre en place, des fois oui des fois non, des fois ça marche des fois ça marche pas, mais c’est ça. Puis aussi travailler avec des collègues – j’inclus mes collègues là-dedans.

Et puis comment définirais-tu ton travail avec une métaphore?

Ça me fait penser, dans la philosophie taoïste, le wuwei : l’agir sans agir. C’est la notion de non-agir, mais pour autant ce n’est pas une attitude d’inaction ou de passivité. C’est plus l’idée de la rivière… T’es comme un peu le lit de la rivière. Je ne sais pas trop comment l'expliquer…

Je le vois dans ma tête ce que tu veux dire!

Les choses vont, tu peux pas vraiment les changer ou quoique ce soit, mais t’es là pour accompagner ce qui se fait, sans essayer de… de mettre des barrages, créer des infrastructures, mais c’est ça, agir sans agir. Moi je le vois un peu comme ça.

Tu supportes le « flow » un peu!

Oui!

La dernière question : qu’est-ce qui t’anime chez Exeko? En général?

Ça revient aux personnes incroyables que je rencontre à la fois en étant sur le terrain, à la fois les partenaires, à la fois mes collègues. Ce qui m’anime aussi c’est cette possibilité d’essayer des choses, la flexibilité de ce qu’on peut faire, la possibilité de s’adapter – une grande possibilité d’adaptation, au contexte, aux besoins, à tout ce qui se passe et ça c’est vraiment super important.

Puis selon chaque médiatrice·teur aussi, vous apportez chacun·e votre approche, vos visions, vos idées. Je le vois beaucoup dans les sorties que j’ai faites, d’une personne à l’autre c’est complètement différent, mais c’est ça qui est beau aussi.

C’est ça en fait, moi ce qui m’anime c’est d’être en processus continue d’apprentissage aussi. Si j’avais plus rien à apprendre et bien, ça m’intéresserait pas.

 

--

Tiphaine nous a partagé avec sincérité ces moments riches, inspirants et parfois difficiles, mais aussi tout le processus de réflexion qui vient avant et après chaque atelier. Je la remercie pour son temps et son travail de médiatrice. J’espère que ce partage pourra en inspirer d’autres et aussi mettre en lumière et informer sur le travail de terrain central à Exeko. Restez à l'affût afin de lire les prochains témoignages!

La réalisation du projet idAction Mobile est possible en partie grâce aux soutiens financiers de la Ville de Montréal, de l’arrondissement de Ville-Marie via le Fonds local 2e vague COVID-19, du Gouvernement du Québec par l’entremise du Fonds d’initiative et de rayonnement de la métropole administré par le Secrétariat à la région métropolitaine du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et du Secrétariat aux affaires autochtones, de la Caisse d'Économie Solidaire Desjardins, de la Fondation du Grand Montréal via le Fond d'urgence pour l’appui communautaire (FUAC) et de Catherine Donnelly Foundation.

Qu’est-ce que l’identité ?

Qu’est-ce que l’identité ?

Bonjour, 

Cette fois-ci, je vous écris sur un sujet dont nous avons discuté et même débattu dans les deux derniers ateliers d’Exeko.

Qu’est-ce que l’identité ?

Dès le départ, je ne suis pas d’accord avec les deux chargé.es de l’atelier ainsi que les participant.es présent.es. 

L’identité d’une personne ne devrait inclure seulement que ce qui figure sur son passeport ou son permis de conduire. Ce qui nous définit physiquement : âge, taille, sexe.

Nous pourrions y rajouter nos racines. Exemple : frères, soeurs, père, mère. Mais le reste ne demeure que des qualificatifs. Exemples : gentil, compétent, habile, sociable, etc.

Ce que Mathieu et Valérie ont écrit sur le tableau n’était que ce que nous croyons être l’identité personnelle, car, selon moi, tout ce qui vient après l’identité physique n’est que l’accumulation de ce que l’on nous a appris. 

Soit par nos parents : être poli, respectueux, partager, participer, etc. Soit par la vie, nos professeurs, nos amis, nos voisins, nos amoureux, la communauté. Des personnes qui nous ont aidé à cheminer à travers chaque étape : enfance, adolescence, vie d’adulte. C’est notre personnalité qui évolue et non notre identité.

Moi je serai toujours, à part mon apparence physique, le même porteur d’ADN qu’au début de ma vie et, comme mes parents et ancêtres, j’en laisse à chaque génération ou descendance. Mais heureusement, dans mon cas, je suis le dernier de ma lignée.

C’est mon opinion et ma vision de l’identité, mais la vôtre peut diverger de la mienne, soit que la personnalité peut faire partie de l’identité. Dans ce cas, je me demande pourquoi nous agissons différemment avec nos amis, nos connaissances de travail, notre famille. Se peut-il que notre personnalité serve à protéger notre identité ?

Dans ce cas, qui sommes-nous et le savons-nous nous-mêmes ?

Gilles Lamarche

 

Représentation de l'identité par Gilles 

Représentation de l'identité par Gilles

 

 

 

 

Gilles Lamarche participe aux activités d'idAction organisées avec la Maison des amis du Plateau-Mont-Royal. Cette initiative est possible grâce à nos partenaires financiers : Ville de Montréal et Arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

 

    

 

Qu’est-ce que l’identité ?

Qu’est-ce que l’identité ?

Bonjour, 

Cette fois-ci, je vous écris sur un sujet dont nous avons discuté et même débattu dans les deux derniers ateliers d’Exeko.

Qu’est-ce que l’identité ?

Dès le départ, je ne suis pas d’accord avec les deux chargé.es de l’atelier ainsi que les participant.es présent.es. 

L’identité d’une personne ne devrait inclure seulement que ce qui figure sur son passeport ou son permis de conduire. Ce qui nous définit physiquement : âge, taille, sexe.

Nous pourrions y rajouter nos racines. Exemple : frères, soeurs, père, mère. Mais le reste ne demeure que des qualificatifs. Exemples : gentil, compétent, habile, sociable, etc.

Ce que Mathieu et Valérie ont écrit sur le tableau n’était que ce que nous croyons être l’identité personnelle, car, selon moi, tout ce qui vient après l’identité physique n’est que l’accumulation de ce que l’on nous a appris. 

Soit par nos parents : être poli, respectueux, partager, participer, etc. Soit par la vie, nos professeurs, nos amis, nos voisins, nos amoureux, la communauté. Des personnes qui nous ont aidé à cheminer à travers chaque étape : enfance, adolescence, vie d’adulte. C’est notre personnalité qui évolue et non notre identité.

Moi je serai toujours, à part mon apparence physique, le même porteur d’ADN qu’au début de ma vie et, comme mes parents et ancêtres, j’en laisse à chaque génération ou descendance. Mais heureusement, dans mon cas, je suis le dernier de ma lignée.

C’est mon opinion et ma vision de l’identité, mais la vôtre peut diverger de la mienne, soit que la personnalité peut faire partie de l’identité. Dans ce cas, je me demande pourquoi nous agissons différemment avec nos amis, nos connaissances de travail, notre famille. Se peut-il que notre personnalité serve à protéger notre identité ?

Dans ce cas, qui sommes-nous et le savons-nous nous-mêmes ?

Gilles Lamarche

 

Représentation de l'identité par Gilles 

Représentation de l'identité par Gilles

 

 

 

 

Gilles Lamarche participe aux activités d'idAction organisées avec la Maison des amis du Plateau-Mont-Royal. Cette initiative est possible grâce à nos partenaires financiers : Ville de Montréal et Arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

 

    

 

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Sous la responsabilité de la coordination générale, sous la supervision du responsable des partenariats et en étroite collaboration avec l’équipe...

 

 

En ce mois national de l'histoire autochtone, Exeko souhaite contribuer à faire connaître l’histoire des...

On cherche un.e étudiant.e collégial en analyse de données et en gestion de l’information qui a le souci du détail, qui voudrait développer son...

Nous recherchons une personne afin d'offrir un soutien à la coordination de la gestion administrative et les membres de l’organisation....

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • «  I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost. »

    Participant @PACQ

  • « Why use paper when it is as beautiful as this? »

    One of the co-creator for Métissage Urbain

  • « I Have my own identity ! »

    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain

  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects

  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability.  »

    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal

  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists.  »

    Julie Laloire @AMDI

  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged. »

    Bulletin des YMCA

  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)

  • « ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community. »

    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future

  • « We are not higher, we are not lower, we are equal. »

    Simeoni, participant idAction Mobile

  • « Receving is good, but giving is better »

    Participant idAction@Kanesatake

  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery »

    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle

  • «  I don't know everything, but while reading it, it always bring me one step closer »

    A participant, idAction Mobile

  • «  By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years. »

    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada

  • «  ...empowering the children, and giving them confidence »

    APTN National News

  • «  I was completely alone today, thanks for talking to me »

    Elie, participant @idAction Mobile

  • «  They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work. »

    Participant, idAction@Accueil Bonneau

  • «  Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself. »

    André Frossard

  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « Exeko implements creative solutions to several problematic, gives a voice to those we don't hear and hope to the underprivileged.»
    Bulletin des YMCA
  • « Over the past few years, we have been seeing more and more high quality productions by people with an intellectual disability who truly are artists. »
    Julie Laloire @AMDI
  • « Art has the advantage to make people talk about abilities rather than limitations, when confronted with an intellectual disability. »
    Delphine Ragon, Community Programs Manager, Les Compagnons de Montréal
  • « It is terrible for a society to ignore people with such talent!»
    Hélène-Elise Blais, les Muses about ART and ID projects
  • « I Have my own identity !»
    Putulik, Inuit participant, Métissage Urbain
  • « Why use paper when it is as beautiful as this?»
    One of the co-creator for Métissage Urbain
  • « I write my thoughts in my head, not on paper, and my thought is not lost.»
    Participant @PACQ
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Its goal? To develop reasoning, critical thinking, logic, and increase citizen participation of these marginalized groups.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir (free translation)
  • « Today, the power acquired through knowledge is more far-reaching than knowledge itself.»
    André Frossard
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « They're both people. We're not looking enough after people with problems, and mostly with mental health issues. Then we would have more people able to work.»
    Participant, idAction@Accueil Bonneau
  • « We are not higher, we are not lower, we are equal.»
    Simeoni, participant idAction Mobile
  • « I was completely alone today, thanks for talking to me»
    Elie, participant @idAction Mobile
  • « Receving is good, but giving is better»
    Participant idAction@Kanesatake
  • « What better way to strengthen intergenerational ties? [...] A meeting between peers, a place for expression, learning and recovery»
    Chantal Potvin, reporter at Innuvelle
  • «  ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News
  • « By engaging with people on a deep level, we see Exeko reinvigorating individual spirit to rebuild society in a new way. Exeko's work is not about small projects, but about achieving full social inclusion at a systemic level. [...] we believe that Exeko will reach a level of systemic impact with Quebec, Canada and the world within 5-10 years.»
    Elisha Muskat, Executive Director, Ashoka Canada
  • « It’s a great program for children to learn about their traditions and to increase their interaction with Elders in the community.»
    Erika Eagle, Social Development Assistant with Waswanipi Brighter Future
  • « ...empowering the children, and giving them confidence»
    APTN National News