Texte : Wissam Yassine
Photo d'en tête : Audrey-Lise Mallet
Après 2 années de consultation, d’analyse, de recherche, d'expérimentation et de développement, notre projet IncluVIsion (1) franchit une nouvelle étape et se lance un nouvel objectif : la transformation sociale du milieu de la santé oculovisuelle.
En effet, deux années d’exploration auront permis de mesurer toute la complexité de la question de l’accessibilité des soins de la vue pour les personnes en situation d’exclusion. Nous avons nommé les facteurs endogènes (manque d’outils de compréhension des réalités de l’exclusion) et exogènes (manque de programme de sensibilisation, barrières administratives, psychologiques, économiques, logistiques et géographiques) qui représentent un obstacle à cette accessibilité-ci et avons cherché des éléments de réponse à ces facteurs limitants.
C'est dans ce contexte que nous proposons de créer des espaces de soins où médiateurs et médiatrices, porteur et porteuse de notre posture éthique, joignent leur force à des acteurs et actrices de la santé oculovisuel. En jumelant la pratique de la médiation intellectuelle aux soins de la vue, nous souhaitons transformer la pratique de l’optométrie pour qu’elle devienne, à son tour, un prétexte à une transformation sociale à la fois inclusive et émancipatrice. En mettant en évidence le lien entre l’accessibilité à la vue comme levier d’accessibilité au savoir et à la culture nous souhaitons élargir les champs d’impact des soins oculovisuels.
(c) Mescalinart Peyolt pour Exeko
Il ne s’agit donc plus uniquement d’offrir des soins de première ligne : il s’agit d’humaniser les soins. En proposant une série de formations et d’ateliers sur les pratiques inclusives en optométrie nous voulons valoriser notre posture éthique pour alléger la pression qui pèse sur les services de soins oculovisuels de première ligne, les aider à adapter leurs pratiques et démystifier la relation soignant.e.s - patient.e.s.
En jumelant nos pratiques, c’est aussi la dimension complémentaire des activités artistiques et sanitaires que nous souhaitons démontrer : “Les arts offrent un moyen d'améliorer la santé et le bien-être tandis que la santé offre une voie vers les arts qui peut aider à surmonter les inégalités persistantes.” et ce constat est d’autant plus important dans les milieux où l’exclusion sociale et économique sont de mises.
Nous croyons fermement que voir est plus qu’un simple acte de soin : c’est une porte ouverte vers plus d’inclusion social. Notre quotidien nous le confirme jour après jour, les personnes à expérience vécue, à risque ou en situation d’exclusion sont souvent les personnes ayant un faible niveau de bien-être, une moins bonne santé et une espérance de vie plus faible. En adoptant la définition de la santé de l'organisation de modiale de la santé (OMS) : “La santé est un état de bien-être complet physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité”, nous mettons en avant la compréhension positive et holistique de ce que signifie être en santé dans le corps, l'esprit et la communauté. Nous considérons que l’accès aux arts et à la culture représente un élément primordiale pour atteindre le bien-être des personnes.
Chez Exeko comme chez ses partenaires, incluVIsion reflète le désir de sortir des pratiques courantes en valorisant l’inter-reconnaissance, l’intersectorialité et la complémentarité.
(c) Audrey-Lise Mallet pour Exeko
(1) IncluVision est un projet de santé communautaire issu du laboratoire d’innovation sociale d’Exeko, et vise à favoriser l’accessibilité à la vue comme levier d'accessibilité au savoir et à la culture chez la population à expérience vécue, à risque ou en situation d’exclusion, migrant.e.s à statut précaire et personnes sans papiers.
Ce projet est réalisé en collaboration avec la clinique mobile Regard Collectif, l'école d'optométrie de l'Université de Montréal et avec le soutien de Greenshield et de la fondation McConnell.
Un gros merci à eux!