idAction mobile: L’arbre des solutions / The tree of solutions

Par / by Maude Blanchet-Léger

| ENGLISH VERSION |

 

Le vendredi 31 juillet, j’arrive vers 11h45 au bureau et je monte rejoindre Thierry, avec qui j’étais heureuse de passer l’après-midi, puisque le dernier atelier à boulot vers auquel j’ai assisté avec lui s’était très bien déroulé. Il m’explique l’idée d’activité qu’il a eue; nous pourrions découper des carrés de toile sur lesquels les personnes écriraient d’un côté un problème que nous avons dans la société et de l’autre côté, une solution à ce problème. Nous accrocherions ensuite les deux morceaux de canvas sur les branches d’un arbre qui se retrouve dans leur milieu de vie, décorant ainsi leur environnement de manière éphémère. Cool!  On découpe la toile et on rassemble tout le matériel pour se rendre à la van. Avant d’aller au parc, on fait un arrêt au supermarché afin d’acheter de la corde et plus de crayons et voilà, nous sommes prêt.es!

En arrivant au Parc Martin Luther-King, je réalise que nous ne manquerons probablement pas de participant.es. Je connais très peu le quartier et je suis un peu déconcertée de voir autant de personnes en situation d’itinérance. 

Il fait nuageux avec des percées de soleil; c’est la température parfaite pour un atelier à l’extérieur. Nous commençons à sortir le matériel de la van et une personne vient nous parler.  Elle nous demande si on a de la nourriture, non, mais on organise un atelier, on lui donne une bouteille d’eau et un masque. Elle nous demande ce que nous faisons et on lui explique qu’on vient réfléchir avec les gens et on lui parle de l’atelier. Elle nous conseille de ne pas rester de ce côté du parc, parce que c’est trop triste de voir tout ça et elle nous suggère d’aller de l’autre côté où c’est plus familial. Thierry lui répond que nous allons tout de même commencer ici, essayer de ce côté d’abord, parce que nous croyons que ces personnes ont aussi des choses importantes à dire.

Nous installons la table et je fais la pancarte L’arbre des solutions et une van de bouffe arrive: tout le monde se sert. Une fois installé.es, un homme vient tout de suite vers nous et nous raconte un peu sa vie et fait des blagues. Il a vécu dans plusieurs pays et il est d’origine thaïlandaise. Il dit « moi pas québécois, moé québécoué » en se frappant sur le torse et en riant et on rit avec lui. Son autre blague préférée c’est qu’ici, le loyer est gratuit. Thierry et moi lui expliquons l’atelier, mais il a un sursaut et recule lorsqu’on lui propose d’écrire quelque chose. Il ne doit pas avoir l’habitude de se faire demander son avis et même s’il a pourtant beaucoup de choses à dire, il ne veut pas participer. Il nous accompagne tout de même tout au long de notre présence dans le parc.

Juste en face du parc se trouve une cafétéria communautaire. Une femme qui y travaille vient nous jaser, elle connait pas mal de gens ici. Un autre homme, Bruno*, connait déjà Exeko et il se souvient de Dukakis qui était venu la semaine passée. Il veut participer à l’atelier, mais demande à Thierry d’écrire ses idées pour lui. Il exprime que selon lui, le problème ici (en faisant un geste de main vers tout le parc) c’est qu’il y a trop de crack, mais que la police ne prend pas les bonnes actions et pénalisent les gens au lieu d’aller à la source du problème.

Bruno nous dit aussi que les autorités ont interdit l’accès aux salles de bain du parc à cause de la pandémie, donc les personnes vivant dans le parc n’ont nul part d’autre où aller que dans le jeu d’eau pour enfants afin de se laver. Il suggère donc de rendre accessible plus d’installations de besoins de base pour les personnes sans-abris.

Une autre personne souhaite participer; elle amène des crayons et s’installe sur l’herbe pour écrire à côté de son fils qui mange du mcdo. Elle écrit que les enfants et les familles ne se sentent pas les bienvenus dans certaines parties du parc et qu’il faudrait faire de ce parc un endroit pour tout le monde. Elle demande ensuite à Thierry d’accrocher sa création dans l’arbre pour elle.

                

Pendant ce temps, les bouteilles d’eau partent vite et l’arbre est maintenant bien décoré. En partant, Bruno nous remercie avec un grand sourire et nous demande si on va revenir bientôt. Pendant que nous rangeons le matériel dans la van, un jeune homme s’arrête pour nous demander ce que nous faisons et qu’elle est notre mission. Il s’implique dans la cafétéria d’en face et souhaiterait faire plus bénévolat. Il semble vraiment intéressé et nous dit qu’il contactera Exeko. On roule direction métro Parc et en quittant, Bruno nous envoie des bisous de la main.

En arrivant au métro Parc, je remarque un rassemblement de gens, plus nombreux cette fois. Les bouteilles d’eau et les masques partent encore plus vite, mais quelques personnes restent pour nous parler. 

Un homme se prononce sur la crise du logement et de sa difficulté à trouver quoique ce soit d’abordable et de salubre. Thierry propose donc d’écrire que la solution serait de bâtir plus de logements sociaux et l’homme est d’accord avec cette idée. Il nous parle aussi d’un événement récent où des gens occupaient l’espace sur le long de la rue Notre-Dame dans des tentes, faute de refuge. Le campement était toléré jusqu’à ce que tout le monde soit tassé par les autorités. Il suggère aux campeurs d’accrocher une banderole devant leur terrain afin de rendre leur geste et leur lutte plus explicite et de la légitimer. Thierry et moi trouvons que c’est une excellente idée!

Au même moment, je parle avec une autre personne qui arrive avec beaucoup d’enthousiasme. Lui, il veut de la bouffe pour tous! Il propose la création de plus de banques alimentaires et d’encourager les restaurants et les gens à moins gaspiller de nourriture et à donner plus aux banques. J’accroche par la suite ses idées dans l’arbre derrière nous.

                 

Puisque nous n’avions plus de bouteilles d’eau, que le soleil sortait et qu’il commençait à faire très chaud, je suis allée en acheter au supermarché à côté du métro.

En revenant, un homme s’approche timidement et nous le saluons. Une fois qu’il a su ce que nous faisions, il en avait beaucoup à dire. Il nous parle de la paix intérieure et de comment les gens ne sont pas à l’écoute des autres, mais aussi d’eux-même. À la fin de notre conversation, il nous remercie et avoue que ça lui a fait beaucoup de bien de se vider le coeur. Je tente de résumer ses pensées en deux phrases et je les accroche dans l’arbre.

Dix minutes plus tard, l’homme avec qui nous parlions de la crise du logement revient avec un article de journal de la veille sur l’événement en question. Il semble vraiment outré par l’expulsion du campement et nous sommes tous les trois d’accord qu’il s’agit d’une décision complètement illogique, car ces gens n’ont nul part d’autre où aller et leur situation est encore plus difficile depuis la pandémie. En faisant ceci, on ne fait que réprimer une fois de plus ceux et celles qui ont le plus besoin d’aide. Après une discussion d’une dizaine de minutes, il nous remercie et nous dit « lâchez pas, j’aime vraiment ça ce que vous faites. »

Il est temps de partir, alors on range le matériel et on désinfecte le tout une dernière fois. En marchant vers la van et sur le chemin du retour, Thierry et moi parlons des réactions des participant.es. Nous savons qu’au moins trois ont aimé notre atelier et nous ont directement remercié et plusieurs semblaient vraiment content.es de nous voir. J’espère que cette activité a pu leur apporter un moment de réflexion, mais aussi un petit temps de repos, voire de distraction dans leur journée.

 

*Les noms utilisés dans le texte sont fictifs et ont été changés pour préserver l’anonymat.

Toutes les photos de l'article sont l'oeuvre de l'autrice, Maude Blanchet Léger.

idAction mobile: The tree of solutions

On Friday, July 31, I arrive at around 11:45 am at the office and I go upstairs to join Thierry, with whom I was happy to spend the afternoon, since the last work workshop that I attended with him went very well. He explains to me the idea he had for today’s activity; we could cut out squares of canvas where people could write on one side a problem we have in our society and a solution to that problem on the other side. We would then hang the two pieces of canvas on the branches of a tree that is found in their living environment, thus decorating their living space in an ephemeral way. Cool! We cut the canvas and collect all the material to get to the van. Before heading to the park, we stop at the supermarket to buy some rope and more pencils and voila, we are ready!

Arriving at Martin Luther-King Park, I realize that we will probably not run out of participants. I don’t know anything about this neighborhood and I am a little surprised to see so many homeless people.

It is cloudy with bursts of sun; it’s the perfect temperature for an outdoor workshop. We start to take the equipment out of the van and right away someone comes to talk to us. She asks us if we have food, no, but we’re organizing a workshop, we give her a bottle of water and a mask. She asks us what we are doing and we explain to her that we are here to reflect on society with people and we talk to her about the workshop. She advises us not to stay on this side of the park, because it's too sad to see all of this and she suggests that we go to the other side where it's more family-friendly. Thierry tells her we're going to start here anyway, try this side first, because we think these people have important things to say too.

We set up the table and I put up the Tree of solutions sign and a food van arrives: everyone helps themselves. Once installed, a man comes immediately towards us and tells us a bit about his life and makes jokes. He has lived in several countries and is from Thailand. He says "moi pas québécois, moé québécoué", slapping himself on the chest and laughing and we laugh with him. His other favorite joke is that the rent here is free. Thierry and I explain the workshop to him, but he gasps and pulls back when asked if he wants to write something. He is probably not used to being asked for his opinion and although he does have a lot to say, he doesn't want to participate. Nonetheless, he stays with us throughout our presence in the park.

Right in front of the park is a community cafeteria. A woman who works there comes to talk to us, she seems to know a lot of people around here. Another man, Bruno*, already knows Exeko and he remembers Dukakis who came last week. He wants to participate in the workshop, but asks Thierry to write down his ideas for him. He expresses that according to him, the problem here (waving his hand towards the whole park) is that there is too much crack, but that the police do not take the right actions and penalizes the people instead of going to the root of the problem. Bruno also tells us that the authorities have banned access to the bathrooms in the park due to the pandemic, so the people who live in the park have nowhere else to go than in the water fountains made for children in order to wash themselves. He then suggests that we need to make more basic facilities accessible to homeless people.

Another person wishes to participate; she brings pencils and settles on the grass to write next to her son who is eating mcdonalds. She writes that children and families do not feel welcome in some areas of the park and that this park should be made a place for everyone. She then asks Thierry to hang her creation in the tree for her.

    

Meanwhile, the water bottles are almost all gone and the tree is now nicely decorated. Before leaving, Bruno thanks us with a big smile and asks us if we will be back soon. While we are packing the equipment into the van, a young man stops, wondering what we are doing and what our mission is. He is doing volunteering in the cafeteria across the street and would like to do more. He seems really interested and says that he will contact Exeko. We drive towards metro Parc and when leaving, Bruno blows us kisses.

When we get to the metro Parc, I notice a gathering of people, more numerous this time. The water bottles and masks run out even faster, but a few people stay to talk to us.

A man speaks out on the housing crisis and how it’s difficulty for him to find anything affordable and sanitary. Thierry therefore proposes to write that the solution would be to build more social housing and the man agrees with this idea. He also tells us about a recent event where people occupied the space along Notre-Dame Street in tents, because of a lack of shelter. The campement was tolerated until they were evacuated by the authorities. He suggests that the campers could hang a banner in front of their site in order to make their gesture and their situation more explicit and to legitimize it. Thierry and I think this is a great idea! As he leaves, he thanks us and says "keep it going, I really like what you do. "

At the same time, another person arrives with great enthusiasm and I start speaking with him. He wants food for everyone! He proposes to create more food banks and to encourage restaurants and people to waste less food and to donate more to those banks. I then hang his ideas in the tree behind us.

 

 

Since we had run out of water bottles, the sun was coming out and it was getting very hot, I went to buy some more from the supermarket next to the metro.

Coming back, a man approaches timidly and we greet him. Once he found out what we were doing, he had a lot to say. He tells us about inner peace and how people are not listening to others, but also to themselves. At the end of our conversation, he thanks us and admits that it did him a lot of good to talk with us. I try to sum up his thoughts in two sentences and hang them in the tree.

Ten minutes later, the man we were talking to about the housing crisis returns with a newspaper article from the day before about the event. He seems genuinely outraged by the expulsion of the campers and the three of us all agree that this is a completely illogical decision, as these people have nowhere else to go and their situation is even more difficult since the pandemic. By doing this, we only repress once again those who need help the most.

 

It is now time to go, so we put the equipment away and disinfect it one last time. Walking towards the van and on the way back, Thierry and I talk about the reactions of the participants. We know that at least three people liked our workshop and thanked us personally and several seemed really happy to see us. I hope this activity gave them a moment of reflection, but also a little time to rest, or even a small distraction in their day.

 

*Names in the text have been changed in order to keep anonymity.

Every pictures are credited to the author, Maude Blanchet-Léger.  

idAction mobile: L’arbre des solutions / The tree of solutions

Par / by Maude Blanchet-Léger

| ENGLISH VERSION |

 

Le vendredi 31 juillet, j’arrive vers 11h45 au bureau et je monte rejoindre Thierry, avec qui j’étais heureuse de passer l’après-midi, puisque le dernier atelier à boulot vers auquel j’ai assisté avec lui s’était très bien déroulé. Il m’explique l’idée d’activité qu’il a eue; nous pourrions découper des carrés de toile sur lesquels les personnes écriraient d’un côté un problème que nous avons dans la société et de l’autre côté, une solution à ce problème. Nous accrocherions ensuite les deux morceaux de canvas sur les branches d’un arbre qui se retrouve dans leur milieu de vie, décorant ainsi leur environnement de manière éphémère. Cool!  On découpe la toile et on rassemble tout le matériel pour se rendre à la van. Avant d’aller au parc, on fait un arrêt au supermarché afin d’acheter de la corde et plus de crayons et voilà, nous sommes prêt.es!

En arrivant au Parc Martin Luther-King, je réalise que nous ne manquerons probablement pas de participant.es. Je connais très peu le quartier et je suis un peu déconcertée de voir autant de personnes en situation d’itinérance. 

Il fait nuageux avec des percées de soleil; c’est la température parfaite pour un atelier à l’extérieur. Nous commençons à sortir le matériel de la van et une personne vient nous parler.  Elle nous demande si on a de la nourriture, non, mais on organise un atelier, on lui donne une bouteille d’eau et un masque. Elle nous demande ce que nous faisons et on lui explique qu’on vient réfléchir avec les gens et on lui parle de l’atelier. Elle nous conseille de ne pas rester de ce côté du parc, parce que c’est trop triste de voir tout ça et elle nous suggère d’aller de l’autre côté où c’est plus familial. Thierry lui répond que nous allons tout de même commencer ici, essayer de ce côté d’abord, parce que nous croyons que ces personnes ont aussi des choses importantes à dire.

Nous installons la table et je fais la pancarte L’arbre des solutions et une van de bouffe arrive: tout le monde se sert. Une fois installé.es, un homme vient tout de suite vers nous et nous raconte un peu sa vie et fait des blagues. Il a vécu dans plusieurs pays et il est d’origine thaïlandaise. Il dit « moi pas québécois, moé québécoué » en se frappant sur le torse et en riant et on rit avec lui. Son autre blague préférée c’est qu’ici, le loyer est gratuit. Thierry et moi lui expliquons l’atelier, mais il a un sursaut et recule lorsqu’on lui propose d’écrire quelque chose. Il ne doit pas avoir l’habitude de se faire demander son avis et même s’il a pourtant beaucoup de choses à dire, il ne veut pas participer. Il nous accompagne tout de même tout au long de notre présence dans le parc.

Juste en face du parc se trouve une cafétéria communautaire. Une femme qui y travaille vient nous jaser, elle connait pas mal de gens ici. Un autre homme, Bruno*, connait déjà Exeko et il se souvient de Dukakis qui était venu la semaine passée. Il veut participer à l’atelier, mais demande à Thierry d’écrire ses idées pour lui. Il exprime que selon lui, le problème ici (en faisant un geste de main vers tout le parc) c’est qu’il y a trop de crack, mais que la police ne prend pas les bonnes actions et pénalisent les gens au lieu d’aller à la source du problème.

Bruno nous dit aussi que les autorités ont interdit l’accès aux salles de bain du parc à cause de la pandémie, donc les personnes vivant dans le parc n’ont nul part d’autre où aller que dans le jeu d’eau pour enfants afin de se laver. Il suggère donc de rendre accessible plus d’installations de besoins de base pour les personnes sans-abris.

Une autre personne souhaite participer; elle amène des crayons et s’installe sur l’herbe pour écrire à côté de son fils qui mange du mcdo. Elle écrit que les enfants et les familles ne se sentent pas les bienvenus dans certaines parties du parc et qu’il faudrait faire de ce parc un endroit pour tout le monde. Elle demande ensuite à Thierry d’accrocher sa création dans l’arbre pour elle.

                

Pendant ce temps, les bouteilles d’eau partent vite et l’arbre est maintenant bien décoré. En partant, Bruno nous remercie avec un grand sourire et nous demande si on va revenir bientôt. Pendant que nous rangeons le matériel dans la van, un jeune homme s’arrête pour nous demander ce que nous faisons et qu’elle est notre mission. Il s’implique dans la cafétéria d’en face et souhaiterait faire plus bénévolat. Il semble vraiment intéressé et nous dit qu’il contactera Exeko. On roule direction métro Parc et en quittant, Bruno nous envoie des bisous de la main.

En arrivant au métro Parc, je remarque un rassemblement de gens, plus nombreux cette fois. Les bouteilles d’eau et les masques partent encore plus vite, mais quelques personnes restent pour nous parler. 

Un homme se prononce sur la crise du logement et de sa difficulté à trouver quoique ce soit d’abordable et de salubre. Thierry propose donc d’écrire que la solution serait de bâtir plus de logements sociaux et l’homme est d’accord avec cette idée. Il nous parle aussi d’un événement récent où des gens occupaient l’espace sur le long de la rue Notre-Dame dans des tentes, faute de refuge. Le campement était toléré jusqu’à ce que tout le monde soit tassé par les autorités. Il suggère aux campeurs d’accrocher une banderole devant leur terrain afin de rendre leur geste et leur lutte plus explicite et de la légitimer. Thierry et moi trouvons que c’est une excellente idée!

Au même moment, je parle avec une autre personne qui arrive avec beaucoup d’enthousiasme. Lui, il veut de la bouffe pour tous! Il propose la création de plus de banques alimentaires et d’encourager les restaurants et les gens à moins gaspiller de nourriture et à donner plus aux banques. J’accroche par la suite ses idées dans l’arbre derrière nous.

                 

Puisque nous n’avions plus de bouteilles d’eau, que le soleil sortait et qu’il commençait à faire très chaud, je suis allée en acheter au supermarché à côté du métro.

En revenant, un homme s’approche timidement et nous le saluons. Une fois qu’il a su ce que nous faisions, il en avait beaucoup à dire. Il nous parle de la paix intérieure et de comment les gens ne sont pas à l’écoute des autres, mais aussi d’eux-même. À la fin de notre conversation, il nous remercie et avoue que ça lui a fait beaucoup de bien de se vider le coeur. Je tente de résumer ses pensées en deux phrases et je les accroche dans l’arbre.

Dix minutes plus tard, l’homme avec qui nous parlions de la crise du logement revient avec un article de journal de la veille sur l’événement en question. Il semble vraiment outré par l’expulsion du campement et nous sommes tous les trois d’accord qu’il s’agit d’une décision complètement illogique, car ces gens n’ont nul part d’autre où aller et leur situation est encore plus difficile depuis la pandémie. En faisant ceci, on ne fait que réprimer une fois de plus ceux et celles qui ont le plus besoin d’aide. Après une discussion d’une dizaine de minutes, il nous remercie et nous dit « lâchez pas, j’aime vraiment ça ce que vous faites. »

Il est temps de partir, alors on range le matériel et on désinfecte le tout une dernière fois. En marchant vers la van et sur le chemin du retour, Thierry et moi parlons des réactions des participant.es. Nous savons qu’au moins trois ont aimé notre atelier et nous ont directement remercié et plusieurs semblaient vraiment content.es de nous voir. J’espère que cette activité a pu leur apporter un moment de réflexion, mais aussi un petit temps de repos, voire de distraction dans leur journée.

 

*Les noms utilisés dans le texte sont fictifs et ont été changés pour préserver l’anonymat.

Toutes les photos de l'article sont l'oeuvre de l'autrice, Maude Blanchet Léger.

idAction mobile: The tree of solutions

On Friday, July 31, I arrive at around 11:45 am at the office and I go upstairs to join Thierry, with whom I was happy to spend the afternoon, since the last work workshop that I attended with him went very well. He explains to me the idea he had for today’s activity; we could cut out squares of canvas where people could write on one side a problem we have in our society and a solution to that problem on the other side. We would then hang the two pieces of canvas on the branches of a tree that is found in their living environment, thus decorating their living space in an ephemeral way. Cool! We cut the canvas and collect all the material to get to the van. Before heading to the park, we stop at the supermarket to buy some rope and more pencils and voila, we are ready!

Arriving at Martin Luther-King Park, I realize that we will probably not run out of participants. I don’t know anything about this neighborhood and I am a little surprised to see so many homeless people.

It is cloudy with bursts of sun; it’s the perfect temperature for an outdoor workshop. We start to take the equipment out of the van and right away someone comes to talk to us. She asks us if we have food, no, but we’re organizing a workshop, we give her a bottle of water and a mask. She asks us what we are doing and we explain to her that we are here to reflect on society with people and we talk to her about the workshop. She advises us not to stay on this side of the park, because it's too sad to see all of this and she suggests that we go to the other side where it's more family-friendly. Thierry tells her we're going to start here anyway, try this side first, because we think these people have important things to say too.

We set up the table and I put up the Tree of solutions sign and a food van arrives: everyone helps themselves. Once installed, a man comes immediately towards us and tells us a bit about his life and makes jokes. He has lived in several countries and is from Thailand. He says "moi pas québécois, moé québécoué", slapping himself on the chest and laughing and we laugh with him. His other favorite joke is that the rent here is free. Thierry and I explain the workshop to him, but he gasps and pulls back when asked if he wants to write something. He is probably not used to being asked for his opinion and although he does have a lot to say, he doesn't want to participate. Nonetheless, he stays with us throughout our presence in the park.

Right in front of the park is a community cafeteria. A woman who works there comes to talk to us, she seems to know a lot of people around here. Another man, Bruno*, already knows Exeko and he remembers Dukakis who came last week. He wants to participate in the workshop, but asks Thierry to write down his ideas for him. He expresses that according to him, the problem here (waving his hand towards the whole park) is that there is too much crack, but that the police do not take the right actions and penalizes the people instead of going to the root of the problem. Bruno also tells us that the authorities have banned access to the bathrooms in the park due to the pandemic, so the people who live in the park have nowhere else to go than in the water fountains made for children in order to wash themselves. He then suggests that we need to make more basic facilities accessible to homeless people.

Another person wishes to participate; she brings pencils and settles on the grass to write next to her son who is eating mcdonalds. She writes that children and families do not feel welcome in some areas of the park and that this park should be made a place for everyone. She then asks Thierry to hang her creation in the tree for her.

    

Meanwhile, the water bottles are almost all gone and the tree is now nicely decorated. Before leaving, Bruno thanks us with a big smile and asks us if we will be back soon. While we are packing the equipment into the van, a young man stops, wondering what we are doing and what our mission is. He is doing volunteering in the cafeteria across the street and would like to do more. He seems really interested and says that he will contact Exeko. We drive towards metro Parc and when leaving, Bruno blows us kisses.

When we get to the metro Parc, I notice a gathering of people, more numerous this time. The water bottles and masks run out even faster, but a few people stay to talk to us.

A man speaks out on the housing crisis and how it’s difficulty for him to find anything affordable and sanitary. Thierry therefore proposes to write that the solution would be to build more social housing and the man agrees with this idea. He also tells us about a recent event where people occupied the space along Notre-Dame Street in tents, because of a lack of shelter. The campement was tolerated until they were evacuated by the authorities. He suggests that the campers could hang a banner in front of their site in order to make their gesture and their situation more explicit and to legitimize it. Thierry and I think this is a great idea! As he leaves, he thanks us and says "keep it going, I really like what you do. "

At the same time, another person arrives with great enthusiasm and I start speaking with him. He wants food for everyone! He proposes to create more food banks and to encourage restaurants and people to waste less food and to donate more to those banks. I then hang his ideas in the tree behind us.

 

 

Since we had run out of water bottles, the sun was coming out and it was getting very hot, I went to buy some more from the supermarket next to the metro.

Coming back, a man approaches timidly and we greet him. Once he found out what we were doing, he had a lot to say. He tells us about inner peace and how people are not listening to others, but also to themselves. At the end of our conversation, he thanks us and admits that it did him a lot of good to talk with us. I try to sum up his thoughts in two sentences and hang them in the tree.

Ten minutes later, the man we were talking to about the housing crisis returns with a newspaper article from the day before about the event. He seems genuinely outraged by the expulsion of the campers and the three of us all agree that this is a completely illogical decision, as these people have nowhere else to go and their situation is even more difficult since the pandemic. By doing this, we only repress once again those who need help the most.

 

It is now time to go, so we put the equipment away and disinfect it one last time. Walking towards the van and on the way back, Thierry and I talk about the reactions of the participants. We know that at least three people liked our workshop and thanked us personally and several seemed really happy to see us. I hope this activity gave them a moment of reflection, but also a little time to rest, or even a small distraction in their day.

 

*Names in the text have been changed in order to keep anonymity.

Every pictures are credited to the author, Maude Blanchet-Léger.  

L'envie d'agir - un tête à tête avec Amandine Gazut

Après 1 an passé avec nous à l'équipe des programmes et projets, Amandine Gazut reprend sa route vers de nouvelles aventures. Elle a accordé à ÉponineVerney-Carron une entrevue sincère sur son expérience, son arrivée, ses apprentissages.

- temps de lecture 6 minutes -

 

Qu'est-ce que tu faisais chez Exeko?

J'étais agente de projets jusqu'à la semaine passée (semaine qui marquait la fin de mon programme d'échange), mon mandat principal étant de coordonner les différents projets idAction à Montréal avec les jeunes, de créer ou de consolider des partenariats. À côté de ça, j'ai eu l'opportunité de développer ma passion pour l'audiovisuel, en apportant mon aide aux communications, avec de la vidéo notamment. En tant qu'autodidacte dans ce domaine, j'ai pu ainsi valoriser mes compétences grâce à Exeko, et je peux maintenant les mettre en avant à travers ces expériences. 

Ton expérience terrain la plus récente: les haltes-répit.

J'ai été présente sur les haltes-répit depuis leur ouverture (NB: des lieux ouverts lors du confinement par la Ville, coordonnés pour deux d’entre eux par Exeko, pour accueillir les personnes en situation d’itinérance), à raison de deux ou trois shifts par semaine en moyenne, puis en coordination les fins de semaine.

Ce qui m'a vraiment marqué fût de voir qu'il s'agissait d'un réel besoin pour les personnes en situation d'itinérance d'avoir un lieu disponible, en journée, pour pouvoir se reposer de façon sécuritaire. On l'a bien remarqué avec le nombre de personnes qui était comptabilisé à l'entrée, surtout au début de la mise en place des haltes-répit puisqu’à ce moment-là il faisait vraiment très froid. Certains jours, il y avait même des files d'attente pour que les gens puissent avoir accès à une chaise. 

J’ai été frappé de réaliser qu'on peut rendre n'importe quel lieu hyper accueillant, juste avec de l'échange et de la bienveillance. Par exemple, j'ai surtout travaillé dans le hall de la Grande Bibliothèque, qui n'est pas forcément ce qu'il y a de plus accueillant au premier coup d’œil pour s’y reposer : c’est un espace très grand, très haut, avec beaucoup d’écho et juste des chaises espacées de deux mètres… Mais avec toute l'équipe sur place, que ce soit les coordonnateur.rice.s, les agent.e.s de sécurité ou les bénévoles, on est arrivé à créer un espace bienveillant où tout le monde se sentait bien. Moi, en y allant, j'avais vraiment le goût de faire mes shifts ! Je savais que j'allais passer un bon moment et que j'allais rencontrer des gens. Et ça, même si on ne se parlait pas trop car le lieu était avant tout un espace de repos et de silence. Il y avait une vraie belle énergie là-bas.

 

Amandine 

 

Ce fût une expérience de mixité sociale importante, car sans ce lieu, toutes ces personnes ne se seraient jamais rencontrées. Comme j'ai été bénévole et coordonnatrice pendant tout le temps des haltes-répit, j'ai pu voir les changements "d'ambiance". Comme si de petites ampoules s'éclairaient dans les têtes des gens qui se rendaient compte que certains préjugés - qu'on a tou.te.s - se cassaient tout doucement au fil du temps. Je trouve ça vraiment beau car c'est en étant ensemble et en apprenant les un.e.s des autres. 

Les profils étaient très différents, ne serait-ce que parmi les usager.e.s. Il y avait des personnes en situation d'itinérance et de grande précarité et d'autres qui ne l’étaient pas du tout. Je me suis vraiment rendue compte avec cette expérience que la précarité peut avoir mille visages. Le sentiment de solitude est l’un d’entre eux et je trouve qu’il a été complètement oublié dans la gestion de la pandémie. Des personnes qui n'étaient pas en situation de précarité venaient elles aussi, simplement pour être entourées de monde, pour pouvoir avoir une présence humaine à leur côté, qui fait du bien. Bien que ce fût un lieu de repos, c'était aussi un lieu de rencontre. 

L'initiative de la ville fût essentielle mais je trouve dommage que ces mesures aient été prises suite cette crise d'ampleur majeure, alors que ce besoin était aussi présent avant. Même s’il y a des centres de jour communautaires qui existent dans de nombreux quartiers de Montréal, ce n'est jamais suffisant. J'espère que cette situation sans précédent va permettre d'ouvrir de nouvelles portes maintenant et dans le futur. 

Une anecdote à partager ? 

L'entièreté de la halte-répit est une expérience de mixité sociale et de solidarité en soi. On ne s'en rend pas forcément compte quand on y travaille mais avec du recul, l'ensemble du processus, de l'ouverture à la fermeture, est une expérience de mixité sociale.  

En tant que bénévole à la Grande Bibliothèque, on devait avoir les yeux partout pour ne pas rater la désinfection des chaises lorsque quelqu’un partait. Comme l’espace est très grand, il pouvait m’arriver de ne pas voir quelles chaises venaient d’être libérées ou même de me tromper et de ne pas désinfecter les bonnes… Plusieurs fois, des usager.e.s m'ont interpellée et m’ont fait signe pour m'aider. C'était le fun ces situations-là, on était ensemble vraiment, on en riait beaucoup. 

Dans quel état d’esprit es-tu arrivée au Québec? Dans quel état d’esprit repars-tu ?

Je suis venue à Exeko dans le cadre d'un Service Civique. C'est un programme français un peu particulier, basé uniquement sur la motivation d'intégrer un organisme communautaire, en France ou à l'étranger. C'est à la fois utile pour développer des compétences techniques et professionnelles et pour avoir un impact positif sur la communauté. En faisant cette démarche-là, je souhaitais me sentir utile, faire une pause dans ma vie et agir, pour voir si une mission comme celle-ci me correspondait. J'avais l'envie de travailler pour une cause. 

Je suis arrivée avec cette mentalité-là à Exeko, mais également avec des valeurs personnelles relativement fortes. J’ai été bénévole plusieurs années pour la Croix-Rouge française, j'ai toujours été très tolérante et ouverte. Donc, quand je suis arrivée, je voulais vraiment changer les choses à mon échelle. 

Même si je ne comprenais pas encore exactement la mission d'Exeko, je m’étais renseignée sur la théorie de la transformation sociale de l'organisme ou sur la présomption d'égalité des intelligences (NB: énoncé éthique et publications à découvrir ici)… Mais tant qu'on ne le vit pas, ce sont des concepts complexes à comprendre. Je sentais malgré tout que c'était quelque chose qui m'intéressait, le fait de présumer que tout le monde "vaut" la même chose, que chaque intelligence se vaut. Donc je suis arrivée avec l'envie d'aider et de faire partie de cet organisme-là, sans trop savoir où je mettais les pieds, mais toujours avec cette envie d'agir. 

Un an est passé, et quand je suis partie d'Exeko, c'est avec tous ces sentiments-là exacerbés. Maintenant, je suis sûre de mes valeurs, de ma façon d'aborder le monde, du fait que ce soit une bonne façon de faire. Je considère qu'être ouvert.e, essayer d'apprendre des autres, les traiter sur un pied d'égalité, communiquer sainement, c'est ce qui marche pour faire changer, au moins un petit peu, les mentalités et les choses. Cette façon de penser a été renforcée par Exeko et m'a donné l'envie de rester dans le milieu communautaire, à Montréal.

Qu’as-tu particulièrement appris en 1 an ? 

La posture d'allié.e est mon plus grand apprentissage de cette année : le fait de savoir prendre du recul et de se remettre en question constamment. Je suis partie d'Exeko avec une humilité renforcée. En arrivant, je me voyais tout faire pour changer les choses, de n'importe quelle manière. Grâce à Exeko, aux partenaires rencontré.e.s, j'ai pris ce recul important de savoir que, des fois, il faut savoir se taire et rester à sa place. J'ai vraiment réalisé l'importance de savoir écouter, apprendre et accepter quand on n’est pas concerné.e, que ce soit dans le milieu militant et communautaire, mais aussi dans le quotidien de chacun.e. Je n'avais aucune idée concrète sur la posture d'allié.e avant de venir ici. Je ne pensais pas que même avec toute la bonne volonté du monde, on pouvait blesser certaines personnes dans certains combats. Je repars d'Exeko avec ça en tête, avec la capacité d'analyser mes propres comportements, mes propres schémas et angles morts aussi. Je parle d’angles morts car, même si je considère que je suis quelqu'un de tolérant et d'ouvert, on a tou.te.s des préjugés culturels, des stéréotypes inculqués par la société elle-même. D'où l'importance de toujours chercher à déconstruire ça, petit à petit, et réfléchir avant d'agir, chose que je ne faisais pas spécialement avant. Je pense que j'ai appris à mieux agir, finalement. C'est vraiment nécessaire parce qu'on peut mal faire, très facilement, sans le vouloir.     

Un truc qui t'ait marqué en particulier?

Le fait de prendre d'abord soin de soi, avant de prendre soin des autres, est une nécessité absolue. C'est une chose que j'avais en tête sans jamais l’avoir vraiment compris. 

Je veux parler spécifiquement de l'équipe d'Exeko, car tout va vraiment bien dans cette équipe : la bienveillance est continue, une grande communication est de rigueur… C'est une chose rare dans un milieu professionnel. Chacun.e a ses forces et ses faiblesses et ne s'en cache pas ; tout le monde accepte sa propre vulnérabilité, ce qui permet d’oser et de ne pas avoir peur de demander de l'aide en cas de besoin. Le fait que l'équipe prenne soin d'elle-même de cette façon donne encore plus d'impact aux actions qui sont mises en place. Chez Exeko, il n'y a pas de problème d'égo. Tout le monde est au service de la mission et se met en retrait par rapport à ce qui est fait. Je trouve ça vraiment cool et extrêmement différent de mes expériences passées en France, où ce n'était pas du tout le cas et où les problèmes interpersonnels prenaient beaucoup de place, empêchant cette prise de recul nécessaire qui existe chez Exeko. C'est pour ça que je trouve ça bien que l'équipe soit aussi soudée, aussi vraie et sans masque. Il y a vraiment un soutien énorme entre chaque membre de l'équipe que je trouve vraiment beau. 

Ce qui m'a marquée, c'est aussi le fait que l'identité même d'Exeko se retrouve dans toutes ses pratiques. Exeko, c'est beaucoup de théories : la théorie de la transformation sociale, la présomption d'égalité des intelligences, la médiation intellectuelle (NB: à découvrir, la médiation intellectuelle c'est quoi?, en vidéo par ici). Ce sont des gros pavés, difficiles à comprendre au premier abord. Ça paraît flou quand on n’est pas dedans mais dès qu'on les met en pratique, ces théories deviennent limpides et se mettent en pratique naturellement. 

Par exemple, avec la présomption d'égalité des intelligences - en gros, considérer que chaque intelligence se vaut, que chacun.e doit avoir les mêmes chances par rapport aux apprentissages - on se rend compte que c'est juste une attitude à avoir. Et c'est comme ça que les gens vont se révéler : parler, s'exprimer, être créatif, apprendre. C'est une grosse réflexion derrière cette posture-là, qui au final est simple à mettre en place. 

 

Une rencontre particulière qui t’ait touchée ?

Il y en a mille. Mais pour n'en citer qu'une, lors d'un Métissage Urbain de Marie-Paule Grimaldi, j'ai rencontré Ali, qui ne parlait ni français, ni anglais, seulement farsi. C’était assez compliqué car le projet était justement basé sur la langue française et sur l'expression écrite. Malgré ça, on a quand même réussi à échanger, il nous à exprimer qui il était et d'où il venait. Il avait fui la guerre en Afghanistan. Un médiateur lui faisait écrire des choses en fonction de ce qu'il nous racontait. J'avais trouvé ça super stimulant comme moment, pouvoir se parler malgré tout, il y avait de la création mêlée à de l'apprentissage : de la langue et surtout entre nous. 

 

À Multicaf (credit: Amandine Gazut pour Exeko)

À quel moment t’es-tu dit : ah ça y est, je comprends enfin ce qu’on fait chez Exeko !

Cette compréhension-là a été super lente au début, puis petit à petit des clés ont ouvert des portes par rapport aux différents projets. Au bout de trois mois, j'avais une vision relativement claire de tout ce qui était fait par Exeko : les activités en communauté autochtone dans le nord du Québec, à Montréal, auprès de tout type de populations, marginalisées ou pas, et l'impact sur les différentes sphères - individuelle, institutionnelle ou gouvernementale. Je comprenais un peu tout ça, mais c'était surtout en théorie. Finalement, c'est à chaque fin de cycle de projet idAction (NB: programme de développement de l'esprit critique, d'analyse sociale et d'action citoyenne à découvrir ici), ou à chaque fois que j'allais sur le terrain que je me disais : "ah ça y est, là je comprends". Voir des vraies personnes en face de moi qui prenaient confiance en elles ou être témoin de belles réflexion qui émergaient, ce sont ces petits exemples comme ça qui, mis à bout à bout, m’ont permis de mieux comprendre l’organisme à travers toute ses actions. Je comprenais pourquoi et comment les besoins étaient assouvis. C'est tout le temps dans les petites actions que ça marche. 

Ce que tu as préférée de ton expérience ? Ou qui au contraire fût une épreuve ?

La seule vraie difficulté que j'ai pu avoir, qui n'est pas liée à Exeko en particulier mais plutôt au milieu communautaire en général, a été de me rendre compte que changer les choses est plus difficile que ce qu'on pense. On se confronte souvent à des murs auxquels on ne s'attendait pas, à des problèmes logistiques, de mécompréhension, de budget… Au final, ce genre de problèmes pourrait être facile à résoudre mais le fait que d'autres institutions et d'autres partenaires ont aussi un rôle à jouer là-dedans complique les choses. 

Le mot de la fin ? Des projets à venir?

Je travaille avec Manon, une amie sur un projet de documentaire. C'est une initiative personnelle de nous deux. Il s’agit d’un documentaire dédié à la situation de la COVID-19 du point de vue des personnes en situation d'itinérance ou de précarité, souhaitée ou non. On souhaite en apprendre davantage sur ce qui a changé dans leurs vies par rapport à l'arrivée du virus et tout ce qu’elle a entraîné - la distanciation sociale ou la fermeture des commerces, par exemple - car on entendait beaucoup parler de difficultés dans le communautaire, du fait qu'il y avait moins de ressources. On a voulu avoir le retour des gens directement touchés par tout ça. Le but n'est pas de faire un portrait de l'exclusion et des conséquences de la pandémie. On essaie d'apporter une vision exekienne au documentaire, d'avoir un regard tourné vers le futur. On veut interroger les gens sur différents sujets comme les rapports sociaux, le rapport à l'argent, la solidarité, et que tou.te.s puissent s'exprimer librement sur ce qu'ils pensent, sur leurs espoirs de changement et leurs rêves.  Le documentaire n'est pas nous, il est les personnes qu'on interroge. On souhaite simplement apporter cette vision positive sur les choses qui pourraient changer. Sans Exeko, le documentaire n'aurait jamais eu cette vision-là. Il est la plus belle conclusion que je peux donner à mon année passée auprès Exeko. Tout ce que j'ai appris, je le mets en pratique dans ce documentaire, dans un projet vraiment personnel mais qui au final est dans l'intérêt collectif et dans la vision d'Exeko. Ça me permet de faire vivre les pratiques d'Exeko dans mon propre quotidien et à partir de là, je peux facilement affirmer que ce qu’Exeko met en place, ça marche. 

 

Amandine est entre-autre la réalisatrice de trois reportages tournés dans le cadre de son 1 an chez Exeko: pour le programme Métissages Urbains avec Au-delà des mots et Modus Operandum, et pour le Forum de corédaction de la charte pour une culture accessible, inclusive et équitable. Elle est également l'autrice de nombreuses photos à découvrir sur notre Flickr.

 

L'envie d'agir - un tête à tête avec Amandine Gazut

Après 1 an passé avec nous à l'équipe des programmes et projets, Amandine Gazut reprend sa route vers de nouvelles aventures. Elle a accordé à ÉponineVerney-Carron une entrevue sincère sur son expérience, son arrivée, ses apprentissages.

- temps de lecture 6 minutes -

 

Qu'est-ce que tu faisais chez Exeko?

J'étais agente de projets jusqu'à la semaine passée (semaine qui marquait la fin de mon programme d'échange), mon mandat principal étant de coordonner les différents projets idAction à Montréal avec les jeunes, de créer ou de consolider des partenariats. À côté de ça, j'ai eu l'opportunité de développer ma passion pour l'audiovisuel, en apportant mon aide aux communications, avec de la vidéo notamment. En tant qu'autodidacte dans ce domaine, j'ai pu ainsi valoriser mes compétences grâce à Exeko, et je peux maintenant les mettre en avant à travers ces expériences. 

Ton expérience terrain la plus récente: les haltes-répit.

J'ai été présente sur les haltes-répit depuis leur ouverture (NB: des lieux ouverts lors du confinement par la Ville, coordonnés pour deux d’entre eux par Exeko, pour accueillir les personnes en situation d’itinérance), à raison de deux ou trois shifts par semaine en moyenne, puis en coordination les fins de semaine.

Ce qui m'a vraiment marqué fût de voir qu'il s'agissait d'un réel besoin pour les personnes en situation d'itinérance d'avoir un lieu disponible, en journée, pour pouvoir se reposer de façon sécuritaire. On l'a bien remarqué avec le nombre de personnes qui était comptabilisé à l'entrée, surtout au début de la mise en place des haltes-répit puisqu’à ce moment-là il faisait vraiment très froid. Certains jours, il y avait même des files d'attente pour que les gens puissent avoir accès à une chaise. 

J’ai été frappé de réaliser qu'on peut rendre n'importe quel lieu hyper accueillant, juste avec de l'échange et de la bienveillance. Par exemple, j'ai surtout travaillé dans le hall de la Grande Bibliothèque, qui n'est pas forcément ce qu'il y a de plus accueillant au premier coup d’œil pour s’y reposer : c’est un espace très grand, très haut, avec beaucoup d’écho et juste des chaises espacées de deux mètres… Mais avec toute l'équipe sur place, que ce soit les coordonnateur.rice.s, les agent.e.s de sécurité ou les bénévoles, on est arrivé à créer un espace bienveillant où tout le monde se sentait bien. Moi, en y allant, j'avais vraiment le goût de faire mes shifts ! Je savais que j'allais passer un bon moment et que j'allais rencontrer des gens. Et ça, même si on ne se parlait pas trop car le lieu était avant tout un espace de repos et de silence. Il y avait une vraie belle énergie là-bas.

 

Amandine 

 

Ce fût une expérience de mixité sociale importante, car sans ce lieu, toutes ces personnes ne se seraient jamais rencontrées. Comme j'ai été bénévole et coordonnatrice pendant tout le temps des haltes-répit, j'ai pu voir les changements "d'ambiance". Comme si de petites ampoules s'éclairaient dans les têtes des gens qui se rendaient compte que certains préjugés - qu'on a tou.te.s - se cassaient tout doucement au fil du temps. Je trouve ça vraiment beau car c'est en étant ensemble et en apprenant les un.e.s des autres. 

Les profils étaient très différents, ne serait-ce que parmi les usager.e.s. Il y avait des personnes en situation d'itinérance et de grande précarité et d'autres qui ne l’étaient pas du tout. Je me suis vraiment rendue compte avec cette expérience que la précarité peut avoir mille visages. Le sentiment de solitude est l’un d’entre eux et je trouve qu’il a été complètement oublié dans la gestion de la pandémie. Des personnes qui n'étaient pas en situation de précarité venaient elles aussi, simplement pour être entourées de monde, pour pouvoir avoir une présence humaine à leur côté, qui fait du bien. Bien que ce fût un lieu de repos, c'était aussi un lieu de rencontre. 

L'initiative de la ville fût essentielle mais je trouve dommage que ces mesures aient été prises suite cette crise d'ampleur majeure, alors que ce besoin était aussi présent avant. Même s’il y a des centres de jour communautaires qui existent dans de nombreux quartiers de Montréal, ce n'est jamais suffisant. J'espère que cette situation sans précédent va permettre d'ouvrir de nouvelles portes maintenant et dans le futur. 

Une anecdote à partager ? 

L'entièreté de la halte-répit est une expérience de mixité sociale et de solidarité en soi. On ne s'en rend pas forcément compte quand on y travaille mais avec du recul, l'ensemble du processus, de l'ouverture à la fermeture, est une expérience de mixité sociale.  

En tant que bénévole à la Grande Bibliothèque, on devait avoir les yeux partout pour ne pas rater la désinfection des chaises lorsque quelqu’un partait. Comme l’espace est très grand, il pouvait m’arriver de ne pas voir quelles chaises venaient d’être libérées ou même de me tromper et de ne pas désinfecter les bonnes… Plusieurs fois, des usager.e.s m'ont interpellée et m’ont fait signe pour m'aider. C'était le fun ces situations-là, on était ensemble vraiment, on en riait beaucoup. 

Dans quel état d’esprit es-tu arrivée au Québec? Dans quel état d’esprit repars-tu ?

Je suis venue à Exeko dans le cadre d'un Service Civique. C'est un programme français un peu particulier, basé uniquement sur la motivation d'intégrer un organisme communautaire, en France ou à l'étranger. C'est à la fois utile pour développer des compétences techniques et professionnelles et pour avoir un impact positif sur la communauté. En faisant cette démarche-là, je souhaitais me sentir utile, faire une pause dans ma vie et agir, pour voir si une mission comme celle-ci me correspondait. J'avais l'envie de travailler pour une cause. 

Je suis arrivée avec cette mentalité-là à Exeko, mais également avec des valeurs personnelles relativement fortes. J’ai été bénévole plusieurs années pour la Croix-Rouge française, j'ai toujours été très tolérante et ouverte. Donc, quand je suis arrivée, je voulais vraiment changer les choses à mon échelle. 

Même si je ne comprenais pas encore exactement la mission d'Exeko, je m’étais renseignée sur la théorie de la transformation sociale de l'organisme ou sur la présomption d'égalité des intelligences (NB: énoncé éthique et publications à découvrir ici)… Mais tant qu'on ne le vit pas, ce sont des concepts complexes à comprendre. Je sentais malgré tout que c'était quelque chose qui m'intéressait, le fait de présumer que tout le monde "vaut" la même chose, que chaque intelligence se vaut. Donc je suis arrivée avec l'envie d'aider et de faire partie de cet organisme-là, sans trop savoir où je mettais les pieds, mais toujours avec cette envie d'agir. 

Un an est passé, et quand je suis partie d'Exeko, c'est avec tous ces sentiments-là exacerbés. Maintenant, je suis sûre de mes valeurs, de ma façon d'aborder le monde, du fait que ce soit une bonne façon de faire. Je considère qu'être ouvert.e, essayer d'apprendre des autres, les traiter sur un pied d'égalité, communiquer sainement, c'est ce qui marche pour faire changer, au moins un petit peu, les mentalités et les choses. Cette façon de penser a été renforcée par Exeko et m'a donné l'envie de rester dans le milieu communautaire, à Montréal.

Qu’as-tu particulièrement appris en 1 an ? 

La posture d'allié.e est mon plus grand apprentissage de cette année : le fait de savoir prendre du recul et de se remettre en question constamment. Je suis partie d'Exeko avec une humilité renforcée. En arrivant, je me voyais tout faire pour changer les choses, de n'importe quelle manière. Grâce à Exeko, aux partenaires rencontré.e.s, j'ai pris ce recul important de savoir que, des fois, il faut savoir se taire et rester à sa place. J'ai vraiment réalisé l'importance de savoir écouter, apprendre et accepter quand on n’est pas concerné.e, que ce soit dans le milieu militant et communautaire, mais aussi dans le quotidien de chacun.e. Je n'avais aucune idée concrète sur la posture d'allié.e avant de venir ici. Je ne pensais pas que même avec toute la bonne volonté du monde, on pouvait blesser certaines personnes dans certains combats. Je repars d'Exeko avec ça en tête, avec la capacité d'analyser mes propres comportements, mes propres schémas et angles morts aussi. Je parle d’angles morts car, même si je considère que je suis quelqu'un de tolérant et d'ouvert, on a tou.te.s des préjugés culturels, des stéréotypes inculqués par la société elle-même. D'où l'importance de toujours chercher à déconstruire ça, petit à petit, et réfléchir avant d'agir, chose que je ne faisais pas spécialement avant. Je pense que j'ai appris à mieux agir, finalement. C'est vraiment nécessaire parce qu'on peut mal faire, très facilement, sans le vouloir.     

Un truc qui t'ait marqué en particulier?

Le fait de prendre d'abord soin de soi, avant de prendre soin des autres, est une nécessité absolue. C'est une chose que j'avais en tête sans jamais l’avoir vraiment compris. 

Je veux parler spécifiquement de l'équipe d'Exeko, car tout va vraiment bien dans cette équipe : la bienveillance est continue, une grande communication est de rigueur… C'est une chose rare dans un milieu professionnel. Chacun.e a ses forces et ses faiblesses et ne s'en cache pas ; tout le monde accepte sa propre vulnérabilité, ce qui permet d’oser et de ne pas avoir peur de demander de l'aide en cas de besoin. Le fait que l'équipe prenne soin d'elle-même de cette façon donne encore plus d'impact aux actions qui sont mises en place. Chez Exeko, il n'y a pas de problème d'égo. Tout le monde est au service de la mission et se met en retrait par rapport à ce qui est fait. Je trouve ça vraiment cool et extrêmement différent de mes expériences passées en France, où ce n'était pas du tout le cas et où les problèmes interpersonnels prenaient beaucoup de place, empêchant cette prise de recul nécessaire qui existe chez Exeko. C'est pour ça que je trouve ça bien que l'équipe soit aussi soudée, aussi vraie et sans masque. Il y a vraiment un soutien énorme entre chaque membre de l'équipe que je trouve vraiment beau. 

Ce qui m'a marquée, c'est aussi le fait que l'identité même d'Exeko se retrouve dans toutes ses pratiques. Exeko, c'est beaucoup de théories : la théorie de la transformation sociale, la présomption d'égalité des intelligences, la médiation intellectuelle (NB: à découvrir, la médiation intellectuelle c'est quoi?, en vidéo par ici). Ce sont des gros pavés, difficiles à comprendre au premier abord. Ça paraît flou quand on n’est pas dedans mais dès qu'on les met en pratique, ces théories deviennent limpides et se mettent en pratique naturellement. 

Par exemple, avec la présomption d'égalité des intelligences - en gros, considérer que chaque intelligence se vaut, que chacun.e doit avoir les mêmes chances par rapport aux apprentissages - on se rend compte que c'est juste une attitude à avoir. Et c'est comme ça que les gens vont se révéler : parler, s'exprimer, être créatif, apprendre. C'est une grosse réflexion derrière cette posture-là, qui au final est simple à mettre en place. 

 

Une rencontre particulière qui t’ait touchée ?

Il y en a mille. Mais pour n'en citer qu'une, lors d'un Métissage Urbain de Marie-Paule Grimaldi, j'ai rencontré Ali, qui ne parlait ni français, ni anglais, seulement farsi. C’était assez compliqué car le projet était justement basé sur la langue française et sur l'expression écrite. Malgré ça, on a quand même réussi à échanger, il nous à exprimer qui il était et d'où il venait. Il avait fui la guerre en Afghanistan. Un médiateur lui faisait écrire des choses en fonction de ce qu'il nous racontait. J'avais trouvé ça super stimulant comme moment, pouvoir se parler malgré tout, il y avait de la création mêlée à de l'apprentissage : de la langue et surtout entre nous. 

 

À Multicaf (credit: Amandine Gazut pour Exeko)

À quel moment t’es-tu dit : ah ça y est, je comprends enfin ce qu’on fait chez Exeko !

Cette compréhension-là a été super lente au début, puis petit à petit des clés ont ouvert des portes par rapport aux différents projets. Au bout de trois mois, j'avais une vision relativement claire de tout ce qui était fait par Exeko : les activités en communauté autochtone dans le nord du Québec, à Montréal, auprès de tout type de populations, marginalisées ou pas, et l'impact sur les différentes sphères - individuelle, institutionnelle ou gouvernementale. Je comprenais un peu tout ça, mais c'était surtout en théorie. Finalement, c'est à chaque fin de cycle de projet idAction (NB: programme de développement de l'esprit critique, d'analyse sociale et d'action citoyenne à découvrir ici), ou à chaque fois que j'allais sur le terrain que je me disais : "ah ça y est, là je comprends". Voir des vraies personnes en face de moi qui prenaient confiance en elles ou être témoin de belles réflexion qui émergaient, ce sont ces petits exemples comme ça qui, mis à bout à bout, m’ont permis de mieux comprendre l’organisme à travers toute ses actions. Je comprenais pourquoi et comment les besoins étaient assouvis. C'est tout le temps dans les petites actions que ça marche. 

Ce que tu as préférée de ton expérience ? Ou qui au contraire fût une épreuve ?

La seule vraie difficulté que j'ai pu avoir, qui n'est pas liée à Exeko en particulier mais plutôt au milieu communautaire en général, a été de me rendre compte que changer les choses est plus difficile que ce qu'on pense. On se confronte souvent à des murs auxquels on ne s'attendait pas, à des problèmes logistiques, de mécompréhension, de budget… Au final, ce genre de problèmes pourrait être facile à résoudre mais le fait que d'autres institutions et d'autres partenaires ont aussi un rôle à jouer là-dedans complique les choses. 

Le mot de la fin ? Des projets à venir?

Je travaille avec Manon, une amie sur un projet de documentaire. C'est une initiative personnelle de nous deux. Il s’agit d’un documentaire dédié à la situation de la COVID-19 du point de vue des personnes en situation d'itinérance ou de précarité, souhaitée ou non. On souhaite en apprendre davantage sur ce qui a changé dans leurs vies par rapport à l'arrivée du virus et tout ce qu’elle a entraîné - la distanciation sociale ou la fermeture des commerces, par exemple - car on entendait beaucoup parler de difficultés dans le communautaire, du fait qu'il y avait moins de ressources. On a voulu avoir le retour des gens directement touchés par tout ça. Le but n'est pas de faire un portrait de l'exclusion et des conséquences de la pandémie. On essaie d'apporter une vision exekienne au documentaire, d'avoir un regard tourné vers le futur. On veut interroger les gens sur différents sujets comme les rapports sociaux, le rapport à l'argent, la solidarité, et que tou.te.s puissent s'exprimer librement sur ce qu'ils pensent, sur leurs espoirs de changement et leurs rêves.  Le documentaire n'est pas nous, il est les personnes qu'on interroge. On souhaite simplement apporter cette vision positive sur les choses qui pourraient changer. Sans Exeko, le documentaire n'aurait jamais eu cette vision-là. Il est la plus belle conclusion que je peux donner à mon année passée auprès Exeko. Tout ce que j'ai appris, je le mets en pratique dans ce documentaire, dans un projet vraiment personnel mais qui au final est dans l'intérêt collectif et dans la vision d'Exeko. Ça me permet de faire vivre les pratiques d'Exeko dans mon propre quotidien et à partir de là, je peux facilement affirmer que ce qu’Exeko met en place, ça marche. 

 

Amandine est entre-autre la réalisatrice de trois reportages tournés dans le cadre de son 1 an chez Exeko: pour le programme Métissages Urbains avec Au-delà des mots et Modus Operandum, et pour le Forum de corédaction de la charte pour une culture accessible, inclusive et équitable. Elle est également l'autrice de nombreuses photos à découvrir sur notre Flickr.

 

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Nous recherchons une personne afin d’assurer le développement, la planification, le déploiement et le suivi de nos projets de médiation et...

 

 

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Nous sommes à la recherche de plusieurs mediateurices pour les projets en collaboration avec les Premières Nations et Inuit !

  • « Je ne suis que la courroie de transmission, je ne fais que retranscrire ce que les gens m'ont donné dans la rue. »

    Stéphane Dionne, artiste co-créateur pour métissage urbain

  • « Faire confiance et donner aux jeunes autochtones marginalisés le pouvoir de se faire comprendre et entendre…  »

    Nadia Duguay, directrice du projet

  • « On y apprend, entre autres que même si nous ne sommes qu'une infinitésimale partie de la planète, nous ne sommes pas insignifiants, on peut faire quelque chose, on peut comprendre quel peut y être notre rôle. »

    Participant en milieu carcéral

  • « Les discussions sur les sujets amenés durant les ateliers sont positives et intéressantes, l’animateur réussit à ouvrir des débats, à allumer les esprits sur des sujets importants. »

    Johanne Cooper, directrice générale, La Maison Tangente

  • « Les ateliers idAction m'ont permis de me voir autrement de celle que j'aurais du être. Et je vais le devenir.  »

    Sophie Poucachiche, participante

  • « Tel un arbre, à chaque fois que quelqu'un apprend et transmet quelque chose, y en a un autre en arrière qui va grandir »

    Jimmy, participant

  • « On a besoin de tout le monde; si on a juste des ingénieurs et des architectes, on va manger quoi? Des plans et des schémas?" »

    Tony, participant idAction

  • « Y'en a qui ont la soif du pouvoir, ben moi c'est la soif du savoir »

    Jo, participant idAction

  • « C'est un excellent programme qui permet aux enfants de connaître leurs traditions et d'accroître leurs interactions avec les aînés dans la communauté. »

    Erika Eagle, Assistante en développement social, Grandir Ensemble Waswanipi

  • « Notre objectif : Tisser des liens solides avec les communautés, travailler main dans la main, apporter notre pierre à l'édifice, et transmettre le plus que nous pouvons, en espérant que, dans l'avenir, notre programme n'ait plus sa raison d'être. »

    François-Xavier Michaux, directeur du programme

  • « On a appris à affronter nos peurs. »

    Cynthia, participante Trickster

  • « La formule ; des ateliers quasi « intensifs », pour arriver à un résultat concret en seulement 2 semaines. Une réussite dont les élèves se rappelleront toute leur vie! »

    Marie-Ève Gagnon, professeure d’Art, à propos de Trickster

  • « Collaborer avec l’équipe de Exeko a clairement amélioré la portée de nos projets. Par leur vision de la mixité et de la médiation culturelle, Exeko s’est démarqué dans leur façon de faire valoir l’intégration des personnes vivant avec une déficience intellectuelle. »

    Nadia Bastien, directrice générale AMDI

  • « Ça fait longtemps que j’ai pas été dans un évènement qui m’ai apporté autant de bonheur. »

    Un visiteur, D'un oeil différent 2013

  • « Quelle belle exposition ! Ça nous a fait rêver un peu ! J’ai appris que y’a beaucoup de personnes qui peuvent faire des œuvres magnifiques, différentes, ça nous a fait rêver »

    Un visiteur, D'un oeil différent 2013

  • « Comment te sens tu quand tu vois ta toile accrochée à un mur? Bien en dedans, c'est le fun »

    Dan, exposant à D'un oeil différent 2013

  • « Pourquoi t'aime ça peindre? J'aime ça Parce que personne peut m'enlever ça dans la tête. »

    Diane, exposante à D'un oeil différent 2013

  • « Son but? Développer le raisonnement, la pensée critique, la logique, et augmenter la participation citoyenne de ces groupes marginalisés. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir

  • « Les gens ne pensent pas à me donner des livres alors que j'aime tellement lire! »

    Elie, participante

  • « Je m'aperçois qu'il y a beaucoup de personnes qui travaillent à faire changer les choses et les attitudes, cela me donne un peu plus confiance dans l'avenir. »

    Participant en milieu carcéral

  • « Cet espace de savoir, nourrissant l’esprit et la créativité, ainsi que l’ouverture qu’offre idAction sont tout à votre honneur. »

    Louise Chabot, Présidente CSQ

  • « J'ai appris que 80% des richesses de la planète sont détenues et gaspillées par 20% de celles-ci, [...] qu'un rire est universel et qu'il met un baume sur les souffrances de quiconque, [...] qu'il y a des gens qui souffrent et que je peux à ma manière les aider. »

    Participant en milieu carcéral

  • « La caravane d’Exeko, qui distribue des livres, des cahiers et des crayons aux itinérants de Montréal, et plus particulièrement aux itinérants autochtones, sillonne les rues de Montréal, pour faire jaillir la participation culturelle de ces exclus de la société. Avec des résultats franchement étonnants. »

    Caroline Monpetit, Journaliste, Le Devoir

  • « Vous donnez le goût aux gens d'avoir des idées... »

    Participant, idAction Mobile

  • «  Pourquoi ne restez-vous pas ici pour toujours ? »

    Nathaniel, participant, Trickster

  • « Depuis que vous êtes là, les jeunes rient, et il y en a même qu’on n'avais jamais vu sourire qui sourient maintenant. »

    Directrice d'une école partenaire

  • « Es-tu un artiste? -Oui - Pourquoi? - Parce que j'aime »

    Gilles Grégoire, artiste, en réponse à notre médiatrice

  • « On a notre style, notre marque de commerce. On fait les choses différemment des autres. »

    Guillaume Lapierre, artiste exposant à D'un oeil différent 2013

  • « J’ai dessiné en t’écoutant, comme écouté de la musique. J’ai adoré. Je suis passée par beaucoup de stades, comme ton histoire. »

    Soufia Bensaïd à Edon Descollines, duo d'artistes Tandem Créatif 2013

  • « Exeko met en place des solutions créatives à différentes problématiques, donne une voix aux sans voix et de l'espoir aux plus démunis. »

    Bulletin des YMCA

  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses

  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil ! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses

  • « L'art a l'avantage de permettre [de] parler [de déficience intellectuelle] en termes de capacité plutôt que de limitation. »

    Delphine Ragon, Directrice des programmes communautaires aux Compagnons de Montréal

  • « On voit [...]depuis quelques années plus de productions de grande qualité avec des personnes ayant une déficience intellectuelle qui sont des artistes à part entière. »

    Julie Laloire, Agente de sensibilisation à l'AMDI

  • « C'était un moment inoubliable : je suis tellement reconnaissant... »

    Larry, participant

  • « Merci de parler avec moi! Aujourd'hui je me sentais complètement seule, personne ne me parlait. »

    Eva, participante

  • « Nous sommes vraiment heureux de conjuguer nos actions à celles d'Exeko; nous avons ainsi l'assurance que la jeunesse autochtone en bénéficiera de façon significative.»
    Marie-Josée Coutu, Présidente de la Fondation Marcelle et Jean Coutu
  • « J'ai toujours été imprégnée du désir de justice sociale et je croyais ne pas avoir de préjugés...mais je dois dire que mon expérience chez Exeko a transformé ma vision des personnes en marge.»
    Muriel Kearney, bénévole depuis septembre 2015
  • « Je ne suis que la courroie de transmission, je ne fais que retranscrire ce que les gens m'ont donné dans la rue.»
    Stéphane Dionne, artiste co-créateur pour métissage urbain
  • « I don't know everything, but while reading it, it always bring me one step closer»
    A participant, idAction Mobile
  • « Pourquoi t'aime ça peindre? J'aime ça Parce que personne peut m'enlever ça dans la tête.»
    Diane, exposante à D'un oeil différent 2013
  • « Comment te sens tu quand tu vois ta toile accrochée à un mur? Bien en dedans, c'est le fun»
    Dan, exposant à D'un oeil différent 2013
  • « Quelle belle exposition ! Ça nous a fait rêver un peu ! J’ai appris que y’a beaucoup de personnes qui peuvent faire des œuvres magnifiques, différentes, ça nous a fait rêver»
    Un visiteur, D'un oeil différent 2013
  • « Ça fait longtemps que j’ai pas été dans un évènement qui m’ai apporté autant de bonheur.»
    Un visiteur, D'un oeil différent 2013
  • « Collaborer avec l’équipe de Exeko a clairement amélioré la portée de nos projets. Par leur vision de la mixité et de la médiation culturelle, Exeko s’est démarqué dans leur façon de faire valoir l’intégration des personnes vivant avec une déficience intellectuelle.»
    Nadia Bastien, directrice générale AMDI
  • « La formule ; des ateliers quasi « intensifs », pour arriver à un résultat concret en seulement 2 semaines. Une réussite dont les élèves se rappelleront toute leur vie!»
    Marie-Ève Gagnon, professeure d’Art, à propos de Trickster
  • « On a appris à affronter nos peurs.»
    Cynthia, participante Trickster
  • « Notre objectif : Tisser des liens solides avec les communautés, travailler main dans la main, apporter notre pierre à l'édifice, et transmettre le plus que nous pouvons, en espérant que, dans l'avenir, notre programme n'ait plus sa raison d'être.»
    François-Xavier Michaux, directeur du programme
  • « C'est un excellent programme qui permet aux enfants de connaître leurs traditions et d'accroître leurs interactions avec les aînés dans la communauté.»
    Erika Eagle, Assistante en développement social, Grandir Ensemble Waswanipi
  • « Y'en a qui ont la soif du pouvoir, ben moi c'est la soif du savoir»
    Jo, participant idAction
  • « On a besoin de tout le monde; si on a juste des ingénieurs et des architectes, on va manger quoi? Des plans et des schémas?"»
    Tony, participant idAction
  • « Tel un arbre, à chaque fois que quelqu'un apprend et transmet quelque chose, y en a un autre en arrière qui va grandir»
    Jimmy, participant
  • « Les ateliers idAction m'ont permis de me voir autrement de celle que j'aurais du être. Et je vais le devenir. »
    Sophie Poucachiche, participante
  • « Les discussions sur les sujets amenés durant les ateliers sont positives et intéressantes, l’animateur réussit à ouvrir des débats, à allumer les esprits sur des sujets importants.»
    Johanne Cooper, directrice générale, La Maison Tangente
  • « On y apprend, entre autres que même si nous ne sommes qu'une infinitésimale partie de la planète, nous ne sommes pas insignifiants, on peut faire quelque chose, on peut comprendre quel peut y être notre rôle.»
    Participant en milieu carcéral
  • « Faire confiance et donner aux jeunes autochtones marginalisés le pouvoir de se faire comprendre et entendre… »
    Nadia Duguay, directrice du projet
  • « Son but? Développer le raisonnement, la pensée critique, la logique, et augmenter la participation citoyenne de ces groupes marginalisés.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir
  • « Les gens ne pensent pas à me donner des livres alors que j'aime tellement lire!»
    Elie, participante
  • « Merci de parler avec moi! Aujourd'hui je me sentais complètement seule, personne ne me parlait.»
    Eva, participante
  • « C'était un moment inoubliable : je suis tellement reconnaissant...»
    Larry, participant
  • « On voit [...]depuis quelques années plus de productions de grande qualité avec des personnes ayant une déficience intellectuelle qui sont des artistes à part entière.»
    Julie Laloire, Agente de sensibilisation à l'AMDI
  • « L'art a l'avantage de permettre [de] parler [de déficience intellectuelle] en termes de capacité plutôt que de limitation.»
    Delphine Ragon, Directrice des programmes communautaires aux Compagnons de Montréal
  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil !»
    Hélène-Elise Blais, les Muses
  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil!»
    Hélène-Elise Blais, les Muses
  • « Exeko met en place des solutions créatives à différentes problématiques, donne une voix aux sans voix et de l'espoir aux plus démunis.»
    Bulletin des YMCA
  • « J’ai dessiné en t’écoutant, comme écouté de la musique. J’ai adoré. Je suis passée par beaucoup de stades, comme ton histoire.»
    Soufia Bensaïd à Edon Descollines, duo d'artistes Tandem Créatif 2013
  • « On a notre style, notre marque de commerce. On fait les choses différemment des autres.»
    Guillaume Lapierre, artiste exposant à D'un oeil différent 2013
  • « Es-tu un artiste? -Oui - Pourquoi? - Parce que j'aime»
    Gilles Grégoire, artiste, en réponse à notre médiatrice
  • « Depuis que vous êtes là, les jeunes rient, et il y en a même qu’on n'avais jamais vu sourire qui sourient maintenant.»
    Directrice d'une école partenaire
  • « Pourquoi ne restez-vous pas ici pour toujours ?»
    Nathaniel, participant, Trickster
  • « Vous donnez le goût aux gens d'avoir des idées...»
    Participant, idAction Mobile
  • « La caravane d’Exeko, qui distribue des livres, des cahiers et des crayons aux itinérants de Montréal, et plus particulièrement aux itinérants autochtones, sillonne les rues de Montréal, pour faire jaillir la participation culturelle de ces exclus de la société. Avec des résultats franchement étonnants.»
    Caroline Monpetit, Journaliste, Le Devoir
  • « J'ai appris que 80% des richesses de la planète sont détenues et gaspillées par 20% de celles-ci, [...] qu'un rire est universel et qu'il met un baume sur les souffrances de quiconque, [...] qu'il y a des gens qui souffrent et que je peux à ma manière les aider.»
    Participant en milieu carcéral
  • « Cet espace de savoir, nourrissant l’esprit et la créativité, ainsi que l’ouverture qu’offre idAction sont tout à votre honneur.»
    Louise Chabot, Présidente CSQ
  • « Je m'aperçois qu'il y a beaucoup de personnes qui travaillent à faire changer les choses et les attitudes, cela me donne un peu plus confiance dans l'avenir.»
    Participant en milieu carcéral