Ce dimanche se terminait majestueusement la 8ème édition de D'un oeil différent, et la gaieté ambiante à l'Écomusée du fier monde était teintée d'une petite pointe de nostalgie déjà tangible.
Comme chaque année depuis 5 ans, Couleurs et brioches invitait artistes avec et sans déficience intellectuelle ou trouble envahissant du développement à travailler ensemble pour réaliser une œuvre collective en direct, sous le thème « Lumière, ombre et transparence ».
13h30, je mets les pieds dans un musée où raisonne la voix de Geneviève Guilbault, co-organisatrice de l'évènement, qui lance officiellement le début de la création.
Sont présents et à l'oeuvre les ateliers les Rambrouill’arts de la Gang à Rambrou, les ateliers Pie IX du CRDITED de Montréal et Le Parrainage civique Les Marronniers, réunis à l'Écomusée pour les 3 dernières heures de résidence de l'édition 2013 de D'un oeil différent.
Artiste à l'oeuvre (c) Maïlis Burgaud
Je croise le regard de Guillaume Lapierre et James Pierre, nos deux portraitistes déjà acclamés au Forum du jeudi précédent, artistes habitués des murs de l'Écomusée du fier monde, qui me saluent tout sourire, armés l'un d'un pot de peinture, l'autre d'une série de pinceaux de toutes tailles et de reste de plastique qui vont reprendre vie entre ses mains d'artiste.
Création en cours (c) Maïlis Burgaud
Jani, assistante de projet et médiatrice Art et déficience intellectuelle pour Exeko, annonce la prochaine visite guidée. Artistes et visiteurs, avec et sans déficience intellectuelle se pressent à l'entrée du musée pour ne rien rater.
Niche Tandem Créatif, Jani invite Fred et Gianni, qui collaborent depuis plus d'un an maintenant, à présenter leur oeuvre, une fusion de masques modelés sur leurs visages respectifs.
"Je me suis inspiré de Dark Vador pour cette oeuvre" lance Gianni qui a initié la démarche artistique pour cette création.
Edon, artiste exposant à D'un oeil différent et également membre d'un Tandem, caméra au point , joue au journaliste: "Quel procédé avez-vous utilisé pour le moulage? Pourquoi ce masque est-il verni? Pourquoi une telle superposition?"...un sérieux digne du Musée d'Art Contemporain auquel Fred et Gianni font face avec un professionnalisme sans faille.
Un "Êtes-vous maintenant passés du côté obscur de la force?" fait éclater rires et répliques Jedi parmi nous, et je me rends compte à quel point cette visite, vulgarisée par soucis d'inclusion et d'accessibilité, est un pur moment de plaisir aussi drôle qu'éducatif (ma meilleure visite guidée ???).
Gianni et Fred montre leur co-création à des visiteurs (c) Maïlis Burgaud
Louis, artiste exposant, m'invite à découvrir La Marquise, son oeuvre vendue 2 jours plus tôt (comme 1/3 des oeuvres en vente pour l'exposition) et me souffle admiratif:
"Connais-tu Gilles Gregoire?"
- Oui.
- Tu sais qu'il travaille avec nous? C'est un véritable artiste peintre, il fait tous les ateliers qu'il peut !"
Le fameux Gilles, qui était 2 jours plus tôt en photo en demi-page dans le 24H ? Oui je le connais.
Gilles Gregoire dans le 24H
Alors que nous ne voyons pas le temps passé entre les descriptions des tableaux des uns et des autres, le questionnement sur l'éthique du photographe, les discussions plus intimes sur l'amour avec Manon qui me rappelle à quel point c'est bon d'avoir des amis, Geneviève appelle les artistes à contempler leur oeuvre finale et à lui trouver un nom.
"Roméo et Juliette", "Le Clown ", "Juliette mange des jujubes", "Pamela"... les idées fusent, pour ne garder que la proposition la plus poétique, choisit par vote démocratique à main levée: "Un Printemps retardé".
L'équipe d'artistes leur Printemps retardé (c) Maïlis Burgaud
Au fond du musée - pour cette finale toute spéciale, deux photographes se sont joints à l'équipe pour immortaliser nos artistes. Jonathan Racine et François Sibold, appareil photo à soufflet digne d'une époque révolue où l'argentique régné en seigneur et maître, ont capté, clichés après clichés, les visages des poètes, peintres, sculpteurs présents ce jour là, qui auront fait la fierté de D'un oeil différent en 2013.
Photographe au travail (c) Maïlis Burgaud