L’atelier de photo: Un circuit dans Côte-des-Neiges avec Baobab Familial

par / by Maude Blanchet Léger

 

Le mercredi 5 août, j’ai été invitée à me joindre à un atelier de photo dans le quartier Côte-des-Neiges avec Ducakis et Thierry, deux de nos médiateurs. Le projet a été initié par Ducakis il y a un an et à pour but de faire découvrir la photo aux participant.es et de leur permettre de se (ré)approprier leur quartier à travers ce médium artistique. 

La photographie est l’un des médiums que je préfère. Je fais beaucoup de photo depuis l’âge de 15 ans et j’ai développé ma pratique durant mon bac en arts visuels, alors j’étais vraiment excitée de pouvoir partager l’une de mes passions avec des jeunes.

Baobab familial est un organisme qui favorise l'entraide, l'échange et le sentiment d'appartenance à son milieu en accueillant et en soutenant les familles dans leur quotidien. J’apprends aussi que le public sera ado, mais nous ne savons pas combien participeront aujourd’hui. Ne sachant pas non plus le niveau de connaissance des jeunes sur la photographie, je leur ai préparé une feuille aide-mémoire démontrant quelques exemples de compositions, de cadrages et d’angles de vue.

Avant de partir avec la mobile, j’imprime quatre copies de l’aide-mémoire, parce que nous apprenons finalement qu’ils seront probablement quatre à participer. Nous regroupons cinq caméras, s'assurons qu’elles ont toutes des cartes mémoires et des batteries pleines, et hop, on les désinfecte dans la van sur le chemin, direction parc Martin Luther-King.

Au parc, on trouve les intervenantes de Baobab, Anne-Marie et Andréanne, à une table à picnic et on se présente. Elles nous disent qu’ils seront finalement plus nombreux, que plusieurs arriveront plus tard, et on se dit qu’ils pourront se mettre en équipe de deux ou utiliser leur cellulaire au besoin pour prendre des photos.

Une fois quatre des jeunes arrivés, Ducakis leur explique l’atelier. L’un d’entres eux, Marc*, se tient plus à l’écart et Thierry lui parle, afin de l’inclure et de tenter de le faire s’approcher. On se couvre en dessous d’un toit puisqu’il se met à pleuvoir très fort et après mon cours express sur les compositions, la pluie s’arrête. On distribue alors les caméras et on passe quelques minutes à voir les fonctionnements techniques des appareils, comme ils sont tous différents. Je leur fais savoir aussi qu’en photo, il ne faut pas avoir peur de bouger, de se déplacer, de pointer son objectif en haut, en bas, de côté, etc. La photo, c’est du sport!

Avant de débuter le trajet, nous demandons aux jeunes ce qu’ils voudraient prendre en photo, où ce qu’ils aiment et n’aiment pas dans leur quartier et de nommer des endroits de leur quotidien par exemple, afin de déterminer quel trajet nous allons emprunter. Marc parle du centre sportif et du dépanneur au coin de sa rue, une jeune mentionne la bibliothèque et le parc, une autre le Tim Hortons et Thierry aimerait aller prendre des photos dans la Plaza (parce que s’il avait à tourner un film de zombies, c’est l’endroit qu’il choisirait).

 

En commençant à marcher, une cinquième jeune s’ajoute au groupe et Anne-Marie lui prête son appareil photo. On se dirige vers la bibliothèque avant d’entrer dans la Plaza et sur le chemin, deux autres jeunes nous croisent et traversent la rue pour nous rejoindre. Ils se mettent en équipe de deux pour prendre des photos avec le cinquième appareil.

Marc, qui était le plus gêné au début, me pose maintenant plein des questions sur comment réaliser par exemple une composition avec des diagonales et je lui explique un peu plus en référant les lignes, l’architecture et les fenêtres du bâtiment de la bibliothèque. Je lui propose aussi d’essayer la composition en espaces négatifs, en laissant du vide afin de laisser respirer son image. Il tente le coup en cadrant les feux de circulation tout en laissant du vide (le ciel) autour. Il est vraiment investi dans la démarche et me demande souvent mon avis sur ses photos.

Après quelques prises de vue sur le Chemin de la Côte-des-Neiges, nous décidons d’entrer dans la Plaza. En plus de déjà ressembler à un centre commercial de film de zombies, tout est en construction, ce qui ajoute au caractère d’étrangeté.

 

 

Durant l’atelier, un petit trio se forme et trois des filles se suivent partout. Elles entrent dans un magasin de vêtements où tout est très coloré et elles y restent un bon moment.

On continue notre chemin et les jeunes s’éparpillent un peu, tous.tes interpellés par des éléments distincts. Certain.es vont prendre des photos du plafond vitré, d’autres de l’escalier mobile, des drôles de lampadaires, ou encore de toutes sortes de bidules se trouvant dans les vitrines des magasins.

La batterie de l’appareil de Mélodie* se vide, mais heureusement Ducakis était allé acheter des caméras jetables à la pharmacie. Jasmine* décide elle aussi de continuer avec la caméra jetable, mais attention, elles n’ont que 27 prises! Je leur conseille donc de bien réfléchir à ce qu’elles décident de capter et de prendre plus leur temps pour se positionner qu’avec une caméra digitale.

Après avoir fait le tour, on sort de l’autre côté du centre pour arriver dans le stationnement, qui est pratiquement vide et on s’amuse tous.tes à le photographier de différents angles. Avant même de sortir du stationnement, Mélodie avait déjà utilisé toutes ses prises!

 

 

 

On continue le circuit sur la rue Légaré pour rencontrer plusieurs autres sujets qui piquent l’attention des jeunes, comme des graffitis et un peu plus loin, des plantes et des abeilles qui bourdonnent. Je reste un moment avec elles et les abeilles pendant que l’autre moitié du groupe marche plus loin devant nous, tournant à droite sur l’Avenue de Courtai.

 

 

 

Dès que l’on tourne, on se retrouve immédiatement dans un coin plus industriel, rempli de garages, de machines, de vieux pneus… C’est une toute autre scène et tout le monde est attiré à gauche et à droite par différents détails.

 

 

L’une des jeunes, Natacha*, est plus solitaire et tranquille, mais je la trouve tout autant investie et intéressée que les autres, n’hésitant pas à se déplacer partout et à se laisser porter par ce qui attire son attention. 

 

 

Passé ce voisinage plus industriel, nous arrivons devant la société bouddhiste Quan-Am et des bâtiments en construction. Marc s'exclame ah je ne savais pas qu’il y avait un temple ici! et il place son objectif entre les barreaux de la porte pour pouvoir photographier les lieux.

 

 

Un peu plus loin sur la même rue, nous croisons une bâtisse un peu vieille, toute bleue, remplie de graffitis, où il est signé MDJ CDN (Maison des jeunes Côte-des-Neiges). On s'arrête pour la prendre en photo. Marc vient vers moi et me demande comment je trouve sa photo: on y voit un graffiti d’un homme en noir et blanc, qui semble prier, avec des rayons tout autour de lui. Je lui réponds que c’est un bon choix dans ce cas-ci d’avoir choisi de faire une composition centrée! Il semble satisfait et continue de marcher.

 

 

Au bout de la rue, nous arrivons devant un grand mur qui cache le boulevard et puis de l’autre côté, en face de ce mur, un bloc d’appartements recouvert lui aussi de graffitis. Certain.es le photographient du travers de la rue, d’autres se rapprochent des fenêtres et Thierry et Anne-Marie placent leur caméra entre les trous du mur pour capturer le boulevard de l’autre côté.

 

 

En revenant vers le parc, nous croisons d’autres éléments intéressants que j’ai pu remarquer, comme une bâtisse en construction couverte de mousse jaune, une vieille affiche de commerce... Sur le trottoir, une fruiterie présentent des bananes, des oranges, des oignons, etc. et Marc s’arrêtent pour les photographier; je fait de même, trouvant que c’est une belle observation de sa part.

À la fin du circuit, nous leur réservons une surprise: on termine ça autour d’une crème glacée que nous mangeons sur les bancs du parc! Nous revenons ensuite sur l’atelier, pour savoir ce qu’ils ont aimé et ce qu’ils ont découvert de leur quartier. Natacha dit réaliser qu’elle connaît en fait très bien son quartier. D’autres ont découvert par exemple le temple bouddhiste, ou encore les graffitis sur cette rue. Personnellement, j’ai beaucoup aimé aller dans la Plaza et dans le coin plus industriel. Nous avons constaté aussi que nous n’étions pas nécessairement allés aux endroits énumérés au début, car nous nous sommes plutôt laissé emporter par le moment, par ce que nous avions tout simplement envie de photographier.

Andréanne leur demande ensuite qui s’est découvert une passion pour la photo? et Marc et Mélodie lèvent la main, avec le sourire. Vers la fin du circuit, Marc a d’ailleurs dit à Thierry «J’espère qu’après l’atelier, je vais pouvoir devenir photographe professionnel.»

Pour terminer, nous avons réfléchis avec les jeunes sur l’atelier. Je leur fais remarquer que la photo nous force à regarder d’un oeil différent notre quartier et tout ce qui nous entoure. Plusieurs acquiescent. Je pense que la photo nous permet aussi de voir la beauté dans tout; en observant on la découvre partout. Nous cherchons aussi à savoir ce qui intéresserait les jeunes pour la suite de l’atelier. Allons-nous faire un séance de sélection de nos meilleures photos? Créer une exposition ou peut-être recueillir toutes les photos sous forme d’un livre? Plusieurs semblent aimer l’idée du livre. À la prochaine sortie photo en tout cas, ça se passera en famille!

 

*Tous les noms sont fictifs et ont été changés afin de conserver l'anonymat des participant.es.

 

 

ENGLISH

 

On Wednesday August 5, I was invited to join a photo workshop in Côte-des-Neiges with Ducakis and Thierry, two of our mediators. The project was initiated by Ducakis a year ago and the goal is to introduce photography to participants and allow them to (re)appropriate their neighborhood through this artistic medium.

Photography is one of my favorite mediums. I've been doing a lot of photography since I was 15 and developed my practice during my bachelor's degree in visual arts, so I was really excited to be able to share one of my passions with teenagers.

Baobab familial is an organization that promotes mutual aid, exchange and the feeling of belonging to its environment by welcoming and supporting families in their daily lives. I'm also hearing the audience will be teenagers, but we don't know how many will participate today. Not knowing their level of knowledge on photography either, I prepared a memory sheet for them showing some examples of compositions, framing and angles of view.

Before leaving with the van, I print four copies of the cheat sheet, because we eventually learn that there will probably be four to participate. We put together five cameras, make sure they all have memory cards and full batteries and we disinfect them in the van on the way, towards Martin Luther-King Park.

At the park, we find the Baobab social workers, Anne-Marie and Andréanne, at a picnic table and we introduce ourselves. They tell us that they will eventually be more numerous, that more will arrive later, and we tell ourselves that they can team up in pairs or use their cellphones to take pictures if necessary.

When four of the participants arrive, Ducakis explains the workshop. One of them, Marc*, was standing further back and Thierry speaks to him, trying to get him to sit closer. We cover ourselves under a roof since it starts to rain intensely and after my quick lesson on the compositions, the rain stops. We then distribute the cameras and spend a few minutes seeing the technical functioning of the devices, as they are all different. I also let them know that in photography, you shouldn't be afraid to move around, to point your lens up, down, to the side, etc. Photography is sport!

Before starting the journey, we ask everyone what they would like to take a picture of, what they like and dislike in their neighborhood and to name places of their daily life, for example, in order to determine which route we are going to take. Marc talks about the sports center and the convenience store at the corner of his street, someone mentions the library and the park, another the Tim Hortons and Thierry would like to go take pictures in the Plaza (because if he had to shoot a zombie movie, it would be his place of choice).

As we begin to walk, a fifth person joins the group and Anne-Marie lends her her camera. We walk towards the library before entering the Plaza and on the way, two other participants see us and cross the street to join us. They team up in pairs to take pictures with the fifth camera.

 

 

Marc, who was the most shy at the beginning, now asks me lots of questions about how to make a composition with diagonals, for example, and I explain a little more to him by referring to the lines, the architecture and the windows of the library building. I also suggest that he tries the composition in negative spaces, leaving room to breathe in the image. He tries it by framing the traffic lights while leaving negative space (the sky) around. He is really invested in the process and often asks me my opinion on his photos.

After a few shots on the Chemin de la Côte-des-Neiges, we decide to enter the Plaza. Besides already looking like a zombie movie mall, everything is under construction, which adds to the eeriness.

During the workshop, a trio is forming and three of the girls follow each other everywhere. They walk into a clothing store where everything is very colorful and they stay there for a while.

We continue our walk and the participants are scattered a bit, each of them attracted by different things. Some will take pictures of the glass ceiling, others of the mechanical stairs, the funny lampposts, or even all kinds of gadgets in store displays.

The battery of Mélodie's* camera is empty, but luckily Ducakis had bought disposable cameras at the pharmacy. Jasmine* also decides to continue with the disposable camera, but be careful, they only have 27 takes! I therefore advise them to think carefully about what they decide to capture and to take more time to position themselves than with a digital camera.

After going around, we exit on the other side of the center into the parking lot, which is practically empty and we all have fun photographing it from different angles. Before even leaving the parking lot, Mélodie had already used all of her shots!

 

 

We continue the circuit on Légaré Street to meet several other subjects that grab the attention of the teens, such as graffitis and, a little further, plants and buzzing bees. I stay with them and the bees for a little while the other half of the group walks further ahead, turning right onto Courtai Avenue.

As soon as we turn, we immediately find ourselves in a more industrial sector, filled with garages, machines, old tires... It's a whole different scene and everyone is drawn left and right by different details.

One of the participants, Natacha*, is more solitary and quiet, but I find her just as invested and interested as the others, not hesitating to move around and let herself be carried away by what catches her attention.

 

 

After this more industrial neighborhood, we come to the Quan-Am Buddhist society and buildings under construction. Marc exclaims ah I didn't know there was a temple here! and he places his lens between the fence to be able to photograph the entrance.

A little further on the same street, we come across an older building, all blue, filled with graffiti, where it is signed MDJ CDN (Maison des jeunes Côte-des-Neiges). We stop to take pictures and Marc comes up to me and asks me how I find his photo: it shows graffiti of a man in black and white, who seems to be praying, with rays all around him. I tell him that it is a good choice in this case to have chosen a centered composition!

 

At the end of the street, we come to a large wall that hides the boulevard and then in front of this wall, an apartment block also covered in graffiti. Some photograph it from across the street, others move closer to the windows and Thierry and Anne-Marie place their cameras between the holes of the wall to capture the boulevard on the other side.

 

 

Coming back to the park, we come across other interesting elements that I noticed, such as a building under construction covered with yellow moss, an old commercial poster... On the sidewalk, a fruit store presents bananas, oranges, onions, etc. and Marc stops to photograph them; I do the same, thinking it is a nice observation from him.

At the end of the walk, we have a surprise in store for them: it ends with an ice cream that we eat on the park benches! We talk about the workshop to find out what they liked and what they discovered about their neighborhood. Natacha says she realizes that she actually knows her neighborhood very well. Others have discovered the Buddhist temple, for example, or the graffitis on this street. Personally, I really enjoyed going to the Plaza and to the industrial area. We also found that we did not necessarily go to the places listed at the beginning, because we rather let ourselves be carried away by the moment, by what we just wanted to photograph.

Andréanne then asks them who discovered a passion for photography? and Marc and Mélodie raise their hands, with a smile. Besides, towards the end of the tour, Marc said to Thierry, "I hope that after the workshop, I can become a professional photographer."

Finally, we reflected on the workshop with the participants. I point out to them that photography forces us to look at our neighborhood and at everything around us differently. Several of them nod in agreement. I think photography also allows us to see the beauty in everything; by looking we find it everywhere. We are also trying to find out what would interest them for the rest of the workshop. Are we going to do a selection of our best photos? Create an exhibit or maybe collect all the photos to form a book? Many seem to like the idea of the book. At the next photo workshop anyway, it will be with the entire family!

 

*Names are all fictional and have been changed to keep anonymity of the participants.

L’atelier de photo: Un circuit dans Côte-des-Neiges avec Baobab Familial

par / by Maude Blanchet Léger

 

Le mercredi 5 août, j’ai été invitée à me joindre à un atelier de photo dans le quartier Côte-des-Neiges avec Ducakis et Thierry, deux de nos médiateurs. Le projet a été initié par Ducakis il y a un an et à pour but de faire découvrir la photo aux participant.es et de leur permettre de se (ré)approprier leur quartier à travers ce médium artistique. 

La photographie est l’un des médiums que je préfère. Je fais beaucoup de photo depuis l’âge de 15 ans et j’ai développé ma pratique durant mon bac en arts visuels, alors j’étais vraiment excitée de pouvoir partager l’une de mes passions avec des jeunes.

Baobab familial est un organisme qui favorise l'entraide, l'échange et le sentiment d'appartenance à son milieu en accueillant et en soutenant les familles dans leur quotidien. J’apprends aussi que le public sera ado, mais nous ne savons pas combien participeront aujourd’hui. Ne sachant pas non plus le niveau de connaissance des jeunes sur la photographie, je leur ai préparé une feuille aide-mémoire démontrant quelques exemples de compositions, de cadrages et d’angles de vue.

Avant de partir avec la mobile, j’imprime quatre copies de l’aide-mémoire, parce que nous apprenons finalement qu’ils seront probablement quatre à participer. Nous regroupons cinq caméras, s'assurons qu’elles ont toutes des cartes mémoires et des batteries pleines, et hop, on les désinfecte dans la van sur le chemin, direction parc Martin Luther-King.

Au parc, on trouve les intervenantes de Baobab, Anne-Marie et Andréanne, à une table à picnic et on se présente. Elles nous disent qu’ils seront finalement plus nombreux, que plusieurs arriveront plus tard, et on se dit qu’ils pourront se mettre en équipe de deux ou utiliser leur cellulaire au besoin pour prendre des photos.

Une fois quatre des jeunes arrivés, Ducakis leur explique l’atelier. L’un d’entres eux, Marc*, se tient plus à l’écart et Thierry lui parle, afin de l’inclure et de tenter de le faire s’approcher. On se couvre en dessous d’un toit puisqu’il se met à pleuvoir très fort et après mon cours express sur les compositions, la pluie s’arrête. On distribue alors les caméras et on passe quelques minutes à voir les fonctionnements techniques des appareils, comme ils sont tous différents. Je leur fais savoir aussi qu’en photo, il ne faut pas avoir peur de bouger, de se déplacer, de pointer son objectif en haut, en bas, de côté, etc. La photo, c’est du sport!

Avant de débuter le trajet, nous demandons aux jeunes ce qu’ils voudraient prendre en photo, où ce qu’ils aiment et n’aiment pas dans leur quartier et de nommer des endroits de leur quotidien par exemple, afin de déterminer quel trajet nous allons emprunter. Marc parle du centre sportif et du dépanneur au coin de sa rue, une jeune mentionne la bibliothèque et le parc, une autre le Tim Hortons et Thierry aimerait aller prendre des photos dans la Plaza (parce que s’il avait à tourner un film de zombies, c’est l’endroit qu’il choisirait).

 

En commençant à marcher, une cinquième jeune s’ajoute au groupe et Anne-Marie lui prête son appareil photo. On se dirige vers la bibliothèque avant d’entrer dans la Plaza et sur le chemin, deux autres jeunes nous croisent et traversent la rue pour nous rejoindre. Ils se mettent en équipe de deux pour prendre des photos avec le cinquième appareil.

Marc, qui était le plus gêné au début, me pose maintenant plein des questions sur comment réaliser par exemple une composition avec des diagonales et je lui explique un peu plus en référant les lignes, l’architecture et les fenêtres du bâtiment de la bibliothèque. Je lui propose aussi d’essayer la composition en espaces négatifs, en laissant du vide afin de laisser respirer son image. Il tente le coup en cadrant les feux de circulation tout en laissant du vide (le ciel) autour. Il est vraiment investi dans la démarche et me demande souvent mon avis sur ses photos.

Après quelques prises de vue sur le Chemin de la Côte-des-Neiges, nous décidons d’entrer dans la Plaza. En plus de déjà ressembler à un centre commercial de film de zombies, tout est en construction, ce qui ajoute au caractère d’étrangeté.

 

 

Durant l’atelier, un petit trio se forme et trois des filles se suivent partout. Elles entrent dans un magasin de vêtements où tout est très coloré et elles y restent un bon moment.

On continue notre chemin et les jeunes s’éparpillent un peu, tous.tes interpellés par des éléments distincts. Certain.es vont prendre des photos du plafond vitré, d’autres de l’escalier mobile, des drôles de lampadaires, ou encore de toutes sortes de bidules se trouvant dans les vitrines des magasins.

La batterie de l’appareil de Mélodie* se vide, mais heureusement Ducakis était allé acheter des caméras jetables à la pharmacie. Jasmine* décide elle aussi de continuer avec la caméra jetable, mais attention, elles n’ont que 27 prises! Je leur conseille donc de bien réfléchir à ce qu’elles décident de capter et de prendre plus leur temps pour se positionner qu’avec une caméra digitale.

Après avoir fait le tour, on sort de l’autre côté du centre pour arriver dans le stationnement, qui est pratiquement vide et on s’amuse tous.tes à le photographier de différents angles. Avant même de sortir du stationnement, Mélodie avait déjà utilisé toutes ses prises!

 

 

 

On continue le circuit sur la rue Légaré pour rencontrer plusieurs autres sujets qui piquent l’attention des jeunes, comme des graffitis et un peu plus loin, des plantes et des abeilles qui bourdonnent. Je reste un moment avec elles et les abeilles pendant que l’autre moitié du groupe marche plus loin devant nous, tournant à droite sur l’Avenue de Courtai.

 

 

 

Dès que l’on tourne, on se retrouve immédiatement dans un coin plus industriel, rempli de garages, de machines, de vieux pneus… C’est une toute autre scène et tout le monde est attiré à gauche et à droite par différents détails.

 

 

L’une des jeunes, Natacha*, est plus solitaire et tranquille, mais je la trouve tout autant investie et intéressée que les autres, n’hésitant pas à se déplacer partout et à se laisser porter par ce qui attire son attention. 

 

 

Passé ce voisinage plus industriel, nous arrivons devant la société bouddhiste Quan-Am et des bâtiments en construction. Marc s'exclame ah je ne savais pas qu’il y avait un temple ici! et il place son objectif entre les barreaux de la porte pour pouvoir photographier les lieux.

 

 

Un peu plus loin sur la même rue, nous croisons une bâtisse un peu vieille, toute bleue, remplie de graffitis, où il est signé MDJ CDN (Maison des jeunes Côte-des-Neiges). On s'arrête pour la prendre en photo. Marc vient vers moi et me demande comment je trouve sa photo: on y voit un graffiti d’un homme en noir et blanc, qui semble prier, avec des rayons tout autour de lui. Je lui réponds que c’est un bon choix dans ce cas-ci d’avoir choisi de faire une composition centrée! Il semble satisfait et continue de marcher.

 

 

Au bout de la rue, nous arrivons devant un grand mur qui cache le boulevard et puis de l’autre côté, en face de ce mur, un bloc d’appartements recouvert lui aussi de graffitis. Certain.es le photographient du travers de la rue, d’autres se rapprochent des fenêtres et Thierry et Anne-Marie placent leur caméra entre les trous du mur pour capturer le boulevard de l’autre côté.

 

 

En revenant vers le parc, nous croisons d’autres éléments intéressants que j’ai pu remarquer, comme une bâtisse en construction couverte de mousse jaune, une vieille affiche de commerce... Sur le trottoir, une fruiterie présentent des bananes, des oranges, des oignons, etc. et Marc s’arrêtent pour les photographier; je fait de même, trouvant que c’est une belle observation de sa part.

À la fin du circuit, nous leur réservons une surprise: on termine ça autour d’une crème glacée que nous mangeons sur les bancs du parc! Nous revenons ensuite sur l’atelier, pour savoir ce qu’ils ont aimé et ce qu’ils ont découvert de leur quartier. Natacha dit réaliser qu’elle connaît en fait très bien son quartier. D’autres ont découvert par exemple le temple bouddhiste, ou encore les graffitis sur cette rue. Personnellement, j’ai beaucoup aimé aller dans la Plaza et dans le coin plus industriel. Nous avons constaté aussi que nous n’étions pas nécessairement allés aux endroits énumérés au début, car nous nous sommes plutôt laissé emporter par le moment, par ce que nous avions tout simplement envie de photographier.

Andréanne leur demande ensuite qui s’est découvert une passion pour la photo? et Marc et Mélodie lèvent la main, avec le sourire. Vers la fin du circuit, Marc a d’ailleurs dit à Thierry «J’espère qu’après l’atelier, je vais pouvoir devenir photographe professionnel.»

Pour terminer, nous avons réfléchis avec les jeunes sur l’atelier. Je leur fais remarquer que la photo nous force à regarder d’un oeil différent notre quartier et tout ce qui nous entoure. Plusieurs acquiescent. Je pense que la photo nous permet aussi de voir la beauté dans tout; en observant on la découvre partout. Nous cherchons aussi à savoir ce qui intéresserait les jeunes pour la suite de l’atelier. Allons-nous faire un séance de sélection de nos meilleures photos? Créer une exposition ou peut-être recueillir toutes les photos sous forme d’un livre? Plusieurs semblent aimer l’idée du livre. À la prochaine sortie photo en tout cas, ça se passera en famille!

 

*Tous les noms sont fictifs et ont été changés afin de conserver l'anonymat des participant.es.

 

 

ENGLISH

 

On Wednesday August 5, I was invited to join a photo workshop in Côte-des-Neiges with Ducakis and Thierry, two of our mediators. The project was initiated by Ducakis a year ago and the goal is to introduce photography to participants and allow them to (re)appropriate their neighborhood through this artistic medium.

Photography is one of my favorite mediums. I've been doing a lot of photography since I was 15 and developed my practice during my bachelor's degree in visual arts, so I was really excited to be able to share one of my passions with teenagers.

Baobab familial is an organization that promotes mutual aid, exchange and the feeling of belonging to its environment by welcoming and supporting families in their daily lives. I'm also hearing the audience will be teenagers, but we don't know how many will participate today. Not knowing their level of knowledge on photography either, I prepared a memory sheet for them showing some examples of compositions, framing and angles of view.

Before leaving with the van, I print four copies of the cheat sheet, because we eventually learn that there will probably be four to participate. We put together five cameras, make sure they all have memory cards and full batteries and we disinfect them in the van on the way, towards Martin Luther-King Park.

At the park, we find the Baobab social workers, Anne-Marie and Andréanne, at a picnic table and we introduce ourselves. They tell us that they will eventually be more numerous, that more will arrive later, and we tell ourselves that they can team up in pairs or use their cellphones to take pictures if necessary.

When four of the participants arrive, Ducakis explains the workshop. One of them, Marc*, was standing further back and Thierry speaks to him, trying to get him to sit closer. We cover ourselves under a roof since it starts to rain intensely and after my quick lesson on the compositions, the rain stops. We then distribute the cameras and spend a few minutes seeing the technical functioning of the devices, as they are all different. I also let them know that in photography, you shouldn't be afraid to move around, to point your lens up, down, to the side, etc. Photography is sport!

Before starting the journey, we ask everyone what they would like to take a picture of, what they like and dislike in their neighborhood and to name places of their daily life, for example, in order to determine which route we are going to take. Marc talks about the sports center and the convenience store at the corner of his street, someone mentions the library and the park, another the Tim Hortons and Thierry would like to go take pictures in the Plaza (because if he had to shoot a zombie movie, it would be his place of choice).

As we begin to walk, a fifth person joins the group and Anne-Marie lends her her camera. We walk towards the library before entering the Plaza and on the way, two other participants see us and cross the street to join us. They team up in pairs to take pictures with the fifth camera.

 

 

Marc, who was the most shy at the beginning, now asks me lots of questions about how to make a composition with diagonals, for example, and I explain a little more to him by referring to the lines, the architecture and the windows of the library building. I also suggest that he tries the composition in negative spaces, leaving room to breathe in the image. He tries it by framing the traffic lights while leaving negative space (the sky) around. He is really invested in the process and often asks me my opinion on his photos.

After a few shots on the Chemin de la Côte-des-Neiges, we decide to enter the Plaza. Besides already looking like a zombie movie mall, everything is under construction, which adds to the eeriness.

During the workshop, a trio is forming and three of the girls follow each other everywhere. They walk into a clothing store where everything is very colorful and they stay there for a while.

We continue our walk and the participants are scattered a bit, each of them attracted by different things. Some will take pictures of the glass ceiling, others of the mechanical stairs, the funny lampposts, or even all kinds of gadgets in store displays.

The battery of Mélodie's* camera is empty, but luckily Ducakis had bought disposable cameras at the pharmacy. Jasmine* also decides to continue with the disposable camera, but be careful, they only have 27 takes! I therefore advise them to think carefully about what they decide to capture and to take more time to position themselves than with a digital camera.

After going around, we exit on the other side of the center into the parking lot, which is practically empty and we all have fun photographing it from different angles. Before even leaving the parking lot, Mélodie had already used all of her shots!

 

 

We continue the circuit on Légaré Street to meet several other subjects that grab the attention of the teens, such as graffitis and, a little further, plants and buzzing bees. I stay with them and the bees for a little while the other half of the group walks further ahead, turning right onto Courtai Avenue.

As soon as we turn, we immediately find ourselves in a more industrial sector, filled with garages, machines, old tires... It's a whole different scene and everyone is drawn left and right by different details.

One of the participants, Natacha*, is more solitary and quiet, but I find her just as invested and interested as the others, not hesitating to move around and let herself be carried away by what catches her attention.

 

 

After this more industrial neighborhood, we come to the Quan-Am Buddhist society and buildings under construction. Marc exclaims ah I didn't know there was a temple here! and he places his lens between the fence to be able to photograph the entrance.

A little further on the same street, we come across an older building, all blue, filled with graffiti, where it is signed MDJ CDN (Maison des jeunes Côte-des-Neiges). We stop to take pictures and Marc comes up to me and asks me how I find his photo: it shows graffiti of a man in black and white, who seems to be praying, with rays all around him. I tell him that it is a good choice in this case to have chosen a centered composition!

 

At the end of the street, we come to a large wall that hides the boulevard and then in front of this wall, an apartment block also covered in graffiti. Some photograph it from across the street, others move closer to the windows and Thierry and Anne-Marie place their cameras between the holes of the wall to capture the boulevard on the other side.

 

 

Coming back to the park, we come across other interesting elements that I noticed, such as a building under construction covered with yellow moss, an old commercial poster... On the sidewalk, a fruit store presents bananas, oranges, onions, etc. and Marc stops to photograph them; I do the same, thinking it is a nice observation from him.

At the end of the walk, we have a surprise in store for them: it ends with an ice cream that we eat on the park benches! We talk about the workshop to find out what they liked and what they discovered about their neighborhood. Natacha says she realizes that she actually knows her neighborhood very well. Others have discovered the Buddhist temple, for example, or the graffitis on this street. Personally, I really enjoyed going to the Plaza and to the industrial area. We also found that we did not necessarily go to the places listed at the beginning, because we rather let ourselves be carried away by the moment, by what we just wanted to photograph.

Andréanne then asks them who discovered a passion for photography? and Marc and Mélodie raise their hands, with a smile. Besides, towards the end of the tour, Marc said to Thierry, "I hope that after the workshop, I can become a professional photographer."

Finally, we reflected on the workshop with the participants. I point out to them that photography forces us to look at our neighborhood and at everything around us differently. Several of them nod in agreement. I think photography also allows us to see the beauty in everything; by looking we find it everywhere. We are also trying to find out what would interest them for the rest of the workshop. Are we going to do a selection of our best photos? Create an exhibit or maybe collect all the photos to form a book? Many seem to like the idea of the book. At the next photo workshop anyway, it will be with the entire family!

 

*Names are all fictional and have been changed to keep anonymity of the participants.

idAction mobile: L’arbre des solutions / The tree of solutions

Par / by Maude Blanchet-Léger

| ENGLISH VERSION |

 

Le vendredi 31 juillet, j’arrive vers 11h45 au bureau et je monte rejoindre Thierry, avec qui j’étais heureuse de passer l’après-midi, puisque le dernier atelier à boulot vers auquel j’ai assisté avec lui s’était très bien déroulé. Il m’explique l’idée d’activité qu’il a eue; nous pourrions découper des carrés de toile sur lesquels les personnes écriraient d’un côté un problème que nous avons dans la société et de l’autre côté, une solution à ce problème. Nous accrocherions ensuite les deux morceaux de canvas sur les branches d’un arbre qui se retrouve dans leur milieu de vie, décorant ainsi leur environnement de manière éphémère. Cool!  On découpe la toile et on rassemble tout le matériel pour se rendre à la van. Avant d’aller au parc, on fait un arrêt au supermarché afin d’acheter de la corde et plus de crayons et voilà, nous sommes prêt.es!

En arrivant au Parc Martin Luther-King, je réalise que nous ne manquerons probablement pas de participant.es. Je connais très peu le quartier et je suis un peu déconcertée de voir autant de personnes en situation d’itinérance. 

Il fait nuageux avec des percées de soleil; c’est la température parfaite pour un atelier à l’extérieur. Nous commençons à sortir le matériel de la van et une personne vient nous parler.  Elle nous demande si on a de la nourriture, non, mais on organise un atelier, on lui donne une bouteille d’eau et un masque. Elle nous demande ce que nous faisons et on lui explique qu’on vient réfléchir avec les gens et on lui parle de l’atelier. Elle nous conseille de ne pas rester de ce côté du parc, parce que c’est trop triste de voir tout ça et elle nous suggère d’aller de l’autre côté où c’est plus familial. Thierry lui répond que nous allons tout de même commencer ici, essayer de ce côté d’abord, parce que nous croyons que ces personnes ont aussi des choses importantes à dire.

Nous installons la table et je fais la pancarte L’arbre des solutions et une van de bouffe arrive: tout le monde se sert. Une fois installé.es, un homme vient tout de suite vers nous et nous raconte un peu sa vie et fait des blagues. Il a vécu dans plusieurs pays et il est d’origine thaïlandaise. Il dit « moi pas québécois, moé québécoué » en se frappant sur le torse et en riant et on rit avec lui. Son autre blague préférée c’est qu’ici, le loyer est gratuit. Thierry et moi lui expliquons l’atelier, mais il a un sursaut et recule lorsqu’on lui propose d’écrire quelque chose. Il ne doit pas avoir l’habitude de se faire demander son avis et même s’il a pourtant beaucoup de choses à dire, il ne veut pas participer. Il nous accompagne tout de même tout au long de notre présence dans le parc.

Juste en face du parc se trouve une cafétéria communautaire. Une femme qui y travaille vient nous jaser, elle connait pas mal de gens ici. Un autre homme, Bruno*, connait déjà Exeko et il se souvient de Dukakis qui était venu la semaine passée. Il veut participer à l’atelier, mais demande à Thierry d’écrire ses idées pour lui. Il exprime que selon lui, le problème ici (en faisant un geste de main vers tout le parc) c’est qu’il y a trop de crack, mais que la police ne prend pas les bonnes actions et pénalisent les gens au lieu d’aller à la source du problème.

Bruno nous dit aussi que les autorités ont interdit l’accès aux salles de bain du parc à cause de la pandémie, donc les personnes vivant dans le parc n’ont nul part d’autre où aller que dans le jeu d’eau pour enfants afin de se laver. Il suggère donc de rendre accessible plus d’installations de besoins de base pour les personnes sans-abris.

Une autre personne souhaite participer; elle amène des crayons et s’installe sur l’herbe pour écrire à côté de son fils qui mange du mcdo. Elle écrit que les enfants et les familles ne se sentent pas les bienvenus dans certaines parties du parc et qu’il faudrait faire de ce parc un endroit pour tout le monde. Elle demande ensuite à Thierry d’accrocher sa création dans l’arbre pour elle.

                

Pendant ce temps, les bouteilles d’eau partent vite et l’arbre est maintenant bien décoré. En partant, Bruno nous remercie avec un grand sourire et nous demande si on va revenir bientôt. Pendant que nous rangeons le matériel dans la van, un jeune homme s’arrête pour nous demander ce que nous faisons et qu’elle est notre mission. Il s’implique dans la cafétéria d’en face et souhaiterait faire plus bénévolat. Il semble vraiment intéressé et nous dit qu’il contactera Exeko. On roule direction métro Parc et en quittant, Bruno nous envoie des bisous de la main.

En arrivant au métro Parc, je remarque un rassemblement de gens, plus nombreux cette fois. Les bouteilles d’eau et les masques partent encore plus vite, mais quelques personnes restent pour nous parler. 

Un homme se prononce sur la crise du logement et de sa difficulté à trouver quoique ce soit d’abordable et de salubre. Thierry propose donc d’écrire que la solution serait de bâtir plus de logements sociaux et l’homme est d’accord avec cette idée. Il nous parle aussi d’un événement récent où des gens occupaient l’espace sur le long de la rue Notre-Dame dans des tentes, faute de refuge. Le campement était toléré jusqu’à ce que tout le monde soit tassé par les autorités. Il suggère aux campeurs d’accrocher une banderole devant leur terrain afin de rendre leur geste et leur lutte plus explicite et de la légitimer. Thierry et moi trouvons que c’est une excellente idée!

Au même moment, je parle avec une autre personne qui arrive avec beaucoup d’enthousiasme. Lui, il veut de la bouffe pour tous! Il propose la création de plus de banques alimentaires et d’encourager les restaurants et les gens à moins gaspiller de nourriture et à donner plus aux banques. J’accroche par la suite ses idées dans l’arbre derrière nous.

                 

Puisque nous n’avions plus de bouteilles d’eau, que le soleil sortait et qu’il commençait à faire très chaud, je suis allée en acheter au supermarché à côté du métro.

En revenant, un homme s’approche timidement et nous le saluons. Une fois qu’il a su ce que nous faisions, il en avait beaucoup à dire. Il nous parle de la paix intérieure et de comment les gens ne sont pas à l’écoute des autres, mais aussi d’eux-même. À la fin de notre conversation, il nous remercie et avoue que ça lui a fait beaucoup de bien de se vider le coeur. Je tente de résumer ses pensées en deux phrases et je les accroche dans l’arbre.

Dix minutes plus tard, l’homme avec qui nous parlions de la crise du logement revient avec un article de journal de la veille sur l’événement en question. Il semble vraiment outré par l’expulsion du campement et nous sommes tous les trois d’accord qu’il s’agit d’une décision complètement illogique, car ces gens n’ont nul part d’autre où aller et leur situation est encore plus difficile depuis la pandémie. En faisant ceci, on ne fait que réprimer une fois de plus ceux et celles qui ont le plus besoin d’aide. Après une discussion d’une dizaine de minutes, il nous remercie et nous dit « lâchez pas, j’aime vraiment ça ce que vous faites. »

Il est temps de partir, alors on range le matériel et on désinfecte le tout une dernière fois. En marchant vers la van et sur le chemin du retour, Thierry et moi parlons des réactions des participant.es. Nous savons qu’au moins trois ont aimé notre atelier et nous ont directement remercié et plusieurs semblaient vraiment content.es de nous voir. J’espère que cette activité a pu leur apporter un moment de réflexion, mais aussi un petit temps de repos, voire de distraction dans leur journée.

 

*Les noms utilisés dans le texte sont fictifs et ont été changés pour préserver l’anonymat.

Toutes les photos de l'article sont l'oeuvre de l'autrice, Maude Blanchet Léger.

idAction mobile: The tree of solutions

On Friday, July 31, I arrive at around 11:45 am at the office and I go upstairs to join Thierry, with whom I was happy to spend the afternoon, since the last work workshop that I attended with him went very well. He explains to me the idea he had for today’s activity; we could cut out squares of canvas where people could write on one side a problem we have in our society and a solution to that problem on the other side. We would then hang the two pieces of canvas on the branches of a tree that is found in their living environment, thus decorating their living space in an ephemeral way. Cool! We cut the canvas and collect all the material to get to the van. Before heading to the park, we stop at the supermarket to buy some rope and more pencils and voila, we are ready!

Arriving at Martin Luther-King Park, I realize that we will probably not run out of participants. I don’t know anything about this neighborhood and I am a little surprised to see so many homeless people.

It is cloudy with bursts of sun; it’s the perfect temperature for an outdoor workshop. We start to take the equipment out of the van and right away someone comes to talk to us. She asks us if we have food, no, but we’re organizing a workshop, we give her a bottle of water and a mask. She asks us what we are doing and we explain to her that we are here to reflect on society with people and we talk to her about the workshop. She advises us not to stay on this side of the park, because it's too sad to see all of this and she suggests that we go to the other side where it's more family-friendly. Thierry tells her we're going to start here anyway, try this side first, because we think these people have important things to say too.

We set up the table and I put up the Tree of solutions sign and a food van arrives: everyone helps themselves. Once installed, a man comes immediately towards us and tells us a bit about his life and makes jokes. He has lived in several countries and is from Thailand. He says "moi pas québécois, moé québécoué", slapping himself on the chest and laughing and we laugh with him. His other favorite joke is that the rent here is free. Thierry and I explain the workshop to him, but he gasps and pulls back when asked if he wants to write something. He is probably not used to being asked for his opinion and although he does have a lot to say, he doesn't want to participate. Nonetheless, he stays with us throughout our presence in the park.

Right in front of the park is a community cafeteria. A woman who works there comes to talk to us, she seems to know a lot of people around here. Another man, Bruno*, already knows Exeko and he remembers Dukakis who came last week. He wants to participate in the workshop, but asks Thierry to write down his ideas for him. He expresses that according to him, the problem here (waving his hand towards the whole park) is that there is too much crack, but that the police do not take the right actions and penalizes the people instead of going to the root of the problem. Bruno also tells us that the authorities have banned access to the bathrooms in the park due to the pandemic, so the people who live in the park have nowhere else to go than in the water fountains made for children in order to wash themselves. He then suggests that we need to make more basic facilities accessible to homeless people.

Another person wishes to participate; she brings pencils and settles on the grass to write next to her son who is eating mcdonalds. She writes that children and families do not feel welcome in some areas of the park and that this park should be made a place for everyone. She then asks Thierry to hang her creation in the tree for her.

    

Meanwhile, the water bottles are almost all gone and the tree is now nicely decorated. Before leaving, Bruno thanks us with a big smile and asks us if we will be back soon. While we are packing the equipment into the van, a young man stops, wondering what we are doing and what our mission is. He is doing volunteering in the cafeteria across the street and would like to do more. He seems really interested and says that he will contact Exeko. We drive towards metro Parc and when leaving, Bruno blows us kisses.

When we get to the metro Parc, I notice a gathering of people, more numerous this time. The water bottles and masks run out even faster, but a few people stay to talk to us.

A man speaks out on the housing crisis and how it’s difficulty for him to find anything affordable and sanitary. Thierry therefore proposes to write that the solution would be to build more social housing and the man agrees with this idea. He also tells us about a recent event where people occupied the space along Notre-Dame Street in tents, because of a lack of shelter. The campement was tolerated until they were evacuated by the authorities. He suggests that the campers could hang a banner in front of their site in order to make their gesture and their situation more explicit and to legitimize it. Thierry and I think this is a great idea! As he leaves, he thanks us and says "keep it going, I really like what you do. "

At the same time, another person arrives with great enthusiasm and I start speaking with him. He wants food for everyone! He proposes to create more food banks and to encourage restaurants and people to waste less food and to donate more to those banks. I then hang his ideas in the tree behind us.

 

 

Since we had run out of water bottles, the sun was coming out and it was getting very hot, I went to buy some more from the supermarket next to the metro.

Coming back, a man approaches timidly and we greet him. Once he found out what we were doing, he had a lot to say. He tells us about inner peace and how people are not listening to others, but also to themselves. At the end of our conversation, he thanks us and admits that it did him a lot of good to talk with us. I try to sum up his thoughts in two sentences and hang them in the tree.

Ten minutes later, the man we were talking to about the housing crisis returns with a newspaper article from the day before about the event. He seems genuinely outraged by the expulsion of the campers and the three of us all agree that this is a completely illogical decision, as these people have nowhere else to go and their situation is even more difficult since the pandemic. By doing this, we only repress once again those who need help the most.

 

It is now time to go, so we put the equipment away and disinfect it one last time. Walking towards the van and on the way back, Thierry and I talk about the reactions of the participants. We know that at least three people liked our workshop and thanked us personally and several seemed really happy to see us. I hope this activity gave them a moment of reflection, but also a little time to rest, or even a small distraction in their day.

 

*Names in the text have been changed in order to keep anonymity.

Every pictures are credited to the author, Maude Blanchet-Léger.  

idAction mobile: L’arbre des solutions / The tree of solutions

Par / by Maude Blanchet-Léger

| ENGLISH VERSION |

 

Le vendredi 31 juillet, j’arrive vers 11h45 au bureau et je monte rejoindre Thierry, avec qui j’étais heureuse de passer l’après-midi, puisque le dernier atelier à boulot vers auquel j’ai assisté avec lui s’était très bien déroulé. Il m’explique l’idée d’activité qu’il a eue; nous pourrions découper des carrés de toile sur lesquels les personnes écriraient d’un côté un problème que nous avons dans la société et de l’autre côté, une solution à ce problème. Nous accrocherions ensuite les deux morceaux de canvas sur les branches d’un arbre qui se retrouve dans leur milieu de vie, décorant ainsi leur environnement de manière éphémère. Cool!  On découpe la toile et on rassemble tout le matériel pour se rendre à la van. Avant d’aller au parc, on fait un arrêt au supermarché afin d’acheter de la corde et plus de crayons et voilà, nous sommes prêt.es!

En arrivant au Parc Martin Luther-King, je réalise que nous ne manquerons probablement pas de participant.es. Je connais très peu le quartier et je suis un peu déconcertée de voir autant de personnes en situation d’itinérance. 

Il fait nuageux avec des percées de soleil; c’est la température parfaite pour un atelier à l’extérieur. Nous commençons à sortir le matériel de la van et une personne vient nous parler.  Elle nous demande si on a de la nourriture, non, mais on organise un atelier, on lui donne une bouteille d’eau et un masque. Elle nous demande ce que nous faisons et on lui explique qu’on vient réfléchir avec les gens et on lui parle de l’atelier. Elle nous conseille de ne pas rester de ce côté du parc, parce que c’est trop triste de voir tout ça et elle nous suggère d’aller de l’autre côté où c’est plus familial. Thierry lui répond que nous allons tout de même commencer ici, essayer de ce côté d’abord, parce que nous croyons que ces personnes ont aussi des choses importantes à dire.

Nous installons la table et je fais la pancarte L’arbre des solutions et une van de bouffe arrive: tout le monde se sert. Une fois installé.es, un homme vient tout de suite vers nous et nous raconte un peu sa vie et fait des blagues. Il a vécu dans plusieurs pays et il est d’origine thaïlandaise. Il dit « moi pas québécois, moé québécoué » en se frappant sur le torse et en riant et on rit avec lui. Son autre blague préférée c’est qu’ici, le loyer est gratuit. Thierry et moi lui expliquons l’atelier, mais il a un sursaut et recule lorsqu’on lui propose d’écrire quelque chose. Il ne doit pas avoir l’habitude de se faire demander son avis et même s’il a pourtant beaucoup de choses à dire, il ne veut pas participer. Il nous accompagne tout de même tout au long de notre présence dans le parc.

Juste en face du parc se trouve une cafétéria communautaire. Une femme qui y travaille vient nous jaser, elle connait pas mal de gens ici. Un autre homme, Bruno*, connait déjà Exeko et il se souvient de Dukakis qui était venu la semaine passée. Il veut participer à l’atelier, mais demande à Thierry d’écrire ses idées pour lui. Il exprime que selon lui, le problème ici (en faisant un geste de main vers tout le parc) c’est qu’il y a trop de crack, mais que la police ne prend pas les bonnes actions et pénalisent les gens au lieu d’aller à la source du problème.

Bruno nous dit aussi que les autorités ont interdit l’accès aux salles de bain du parc à cause de la pandémie, donc les personnes vivant dans le parc n’ont nul part d’autre où aller que dans le jeu d’eau pour enfants afin de se laver. Il suggère donc de rendre accessible plus d’installations de besoins de base pour les personnes sans-abris.

Une autre personne souhaite participer; elle amène des crayons et s’installe sur l’herbe pour écrire à côté de son fils qui mange du mcdo. Elle écrit que les enfants et les familles ne se sentent pas les bienvenus dans certaines parties du parc et qu’il faudrait faire de ce parc un endroit pour tout le monde. Elle demande ensuite à Thierry d’accrocher sa création dans l’arbre pour elle.

                

Pendant ce temps, les bouteilles d’eau partent vite et l’arbre est maintenant bien décoré. En partant, Bruno nous remercie avec un grand sourire et nous demande si on va revenir bientôt. Pendant que nous rangeons le matériel dans la van, un jeune homme s’arrête pour nous demander ce que nous faisons et qu’elle est notre mission. Il s’implique dans la cafétéria d’en face et souhaiterait faire plus bénévolat. Il semble vraiment intéressé et nous dit qu’il contactera Exeko. On roule direction métro Parc et en quittant, Bruno nous envoie des bisous de la main.

En arrivant au métro Parc, je remarque un rassemblement de gens, plus nombreux cette fois. Les bouteilles d’eau et les masques partent encore plus vite, mais quelques personnes restent pour nous parler. 

Un homme se prononce sur la crise du logement et de sa difficulté à trouver quoique ce soit d’abordable et de salubre. Thierry propose donc d’écrire que la solution serait de bâtir plus de logements sociaux et l’homme est d’accord avec cette idée. Il nous parle aussi d’un événement récent où des gens occupaient l’espace sur le long de la rue Notre-Dame dans des tentes, faute de refuge. Le campement était toléré jusqu’à ce que tout le monde soit tassé par les autorités. Il suggère aux campeurs d’accrocher une banderole devant leur terrain afin de rendre leur geste et leur lutte plus explicite et de la légitimer. Thierry et moi trouvons que c’est une excellente idée!

Au même moment, je parle avec une autre personne qui arrive avec beaucoup d’enthousiasme. Lui, il veut de la bouffe pour tous! Il propose la création de plus de banques alimentaires et d’encourager les restaurants et les gens à moins gaspiller de nourriture et à donner plus aux banques. J’accroche par la suite ses idées dans l’arbre derrière nous.

                 

Puisque nous n’avions plus de bouteilles d’eau, que le soleil sortait et qu’il commençait à faire très chaud, je suis allée en acheter au supermarché à côté du métro.

En revenant, un homme s’approche timidement et nous le saluons. Une fois qu’il a su ce que nous faisions, il en avait beaucoup à dire. Il nous parle de la paix intérieure et de comment les gens ne sont pas à l’écoute des autres, mais aussi d’eux-même. À la fin de notre conversation, il nous remercie et avoue que ça lui a fait beaucoup de bien de se vider le coeur. Je tente de résumer ses pensées en deux phrases et je les accroche dans l’arbre.

Dix minutes plus tard, l’homme avec qui nous parlions de la crise du logement revient avec un article de journal de la veille sur l’événement en question. Il semble vraiment outré par l’expulsion du campement et nous sommes tous les trois d’accord qu’il s’agit d’une décision complètement illogique, car ces gens n’ont nul part d’autre où aller et leur situation est encore plus difficile depuis la pandémie. En faisant ceci, on ne fait que réprimer une fois de plus ceux et celles qui ont le plus besoin d’aide. Après une discussion d’une dizaine de minutes, il nous remercie et nous dit « lâchez pas, j’aime vraiment ça ce que vous faites. »

Il est temps de partir, alors on range le matériel et on désinfecte le tout une dernière fois. En marchant vers la van et sur le chemin du retour, Thierry et moi parlons des réactions des participant.es. Nous savons qu’au moins trois ont aimé notre atelier et nous ont directement remercié et plusieurs semblaient vraiment content.es de nous voir. J’espère que cette activité a pu leur apporter un moment de réflexion, mais aussi un petit temps de repos, voire de distraction dans leur journée.

 

*Les noms utilisés dans le texte sont fictifs et ont été changés pour préserver l’anonymat.

Toutes les photos de l'article sont l'oeuvre de l'autrice, Maude Blanchet Léger.

idAction mobile: The tree of solutions

On Friday, July 31, I arrive at around 11:45 am at the office and I go upstairs to join Thierry, with whom I was happy to spend the afternoon, since the last work workshop that I attended with him went very well. He explains to me the idea he had for today’s activity; we could cut out squares of canvas where people could write on one side a problem we have in our society and a solution to that problem on the other side. We would then hang the two pieces of canvas on the branches of a tree that is found in their living environment, thus decorating their living space in an ephemeral way. Cool! We cut the canvas and collect all the material to get to the van. Before heading to the park, we stop at the supermarket to buy some rope and more pencils and voila, we are ready!

Arriving at Martin Luther-King Park, I realize that we will probably not run out of participants. I don’t know anything about this neighborhood and I am a little surprised to see so many homeless people.

It is cloudy with bursts of sun; it’s the perfect temperature for an outdoor workshop. We start to take the equipment out of the van and right away someone comes to talk to us. She asks us if we have food, no, but we’re organizing a workshop, we give her a bottle of water and a mask. She asks us what we are doing and we explain to her that we are here to reflect on society with people and we talk to her about the workshop. She advises us not to stay on this side of the park, because it's too sad to see all of this and she suggests that we go to the other side where it's more family-friendly. Thierry tells her we're going to start here anyway, try this side first, because we think these people have important things to say too.

We set up the table and I put up the Tree of solutions sign and a food van arrives: everyone helps themselves. Once installed, a man comes immediately towards us and tells us a bit about his life and makes jokes. He has lived in several countries and is from Thailand. He says "moi pas québécois, moé québécoué", slapping himself on the chest and laughing and we laugh with him. His other favorite joke is that the rent here is free. Thierry and I explain the workshop to him, but he gasps and pulls back when asked if he wants to write something. He is probably not used to being asked for his opinion and although he does have a lot to say, he doesn't want to participate. Nonetheless, he stays with us throughout our presence in the park.

Right in front of the park is a community cafeteria. A woman who works there comes to talk to us, she seems to know a lot of people around here. Another man, Bruno*, already knows Exeko and he remembers Dukakis who came last week. He wants to participate in the workshop, but asks Thierry to write down his ideas for him. He expresses that according to him, the problem here (waving his hand towards the whole park) is that there is too much crack, but that the police do not take the right actions and penalizes the people instead of going to the root of the problem. Bruno also tells us that the authorities have banned access to the bathrooms in the park due to the pandemic, so the people who live in the park have nowhere else to go than in the water fountains made for children in order to wash themselves. He then suggests that we need to make more basic facilities accessible to homeless people.

Another person wishes to participate; she brings pencils and settles on the grass to write next to her son who is eating mcdonalds. She writes that children and families do not feel welcome in some areas of the park and that this park should be made a place for everyone. She then asks Thierry to hang her creation in the tree for her.

    

Meanwhile, the water bottles are almost all gone and the tree is now nicely decorated. Before leaving, Bruno thanks us with a big smile and asks us if we will be back soon. While we are packing the equipment into the van, a young man stops, wondering what we are doing and what our mission is. He is doing volunteering in the cafeteria across the street and would like to do more. He seems really interested and says that he will contact Exeko. We drive towards metro Parc and when leaving, Bruno blows us kisses.

When we get to the metro Parc, I notice a gathering of people, more numerous this time. The water bottles and masks run out even faster, but a few people stay to talk to us.

A man speaks out on the housing crisis and how it’s difficulty for him to find anything affordable and sanitary. Thierry therefore proposes to write that the solution would be to build more social housing and the man agrees with this idea. He also tells us about a recent event where people occupied the space along Notre-Dame Street in tents, because of a lack of shelter. The campement was tolerated until they were evacuated by the authorities. He suggests that the campers could hang a banner in front of their site in order to make their gesture and their situation more explicit and to legitimize it. Thierry and I think this is a great idea! As he leaves, he thanks us and says "keep it going, I really like what you do. "

At the same time, another person arrives with great enthusiasm and I start speaking with him. He wants food for everyone! He proposes to create more food banks and to encourage restaurants and people to waste less food and to donate more to those banks. I then hang his ideas in the tree behind us.

 

 

Since we had run out of water bottles, the sun was coming out and it was getting very hot, I went to buy some more from the supermarket next to the metro.

Coming back, a man approaches timidly and we greet him. Once he found out what we were doing, he had a lot to say. He tells us about inner peace and how people are not listening to others, but also to themselves. At the end of our conversation, he thanks us and admits that it did him a lot of good to talk with us. I try to sum up his thoughts in two sentences and hang them in the tree.

Ten minutes later, the man we were talking to about the housing crisis returns with a newspaper article from the day before about the event. He seems genuinely outraged by the expulsion of the campers and the three of us all agree that this is a completely illogical decision, as these people have nowhere else to go and their situation is even more difficult since the pandemic. By doing this, we only repress once again those who need help the most.

 

It is now time to go, so we put the equipment away and disinfect it one last time. Walking towards the van and on the way back, Thierry and I talk about the reactions of the participants. We know that at least three people liked our workshop and thanked us personally and several seemed really happy to see us. I hope this activity gave them a moment of reflection, but also a little time to rest, or even a small distraction in their day.

 

*Names in the text have been changed in order to keep anonymity.

Every pictures are credited to the author, Maude Blanchet-Léger.  

Pages

 

 

En ce mois national de l'histoire autochtone, Exeko souhaite contribuer à faire connaître l’histoire des...

On cherche un.e étudiant.e collégial en analyse de données et en gestion de l’information qui a le souci du détail, qui voudrait développer son...

Nous recherchons une personne afin d'offrir un soutien à la coordination de la gestion administrative et les membres de l’organisation....

Nous recherchons une personne afin d’assurer le développement, la planification, le déploiement et le suivi de nos projets de médiation et...

  • « Je ne suis que la courroie de transmission, je ne fais que retranscrire ce que les gens m'ont donné dans la rue. »

    Stéphane Dionne, artiste co-créateur pour métissage urbain

  • « Faire confiance et donner aux jeunes autochtones marginalisés le pouvoir de se faire comprendre et entendre…  »

    Nadia Duguay, directrice du projet

  • « On y apprend, entre autres que même si nous ne sommes qu'une infinitésimale partie de la planète, nous ne sommes pas insignifiants, on peut faire quelque chose, on peut comprendre quel peut y être notre rôle. »

    Participant en milieu carcéral

  • « Les discussions sur les sujets amenés durant les ateliers sont positives et intéressantes, l’animateur réussit à ouvrir des débats, à allumer les esprits sur des sujets importants. »

    Johanne Cooper, directrice générale, La Maison Tangente

  • « Les ateliers idAction m'ont permis de me voir autrement de celle que j'aurais du être. Et je vais le devenir.  »

    Sophie Poucachiche, participante

  • « Tel un arbre, à chaque fois que quelqu'un apprend et transmet quelque chose, y en a un autre en arrière qui va grandir »

    Jimmy, participant

  • « On a besoin de tout le monde; si on a juste des ingénieurs et des architectes, on va manger quoi? Des plans et des schémas?" »

    Tony, participant idAction

  • « Y'en a qui ont la soif du pouvoir, ben moi c'est la soif du savoir »

    Jo, participant idAction

  • « C'est un excellent programme qui permet aux enfants de connaître leurs traditions et d'accroître leurs interactions avec les aînés dans la communauté. »

    Erika Eagle, Assistante en développement social, Grandir Ensemble Waswanipi

  • « Notre objectif : Tisser des liens solides avec les communautés, travailler main dans la main, apporter notre pierre à l'édifice, et transmettre le plus que nous pouvons, en espérant que, dans l'avenir, notre programme n'ait plus sa raison d'être. »

    François-Xavier Michaux, directeur du programme

  • « On a appris à affronter nos peurs. »

    Cynthia, participante Trickster

  • « La formule ; des ateliers quasi « intensifs », pour arriver à un résultat concret en seulement 2 semaines. Une réussite dont les élèves se rappelleront toute leur vie! »

    Marie-Ève Gagnon, professeure d’Art, à propos de Trickster

  • « Collaborer avec l’équipe de Exeko a clairement amélioré la portée de nos projets. Par leur vision de la mixité et de la médiation culturelle, Exeko s’est démarqué dans leur façon de faire valoir l’intégration des personnes vivant avec une déficience intellectuelle. »

    Nadia Bastien, directrice générale AMDI

  • « Ça fait longtemps que j’ai pas été dans un évènement qui m’ai apporté autant de bonheur. »

    Un visiteur, D'un oeil différent 2013

  • « Quelle belle exposition ! Ça nous a fait rêver un peu ! J’ai appris que y’a beaucoup de personnes qui peuvent faire des œuvres magnifiques, différentes, ça nous a fait rêver »

    Un visiteur, D'un oeil différent 2013

  • « Comment te sens tu quand tu vois ta toile accrochée à un mur? Bien en dedans, c'est le fun »

    Dan, exposant à D'un oeil différent 2013

  • « Pourquoi t'aime ça peindre? J'aime ça Parce que personne peut m'enlever ça dans la tête. »

    Diane, exposante à D'un oeil différent 2013

  • « Son but? Développer le raisonnement, la pensée critique, la logique, et augmenter la participation citoyenne de ces groupes marginalisés. »

    Caroline Monpetit, Le Devoir

  • « Les gens ne pensent pas à me donner des livres alors que j'aime tellement lire! »

    Elie, participante

  • « Je m'aperçois qu'il y a beaucoup de personnes qui travaillent à faire changer les choses et les attitudes, cela me donne un peu plus confiance dans l'avenir. »

    Participant en milieu carcéral

  • « Cet espace de savoir, nourrissant l’esprit et la créativité, ainsi que l’ouverture qu’offre idAction sont tout à votre honneur. »

    Louise Chabot, Présidente CSQ

  • « J'ai appris que 80% des richesses de la planète sont détenues et gaspillées par 20% de celles-ci, [...] qu'un rire est universel et qu'il met un baume sur les souffrances de quiconque, [...] qu'il y a des gens qui souffrent et que je peux à ma manière les aider. »

    Participant en milieu carcéral

  • « La caravane d’Exeko, qui distribue des livres, des cahiers et des crayons aux itinérants de Montréal, et plus particulièrement aux itinérants autochtones, sillonne les rues de Montréal, pour faire jaillir la participation culturelle de ces exclus de la société. Avec des résultats franchement étonnants. »

    Caroline Monpetit, Journaliste, Le Devoir

  • « Vous donnez le goût aux gens d'avoir des idées... »

    Participant, idAction Mobile

  • «  Pourquoi ne restez-vous pas ici pour toujours ? »

    Nathaniel, participant, Trickster

  • « Depuis que vous êtes là, les jeunes rient, et il y en a même qu’on n'avais jamais vu sourire qui sourient maintenant. »

    Directrice d'une école partenaire

  • « Es-tu un artiste? -Oui - Pourquoi? - Parce que j'aime »

    Gilles Grégoire, artiste, en réponse à notre médiatrice

  • « On a notre style, notre marque de commerce. On fait les choses différemment des autres. »

    Guillaume Lapierre, artiste exposant à D'un oeil différent 2013

  • « J’ai dessiné en t’écoutant, comme écouté de la musique. J’ai adoré. Je suis passée par beaucoup de stades, comme ton histoire. »

    Soufia Bensaïd à Edon Descollines, duo d'artistes Tandem Créatif 2013

  • « Exeko met en place des solutions créatives à différentes problématiques, donne une voix aux sans voix et de l'espoir aux plus démunis. »

    Bulletin des YMCA

  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses

  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil ! »

    Hélène-Elise Blais, les Muses

  • « L'art a l'avantage de permettre [de] parler [de déficience intellectuelle] en termes de capacité plutôt que de limitation. »

    Delphine Ragon, Directrice des programmes communautaires aux Compagnons de Montréal

  • « On voit [...]depuis quelques années plus de productions de grande qualité avec des personnes ayant une déficience intellectuelle qui sont des artistes à part entière. »

    Julie Laloire, Agente de sensibilisation à l'AMDI

  • « C'était un moment inoubliable : je suis tellement reconnaissant... »

    Larry, participant

  • « Merci de parler avec moi! Aujourd'hui je me sentais complètement seule, personne ne me parlait. »

    Eva, participante

  • « Nous sommes vraiment heureux de conjuguer nos actions à celles d'Exeko; nous avons ainsi l'assurance que la jeunesse autochtone en bénéficiera de façon significative.»
    Marie-Josée Coutu, Présidente de la Fondation Marcelle et Jean Coutu
  • « J'ai toujours été imprégnée du désir de justice sociale et je croyais ne pas avoir de préjugés...mais je dois dire que mon expérience chez Exeko a transformé ma vision des personnes en marge.»
    Muriel Kearney, bénévole depuis septembre 2015
  • « Je ne suis que la courroie de transmission, je ne fais que retranscrire ce que les gens m'ont donné dans la rue.»
    Stéphane Dionne, artiste co-créateur pour métissage urbain
  • « I don't know everything, but while reading it, it always bring me one step closer»
    A participant, idAction Mobile
  • « Pourquoi t'aime ça peindre? J'aime ça Parce que personne peut m'enlever ça dans la tête.»
    Diane, exposante à D'un oeil différent 2013
  • « Comment te sens tu quand tu vois ta toile accrochée à un mur? Bien en dedans, c'est le fun»
    Dan, exposant à D'un oeil différent 2013
  • « Quelle belle exposition ! Ça nous a fait rêver un peu ! J’ai appris que y’a beaucoup de personnes qui peuvent faire des œuvres magnifiques, différentes, ça nous a fait rêver»
    Un visiteur, D'un oeil différent 2013
  • « Ça fait longtemps que j’ai pas été dans un évènement qui m’ai apporté autant de bonheur.»
    Un visiteur, D'un oeil différent 2013
  • « Collaborer avec l’équipe de Exeko a clairement amélioré la portée de nos projets. Par leur vision de la mixité et de la médiation culturelle, Exeko s’est démarqué dans leur façon de faire valoir l’intégration des personnes vivant avec une déficience intellectuelle.»
    Nadia Bastien, directrice générale AMDI
  • « La formule ; des ateliers quasi « intensifs », pour arriver à un résultat concret en seulement 2 semaines. Une réussite dont les élèves se rappelleront toute leur vie!»
    Marie-Ève Gagnon, professeure d’Art, à propos de Trickster
  • « On a appris à affronter nos peurs.»
    Cynthia, participante Trickster
  • « Notre objectif : Tisser des liens solides avec les communautés, travailler main dans la main, apporter notre pierre à l'édifice, et transmettre le plus que nous pouvons, en espérant que, dans l'avenir, notre programme n'ait plus sa raison d'être.»
    François-Xavier Michaux, directeur du programme
  • « C'est un excellent programme qui permet aux enfants de connaître leurs traditions et d'accroître leurs interactions avec les aînés dans la communauté.»
    Erika Eagle, Assistante en développement social, Grandir Ensemble Waswanipi
  • « Y'en a qui ont la soif du pouvoir, ben moi c'est la soif du savoir»
    Jo, participant idAction
  • « On a besoin de tout le monde; si on a juste des ingénieurs et des architectes, on va manger quoi? Des plans et des schémas?"»
    Tony, participant idAction
  • « Tel un arbre, à chaque fois que quelqu'un apprend et transmet quelque chose, y en a un autre en arrière qui va grandir»
    Jimmy, participant
  • « Les ateliers idAction m'ont permis de me voir autrement de celle que j'aurais du être. Et je vais le devenir. »
    Sophie Poucachiche, participante
  • « Les discussions sur les sujets amenés durant les ateliers sont positives et intéressantes, l’animateur réussit à ouvrir des débats, à allumer les esprits sur des sujets importants.»
    Johanne Cooper, directrice générale, La Maison Tangente
  • « On y apprend, entre autres que même si nous ne sommes qu'une infinitésimale partie de la planète, nous ne sommes pas insignifiants, on peut faire quelque chose, on peut comprendre quel peut y être notre rôle.»
    Participant en milieu carcéral
  • « Faire confiance et donner aux jeunes autochtones marginalisés le pouvoir de se faire comprendre et entendre… »
    Nadia Duguay, directrice du projet
  • « Son but? Développer le raisonnement, la pensée critique, la logique, et augmenter la participation citoyenne de ces groupes marginalisés.»
    Caroline Monpetit, Le Devoir
  • « Les gens ne pensent pas à me donner des livres alors que j'aime tellement lire!»
    Elie, participante
  • « Merci de parler avec moi! Aujourd'hui je me sentais complètement seule, personne ne me parlait.»
    Eva, participante
  • « C'était un moment inoubliable : je suis tellement reconnaissant...»
    Larry, participant
  • « On voit [...]depuis quelques années plus de productions de grande qualité avec des personnes ayant une déficience intellectuelle qui sont des artistes à part entière.»
    Julie Laloire, Agente de sensibilisation à l'AMDI
  • « L'art a l'avantage de permettre [de] parler [de déficience intellectuelle] en termes de capacité plutôt que de limitation.»
    Delphine Ragon, Directrice des programmes communautaires aux Compagnons de Montréal
  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil !»
    Hélène-Elise Blais, les Muses
  • « C'est terrible pour une société d'ignorer des gens avec un talent pareil!»
    Hélène-Elise Blais, les Muses
  • « Exeko met en place des solutions créatives à différentes problématiques, donne une voix aux sans voix et de l'espoir aux plus démunis.»
    Bulletin des YMCA
  • « J’ai dessiné en t’écoutant, comme écouté de la musique. J’ai adoré. Je suis passée par beaucoup de stades, comme ton histoire.»
    Soufia Bensaïd à Edon Descollines, duo d'artistes Tandem Créatif 2013
  • « On a notre style, notre marque de commerce. On fait les choses différemment des autres.»
    Guillaume Lapierre, artiste exposant à D'un oeil différent 2013
  • « Es-tu un artiste? -Oui - Pourquoi? - Parce que j'aime»
    Gilles Grégoire, artiste, en réponse à notre médiatrice
  • « Depuis que vous êtes là, les jeunes rient, et il y en a même qu’on n'avais jamais vu sourire qui sourient maintenant.»
    Directrice d'une école partenaire
  • « Pourquoi ne restez-vous pas ici pour toujours ?»
    Nathaniel, participant, Trickster
  • « Vous donnez le goût aux gens d'avoir des idées...»
    Participant, idAction Mobile
  • « La caravane d’Exeko, qui distribue des livres, des cahiers et des crayons aux itinérants de Montréal, et plus particulièrement aux itinérants autochtones, sillonne les rues de Montréal, pour faire jaillir la participation culturelle de ces exclus de la société. Avec des résultats franchement étonnants.»
    Caroline Monpetit, Journaliste, Le Devoir
  • « J'ai appris que 80% des richesses de la planète sont détenues et gaspillées par 20% de celles-ci, [...] qu'un rire est universel et qu'il met un baume sur les souffrances de quiconque, [...] qu'il y a des gens qui souffrent et que je peux à ma manière les aider.»
    Participant en milieu carcéral
  • « Cet espace de savoir, nourrissant l’esprit et la créativité, ainsi que l’ouverture qu’offre idAction sont tout à votre honneur.»
    Louise Chabot, Présidente CSQ
  • « Je m'aperçois qu'il y a beaucoup de personnes qui travaillent à faire changer les choses et les attitudes, cela me donne un peu plus confiance dans l'avenir.»
    Participant en milieu carcéral