Par admin : 08/16/2016 - 16:53
par Annick Davignon et Joëlle Sarrailh
Après plusieurs semaine d'ateliers à l'école secondaire d'Anjou, Annick Davignon et Joëlle Sarrailh, récipiendaires de la bourse Exeko Arts, philo et communatés avec le soutien de la CSQ, nous partagent l'avancée de leur projet Improvisation libre.
Lorsque nous avons lancé l’idée de faire des ateliers d’improvisation avec des jeunes avec trouble du spectre autistique (TSA), nous avions peu de références à savoir quels impacts ce projet aurait sur les participants. Serions-nous capables, à travers des jeux et des exercices tirés de la pratique de l’improvisation théâtrale, d’avoir un impact sur l’inclusion sociale ?
Maintenant que nos six ateliers à l’École secondaire d’Anjou sont complétés et que nous avons eu l’occasion de refléter sur nos apprentissages, voici quelques pistes sur les impacts du projet Improvisation libre.
Des nouveaux outils pour les professeurs et les éducateurs spécialisés
Lorsque nous sommes arrivées la première fois dans le local de théâtre, l’ouverture et la confiance s’entremêlaient avec l’hésitation et la crainte des professeurs. Les élèves allaient-ils plonger avec nous ? Les exercices les amèneraient-ils trop en dehors de leur zone de confort ? Est-ce que tous les élèves pourraient suivre les instructions ?
C’était la première fois que des intervenants externes comme nous venaient proposer des jeux d’improvisation à leurs élèves. Les participants font partie d’un parcours scolaire spécialisé (Formation au travail professionnel) qui les amènent à faire des stages en plus du curriculum général. Le programme est dense et laisse parfois peu de place à la créativité. Les habiletés, tels que la socialisation, l’expression des émotions et la communication, se font…principalement dans une classe assis sur une chaise ! Après avoir animé deux ateliers complets avec trois groupes différents, les professeurs et intervenants sont unanimes : des ateliers d’improvisation sont très positifs pour les élèves avec TSA !
Notre projet a permis de leur proposer des nouveaux outils, plus créatifs et expérientiels, pour des habiletés clés qui aideront les jeunes dans leur vie personnelle et professionnelle. Notre approche, celle de l’improvisation appliquée, leur a permis de constater que nous ne cherchons pas à faire des jeunes des grands comédiens de la Ligue nationale d’improvisation. Il s’agit plutôt d’utiliser la posture, les exercices et les jeux d’improvisation pour amener les jeunes à être plus flexibles, plus confiants et plus ouverts au monde. Tous les jeux proposés pourraient facilement être utilisés par les professeurs dans leurs cours et dans une activité spéciale. À la surprise de tous, nous n’avons pas eu à adapter les jeux d’improvisation pour qu’ils fonctionnent dans un contexte TSA.
Des nouvelles habiletés pour les jeunes
La participation des jeunes aux jeux d’improvisation proposés a été remarquable. En plus de la fierté, du plaisir et de la joie ressentis par les participants, le projet a eu un impact bien tangible sur deux habiletés clés : l’expression des émotions et les habiletés sociales.
Comme le relate l’une des stagiaires en éducation spécialisée présente à l’un des nos ateliers:
Les activités étaient simples, mais leur permettait d’apprendre à se connaître et à pratiquer certaines habiletés sociales. De plus, des élèves qui sont timides à l’habitude en classes se sont avérés être très participatifs et enjoués. Certains jeunes ont mêmes dévoilé que cette activité les avaient aidés à être moins gênés et à travailler leur gestion des émotions. J’ai été impressionné de voir les élèves se livrer autant au jeu. Certains ont même fait de grandes confidences sur leurs émotions et leurs difficultés personnelles.
En effet, notre approche à l’improvisation inclut des moments de “debrief” où nous nous servons de ce qui a émergé durant les jeux (émotions, dynamiques, etc.) comme prétexte à la discussion. Un des élèves nous a nommé à la fin de l’atelier qu’il vit au quotidien avec de la colère et que les jeux proposés lui avait permis de mieux gérer sa colère et de se libérer de quelque chose de lourd à l’intérieur. La joie pour les jeunes d’être dans un espace de liberté pour se développer et s’affirmer était un bel impact réel.
L’importance de suivre son intuition
Au final, le succès d’Improvisation libre nous a montré la force de l’intuition. Nous sommes partis tout simplement d’une idée et nous avons plongé, et ce, malgré les doutes. Huit mois après notre première rencontre marquante avec les jeunes, nous pouvons confirmer qu’il y a véritablement un potentiel entre l’improvisation et les personnes ayant un TSA. La suite du projet est en cours. Un site internet est en construction en plus d’un partenariat qui se développe avec l’organisme Spectrum Production et d’autres organismes qui font des projets semblables au Canada et aux États-Unis.
Si je dois frapper un mur, au moins je l’aurai frappé pour savoir quel est son épaisseur, sa hauteur et sa largeur. Ensuite je pourrai trouver des stratégies pour aller de l’autre côté.
- Extrait de notre journal de bord écrit avant le début des ateliers - Annick Davignon
Improvisation Libre est un projet dans le cadre des Bourses Art, philo et communautés, le premier cycle de bourses Exeko pour projets sociaux innovant en partenariat avec la CSQ, l'Esplanade, le pôle IDEOS de HEC Montréal et Rise Kombucha.
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