Par admin : 07/11/2014 - 15:04
Le 12 juin dernier, malgré une pluie battante, la première édition d'un forum dédié à l'itinérance avait lieu dans les locaux de l'église St James the Apostle.
Co organisé par L’Armée du Salut, Exeko, Face-à-Face, Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Groupe Harmonie, Maison Benoît Labre, le projet RÉSEAU, Tandem Ville-Marie, le YMCA du centre-ville, habilement coordonnés par la table d'interaction Peter Mc Gill, l'évènement se voulait réflexif autant que festif.
Plusieurs performances artistiques (rap, danse, théâtre, magie) ont eu lieu sur scène et en salle, notammment une prestation de danse d’un groupe de jeunes de l’Escale; organisme qui œuvre pour la prévention de l’itinérance chez les jeunes. Un micro ouvert était également proposé pour ceux et celles qui souhaitaient témoigner de leur expérience auprès des visiteurs. Du côté du kiosque d'Exeko, Maloup et Mathilde proposaient aux participants des portraits polaroids, Mathieu et Loic allaient à la rencontre des visiteurs, entre performance théâtrale et magie.
(C) Raquel Rodriguez
Trois ateliers de reflexion ont eu lieu, rassemblant près de 80 participants. Dans chaque atelier, une personne autochtone était présente afin de s'assurer que le point de vue des Premières Nations et Inuits était bien pris en compte dans les réflexions.
Dans la chapelle, un atelier était animé par la clinique Opus autour du thême de l'approche holistique.
Au sous sol de Saint James, Jonathan Lebire, de l'équipe Dialogue du YMCA Centre Ville, et Dorothée de Collasson, chargée de projet idAction Mobile, co animaient un atelier autour du thême de l'entraide. L'idée était ici de montrer le rôle que chacun peut jouer autour de la question de l'itinérance. Après une présentation succinte du projet square Cabot comme illustration d'un beau travail de collaboration, une image de pont était présentée aux quelques 25 participants de l'atelier, afin d'illustrer la complémentarité de chacun : si l'une des briques ou l'un des pilliers manquent au pont, celui ci ne peut tenir et franchir l'obstacle que représentent la rivière. Une métaphore des solutions à apporter à l'itinérance! Une seconde partie visait ensuite à présenter aux participants l'itinérance comme une équation, comme une somme de facteurs qui, combinés, peuvent mener à la rue. Les participants étaient invités à nommer certains de ces facteurs : addictions, problèmes de famille, rejet, perte d'emploi, rupture amoureuse... Harry Adams, d'origine Inuit, a complété par une présentation prenant en compte les spécifitcités de l'itinérance des Inuits. On remarquait ici que que ces facteurs avaient été vécus, isolément, par plusieurs d'entre nous, mais que, combinés, l'issue pouvait être plus tragique.
(C) Raquel Rodriguez
Les participants étaient ensuite amenés à nommer les grands groupes d'acteurs pouvant avoir un rôle à jouer dans la résolution de la question de l'itinérance. Policitiens, services policiers, familles, groupes religieux, personnes vivant la problématique, organismes... Chacun devait ensuite aller positionner, à l'aide de post-it colorés, ses attentes par rapport à ce groupe. Fait intéressant, nous remarquons ensemble que personne n'a mentionné le groupe auquel il appartient lui même... On a souvent tendance à penser que ce sont les autres qui doivent agir, sans se sentir responsabilisé soi-même.
Ainsi, la dernière partie de l'atelier était consacré à l'apport personnel. Tous les participants ont reçu un morceau de casse-tête géant, où inscrire leur apport propre : ne pas ignorer l'autre, sourire, faire preuve d'empathie, conscientiser amis et famille, rester à l'écoute... Tous les morceaux étaient ensuite assemblés, et lorsque l'on retournait le casse tête, un immense message - une piste de solution? - apparaissait : it takes a village to raise a Child, ca prend un village pour élever un enfant.
(C) Raquel Rodriguez
Enfin, dans une troisième petite salle, Jani et Fred, médiateurs d'Exeko, animaient un atelier sur l’identité. Quelques semaines plus tôt, notre binôme était allé récolter des profils de participants, de collègues, d'amis, sur des fiches d'identités comportants des rubriques classiques (nom, adresse, âge...) mais aussi plus insolites (souvenirs marquants de l'enfance, rêves et ambitions...). Ces fiches comportaient toutes une photo. Plusieurs d'entre elles avaient été remplies par des Autochtones en situation d'itinérance. Entièrement vidées à l'exception de la photo, ces fiches étaient remise au forum à la quinzaine de participants de l'atelier qui, individuellement d'abord, puis en groupe, devaient remplir, d'après la photo, la fiche de ces individus. Une bonne façon d'aborder la question des préjugés, de l'apparence, de ce que doit être l'identité. Les réels profils étaient ensuite présentés, par les médiateurs ou, mieux encore, par les personnes identifiées elles mêmes, dont deux étaient présentes à l'atelier.
(c) Armée du Salut
A l'issue des ateliers, une pochette a été remise à chaque participant, contenant notamment de l'information sur les différents organismes et façons de s'impliquer.
L'évènement s'est distingué par le grand nombre de visiteurs de tous horizons qui sont venus s'y promener, rencontrer les kiosques, manger un morceau, ou encore échanger sur des sujets variés. Une première édition reconnue unaninement comme un succès, un évènement à reconduire!
Un remerciement tout particulier à tous les bénévoles et à leur dévouement qui permet la réalisation de rencontres comme celle-ci, à la fois inspirante et rassurante quant à la mobilisiation autour du problème de l'itinérance, à Montréal et ailleurs!