Par admin : 02/27/2014 - 15:46
Par Clara Tourneur, bénévole idAction Mobile
Mercredi 26 février 2014
Médiateur : Fred
Bénévoles : Jennifer et Clara
Lieux : métro Place des Arts, St Michael’s Mission et métro Mc Gill.
Notre premier arrêt fut au métro Place des Arts. Une vingtaine de personnes se trouvaient sur les hauteurs des voies de métro, hommes et femmes de tous âges. Certains connaissaient déjà Fred et Exeko. A partir d’un café et d’un échange de matériel de papeterie (cahiers de dessins, crayons de couleurs, stylos, etc.) un atelier origami s’est mis en place. Des avions en papiers ont commencé à voler au dessus de nos têtes ! Plusieurs dessins ont été réalisés, dont certains pour remercier Exeko !
Pour ma part, je suis restée à discuter avec « D’Artagnan », un homme de bientôt 42 ans, vivant anciennement dans la rue. D’Artagnan se surnomme ainsi car il « défend la veuve et l’orphelin ». Il explique ne pas supporter l’injustice et la violence faite aux femmes. D’Artagnan a une philosophie de vie : chaque action implique une réaction qui entraine une conséquence : si tu fais une bonne action (« comme vous le faîtes actuellement »), les personnes en face de toi auront une bonne réaction qui entrainera de bonnes conséquences (« vous nous donnez le sourire »). Et inversement. D’Artagnan m’explique que si j’étais venue vers lui en « gueulant », il aurait eu une réaction défensive et m’aurait repoussé. Mauvaise action, mauvaise conséquences. Il résume notre discussion par cette phrase : « je préfère venir voir les gens dans la rue que d’aller vers les citoyens ». Il m’explique que par citoyen, il considère toutes les personnes qui ne sont pas dans la rue, « ceux qui ont des biens ». Selon lui, ce qui est important n’est pas dans les poches, ni dans la tête, mais dans le cœur. Savoir écouter l’autre et la chose la plus importante pour lui.
Après être restés une heure et demie à discuter/colorier/plier/dessiner, un couple de policier est venu vérifier la présence d’alcool et/ou de drogues. Après s'être vues confisquer quelques bouteilles de bières, les personnes en situation d’itinérance sont parties, malgré le souhait des policiers qu’ils restent ici. Ils ont expliqué être une brigade détachée au métro pour les personnes en situation d’itinérance. Les policiers les autorisent à rester dans le métro par ces températures et ne sont pas là pour les « chasser ». Ils vérifient la consommation d’alcool, car selon eux, certaines personnes trop fortement alcoolisées ne peuvent plus se mouvoir, ou se mettent en danger. Un des deux policiers nous a remercié pour notre action.
Après cet épisode au métro Place des Arts, un petit carton de la mission Saint Michael nous attendait sur le pare brise du camion. Georges nous attendait ! Georges W. Greene est le directeur exécutif du Toît Rouge et avait « entendu des choses très positives » sur l’Exeko. La mission accueille près de 204 personnes par jour pour le petit déjeuner et le déjeuner. Elle fourni de même un vestiaire, des douches, ou encore des produits de première nécessité. Georges explique que la mission nourrit l’estomac, mais pas l’esprit et c’est pour cela qu’il souhaite mettre en place un échange avec Exeko, pour « nourrir le cerveau ». Selon lui, « l’itinérance n’est pas une fin », et il essaye de « donner un sens à la vie de quelqu’un qui est dans la rue ». « Pour changer le monde, il faut se connaitre les uns les autres et surtout apprendre à prendre soin de l’autre ».
Georges nous a montré un mur rempli de dessins réalisés par les personnes en situation d’itinérance. Il nous fait remarquer que les couleurs sont très gaies, à la différence avec « l’extérieur ». Après échanges de coordonnées, Georges recontactera Exeko pour mettre en place un échange. Cette discussion fut réellement très enrichissante. Georges a une vision de l’itinérance très claire et très bienveillante. Il est très sensible à l’expression par les arts plastiques et souhaite développer ce genre d’atelier à la mission. Projet à suivre !
Georges, entouré de dessins (C) Exeko
Après un ravitaillement de fournitures, nous nous sommes arrêtés au métro Mc Gill. Une petite dizaine de personnes étaient présentes. Nous avons échangé des livres avec deux personnes, et recroisé Dominique avec qui nous avions eu la dernière fois une discussion sur le langage et la pensée.
Journée très différentes des précédentes, mais tout aussi enrichissante. Deux coups de cœur : Georges et D’Artagnan. L’un porte une cravate, l’autre un gros blouson de cuir, mais ces deux hommes ont la même chose dans leur cœur : l’humanité et l’amour de l’autre. Deux grands hommes.